Féline conversation.

Pelote : Salut Kapok ! Comment vas-tu ?

Kapok : Oh, ça va… Je m’adonne toujours à mon sport favori…

P : Ah oui, tu observes les humains !

K : Ils sont trop marrants ! En plus, dans une famille il y en a toujours un pour faire une bêtise !

P : Veinard ! Moi, avec ma petite grand-mère, je suis un peu trop tranquille…

K : On échange ? Remarque, ils m’amusent beaucoup ces humains ! La seule chose qui me dérange, c’est la salle de bains…

P : Pourquoi ? C’est tranquille, ma petite grand-mère a une grande cabine, donc je suis au sec.

K : Non non, les miens ont une vasque… Ça m’intrigue, et quand ils sont dedans, ils m’envoient de l’eau, c’est très désagréable !

P : Oh, toi, tu dois faire partie des petits jeunes qui allaient dans la vasque pour voir à quoi ça servait !

K : Groumpf !

P : Tu me fais rire, Kapok !

K : Eh bien pas moi ! Ces imbéciles d’humains ont mis ma litière dans LEUR salle de bains !

P : Oui, ils n’ont rien compris… Qu’est-ce que tu veux, c’est limité un humain… Il faut tout leur apprendre.

K : A qui le dis-tu ! Et en plus, il y a des enfants… franchement, on échange ?

P : Non ! Moi non plus je n’aime pas l’eau ! Et tes croquettes, elles sont comment ?

K : Bof… Passables. Je préfère demander autre chose. Un morceau de poulet, un bon fromage…

P : Hum !

K : Oui Pelote ?!

P : J’ai même du mou… des terrines de poisson… Et tu voudrais qu’on échange nos humains !

K : Je vois ! Monsieur Pelote est trop bien habitué !

P : Oui… C’est ce que disent les petits-enfants de ma petite vieille… En plus, elle m’adore, et j’adore tricoter avec elle, ça aussi ça l’amuse ! Mais ne te vexes pas, Kapok !

K : Bin voyons !

P : Tu dois bien avoir des compensations, non ?

K : Oui, quatre fois plus de câlins… En biaisant, je peux avoir plus de bonne nourriture… Je dois reconnaître que je fais du lard, je ne suis plus  aussi sportif…

P : Moi, pareil… Mais tu sors quand même, comme moi, sinon on ne se serait pas rencontré…

K : Oui, ça faisait un moment que je ne t’avais pas vu.

P : On devrait se voir plus souvent. Ma maîtresse ne voit pas grand-monde, et elle est âgée… Peut-être que je vais devoir changer d’humains…

K : Tu serais le bienvenu à la maison, ça t’éviterait de passer une annonce dans la Félipresse…

P : Tiens ? C’est une bonne idée. Je t’apprécie beaucoup, Kapok, tu sais. En s’y mettant à deux, on pourrait peut-être élever les humains.

K : Là, tu rêves, mon vieux… Même les parents sont mal élevés… Et tu voudrais, toi, avoir la litière près de la vasque ?

P : Tu ne sais pas t’y prendre…

K : Et qu’est-ce que tu ferais, à ma place ?

P : Je chierais dans la vasque !

K : Il ferait beau voir !

P : Tu as une autre idée ?

K : Non. Pouh ! Dur dur, la vie de chat…

P : Ils ont un coin d’herbe, tes humains ?

K : Oui, une sorte de petite cour. Quand je le sens, comme aujourd’hui, je saute par-dessus le muret.

P : Alors tu es encore leste !

K : Il faut bien s’entretenir. Et puis là, je n’ai pas trop mangé de croquettes. Faut faire attention, hein !

P : Oh, moi, je m’encroute… Mais tu as raison. Pour en revenir à ton problème… tu fais dans les plantes vertes, ça leur fait de l’humus, tout le monde y gagne.

K : Oh ! Merci Pelote ! Je préfère me geler les coussinets dehors, que d’être dérangé par un gamin qui joue avec l’eau !

P : Mais enfin, qu’est-ce qu’ils font, dans cette vasque ?

K : Ça dépend. Le pire, c’est quand les adultes mettent de la mousse dans leur eau. Alors ça, c’est terrible ! Et en plus, ils prétendent que ça leur fait du bien !

P : Tu m’intrigues…

K : C’est bête, un humain, Pelote, tu sais. Et que je te passe de la flotte sous les pattes, entre les orteils, que je mette de la mousse sur les poils… En plus, quand la femelle lave ses petits, il vaut mieux ne pas avoir une envie pressante ! La salle de bains est un terrain miné !

P : Là, tu m’inquiètes… Pourvu que ma petite grand-mère reste vivante encore un moment, ça m’évitera ce genre de déconvenue…

K : Combien de temps ça vit, un humain ?

P : Je ne sais pas… Mais beaucoup plus que nous. Un humain doit avoir bien quatre ou  cinq vies de chat. Consulte donc la Félipresse…

K : Dis-moi juste s’ils comprennent avec l’âge…

P : Certains.

K : Non, parce que les miens, si je veux les élever, il faut se lever tôt le matin… et ce n’est pas mon genre !

P : Mais il y a quelque chose qui ne colle pas, dans ce que tu me dis, Kapok.

K : Vas-y.

P : Tu dis qu’ils mettent de la mousse dans leur eau et que ça leur fait du bien, alors que nous, nous sommes justement là pour leur faire du bien !

K : Mais c’est bien la preuve qu’ils n’ont rien compris, tout simplement ! Quant à moi, il est hors de question que je saute dans la vasque pour les empêcher d’y aller, et faire mon boulot ! L’abnégation a ses limites !

P : Tu n’aimes vraiment pas l’eau !

K : Tu connais beaucoup de chats qui aiment l’eau, toi ?!

P : Pardon, j’ai dit une bêtise.

K : Ça arrive à tout le monde. En tout cas, merci pour le conseil de faire dans les plantes vertes. Je te dirai ce qu’il en est, si tu veux.

P : Volontiers. Tu m’accompagnes dans la sieste ?

K : Hu-um… Mes yeux se ferment tous seuls…

P : Moi aussi. Bonne sieste, Kapok.

K : Toi aussi, mon cher Pelote. Je… hum ! Rrrrron…

© Claire M. 2014