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l'imagination au pouvoir
19 avril 2018

pour tous ceux qui ne sont pas (déjà) à la plage

Ballet aquatique .

 

-          Que se passe-t-il cap…

Le second ne put achever, manquant passer par-dessus bord. Un des pêcheurs le rattrapa à temps, mais l’espace d’un instant, il put apercevoir une grande masse informe, qu’il ne sut identifier. Le capitaine tenta de virer de bord, mais le chenal était un peu étroit pour lui, et on n’était pas encore à la hauteur des phares signalant l’entrée du port. Sur les quais, les touristes formaient des grappes de plus en plus épaisses. Il y avait quelque chose d’inhabituel dans le chenal de Capbreton, mais personne ne voyait quoi.

-          Il faut pourtant que nous franchissions la passe, fit le second après avoir repris ses esprits.

-          J’aimerais bien vous y voir ! lui répondit le capitaine. Avez-vous vu quelque chose ?

-          Quelque chose, oui, je crois, mais je serai bien en peine de vous dire quoi, grommela le second.

-          Il faut faire vite, capitaine ! D’autres bateaux vont arriver ! Après, ça va bouchonner !

Le second se retourna, tenta d’apprécier la situation. En effet, comme c’était l’heure de la marée, tous les pêcheurs en profitaient. Sur les bords du chenal, il y avait aussi de plus en plus de cannes à pêche. Et comme le ciel était plutôt gris ce jour-là, les gens préféraient déambuler le long du chenal, plutôt que d’aller sur les plages de Capbreton ou d’Hossegor. Tout à coup, le second s’avisa que des enfants tendaient leurs doigts vers quelque chose qui se trouvait près d’eux. Il regarda aussi : une tête énorme émergeait. Un être, un monstre qui lança un tonitruant « hello ! » De saisissement, à bord tous sursautèrent, et les parents, sur les quais, tirèrent leurs enfants vers eux. Mais ces derniers étaient ravis.

-          Il y a un monstre dans le canal !

-          Pourvu qu’il ne bouche pas le port comme  à Marseille ! s’écria un plaisantin.

Le cou de la bête s’allongea.

-          Hello everybody ![1]

-          Qui parle ? ronchonna un pêcheur.

La tête, ronde et aux grands yeux globuleux, se trouva près de lui, et il sursauta.

-          It’s me ![2]

-          Pardon, je ne comprends pas.

Le capitaine n’en revenait pas mais, en bon gascon, n’entendait pas un mot d’anglais. Le second se mit à claquer des dents.

-          Ne soyez pas ridicule, lui dit le capitaine, puis il se tourna vers la bête. Si vous aviez l’obligeance de nous laisser passer… Nous ne vous voulons aucun mal, à vous, mais il faut absolument que nous allions en mer.

Et il fit un geste pour indiquer le large. L’animal comprit, plongea, et tous les bateaux purent passer.

-          Ça, pour une hallucination collective, c’en est une gratinée, conclut un père de famille une fois le chenal refermé sur le monstre.

 

-          Mais comment je vais faire ? Je ne comprends qu’à peine leur langue ! gémit le monstre en se dirigeant vers le fond marin. Et il n’y a donc pas de fond, ici ?

En effet, il n’apercevait pas le fond de l’océan, ni même celui du chenal. Par chance, la marée montait encore pour une heure, et le poussait vers le port. Mais le monstre venait de très loin, et ne comprenait rien à ce courant, entre les deux parois du chenal. Il eut un soupir qui se matérialisa sous forme de bulles, puis attrapa un poisson qui avait le malheur de passer par là.

-          Que ceux-ci sont salés !

Et il recracha une grosse arête. Encore des bulles. Il aurait aimé pouvoir s’asseoir au fond, et profiter enfin de sa vie. Cette arrivée en Aquitaine le décevait quelque peu. A force de soupirer, et d’ainsi faire des bulles, il vit arriver une jolie sirène, aux très longs cheveux bruns, jusqu’à la queue, elle aussi longue et fine, couleur de l’océan. Il en eut une bulle d’exclamation. La sirène s’en amusa. 

-          Jamais je n’ai vu un être tel que vous ! fit-elle en langage marin.

-          I beg your pardon ?[3]

-          Ah, vous parlez anglais ! Pas de problème !

Et la conversation se fit dans cette langue.

-          D’où venez-vous, si vous ne connaissez pas le langage marin ?

-          Je suis un monstre d’eau douce. Je viens des lochs écossais, et on m’appelle Nessie. Et vous ?

-          Oh, je suis un pur produit aquitain ! s’amusa encore la sirène. Je m’appelle Maylis.

-          Je suis enchanté de faire votre connaissance.

Et Nessie avança une patte palmée vers la main droite de Maylis, qui éclata de rire, mais lui accorda ce shake hand visqueux.

-          Est-ce que vos semblables sont aussi drôles que vous ?

-          Je n’ai pas de semblable. Et quand je faisais le pitre dans mon loch, on me voyait à peine. Je ne suis qu’une légende, Maylis.

-          Oh ! Mais moi aussi. La différence, c’est que j’ai des sœurs… enfin, si je puis dire. Et c’est pour cela que vous avez quitté l’Ecosse ?

-          Oui. Il y a le Commonwealth, maintenant le Brexit, mon pays va à vau-l’eau… J’ai espéré rencontrer quelqu’un dans les vieilles possessions britanniques…

-          Mais vous avez des siècles de retard ! L’Aquitaine est bel et bien française, à présent !

-          Comment, mais les Plantagenêt…

-          Cela fait au moins huit ou neuf siècles qu’ils sont morts ! Vous êtes en territoire français, Nessie. Et les Français sont très mauvais en langues étrangères. Surtout par ici.

-          Je l’avais remarqué.

Nessie se sentit mortifié. Tout ce chemin, des lochs d’Ecosse jusqu’en Aquitaine, pour rien ?! Il eut un énorme soupir.

-          Vous êtes triste ? Nostalgique ?

-          Si je pouvais sortir la tête hors de l’eau, je pense que je pleurerais un bon coup.

-          Aah… Vous pouvez aller soit au large, soit au lac d’Hossegor.

Une étincelle revint dans les yeux de Nessie.

-          Un lac ? Il y a un lac ici ?

-          Oui, le lac d’Hossegor. Mais c’est un lac salé.

-          Ça ne fait rien, je m’en accommoderai.

Nessie se sentait tout à coup rasséréné, à cette perspective.

-          Vous croyez que je pourrai m’y installer ?

-          Il faut voir avec les autres occupants. De plus, ce n’est pas un grand lac. Si vous voulez que je vous y emmène, dites-le moi tout de suite, car il faut en profiter tant que la marée est haute.

-          Quoi donc ?

-          Les lacs marins sont au même régime que l’Atlantique. Ils se remplissent avec les marées, puis se vident.

Nessie prit, à ces mots, toute la mesure de son ignorance, mais ne révéla pas sa pensée. En revanche, il fit :

-          Fort bien. Je demande à voir ce lac.

-          Vous étiez dans la bonne direction. Nous allons suivre le courant, il nous y mènera rapidement.

-          Cela veut dire que le lac n’est pas loin.

-          Non, en effet. Par contre, restons dans les profondeurs, c’est plus prudent pour nous deux.

-          Merci de vos conseils, Maylis.

Et Nessie se fit mener par la sirène, dont il admira la souplesse et la capacité à nager entre deux eaux. Ils progressaient rapidement, tant le courant était fort ce jour-là. Maylis l’emmena tout au bout du lac, au milieu des algues, qui firent comme une caresse aux deux monstres, alors qu’ils réapparaissaient à l’air libre. Nessie regarda tout autour de lui.

-          Que c’est beau ! Que sont ces très grands arbres ?

-          Des pins. Ils tonifient l’air.

-          Et je distingue des êtres humains, là-bas…

-          Ils ne vous gêneront pas. Ils détestent, pour la plupart, nager dans les algues. Par contre, évitez les plages, là-bas sur notre droite, vers le centre d’Hossegor. Les gens auraient peur.

-          Merci. Cet endroit me plaît beaucoup.

-          Vous n’avez plus  envie de pleurer ?

Nessie prit une grande goulée d’air.

-          Non. Que c’est bon ! Le climat devrait être plus agréable que là-bas, dans le nord de l’Atlantique…

Maylis sourit.

-          Vous ne croyez pas si bien dire ! Il peut faire très chaud, ici, surtout en cette saison. D’ailleurs, sentez-vous la température de l’eau ?

-          Oui. Elle est chaude. Ce lac sera mon petit sauna…

-          Vous verrez, il fait bon y vivre. La seule chose à craindre, ce sont les touristes. Il y a aussi quelquefois des plongeurs. Une fois, j’en ai sauvé deux…

-          S’il le faut, je peux me rendre invisible. Dans mon pays, cela les rendait fous ! Maintenant, ils sont moins crédules. Ils me rabaissent à une simple légende.

-          Je n’ai guère que la possibilité de me confondre avec les vagues. Mais j’évite les plages, surtout à la belle saison. Rien ne vaut les profondeurs de mon gouf !

-          Qu’est-ce qu’un gouf ? s’enquit Nessie.

-          C’est un genre d’immense fosse marine. Un canyon marin. J’ai créé celui-ci, celui de Capbreton, mais il y en a d’autres dans le monde, apparus plus… naturellement. Quoique c’est très naturel.

Nessie comprit d’un coup pourquoi il n’avait pu même apercevoir le fond de l’océan, si près des côtes. Il avait traversé l’Atlantique en contournant l’Irlande par le nord, puis avait fait un très long voyage, il savait donc ce qu’était le large. Mais un gouf à cet endroit ! Tous deux se mirent à parler de géographie, quand tout à coup, une tête énorme, rouge et blanche, brillante, aux yeux protubérants, apparut.

-          Régis ! s’exclama Maylis. Depuis le temps que nous ne nous étions vus !

-          Que fais-tu ici, Maylis ? Et qui est cet individu ?

-          Je te présente Nessie. Il vient de très loin, d’Ecosse, et voudrait s’installer ici.

-          Quoi ?! Mais il n’en est pas question !

Nessie le regarda, eut un gros soupir.

-          Nessie est adorable, et bien mieux éduqué que toi ! Parce que tu es un régalec, tu te prends pour un véritable roi ! Mon lac ! Il faut partager, Régis !

Les yeux du régalec lancèrent des éclairs.

-          Et pourquoi ne pourrais-je vivre ici tranquillement ? Je n’ai pas volé ma retraite, Maylis !

-          Oh, mais je vous ficherai la paix, si vous ne voulez pas me voir, fit humblement Nessie. En plus, je suis plus petit que vous… je ne vois même pas le bout de votre queue !

-          Je mesure huit mètres, dit orgueilleusement Régis. Et vous ?

-          Huit quoi ? Moi, je mesure douze pieds.

-          Vous vous fichez de moi, je suis un poisson, osseux certes, mais un poisson, et vous me parlez de pieds !

Maylis se mit à  rire.

-          Ne sois pas stupide, Régis. Moi je le vois, que tu es le plus grand des deux, mais on s’en fiche.

Régis donna un léger coup de tête à la sirène.

-          C’est toujours un plaisir, de bavarder avec toi, dit-il. Vous verrez, Nessie, les femelles sont terribles !

-          Je n’ai pas d’idées préconçues.

-          De quoi ? Bon, ça ne fait rien. On verra bien votre capacité à vous intégrer.

-          Déjà, vous parlez anglais, cela m’arrange, avoua Nessie. Je vous en remercie.

-          Oui, mais vous savez Nessie, si vous décidez de rester ici, je ne saurai trop vous recommander d’apprendre le langage marin. Et peut-être aussi le français, ajouta Maylis.

-          C’est tout à fait légitime, approuva-t-il. Soit.

-          A condition d’apprendre d’abord à vivre ici ! insista Régis. Qu’est-ce qui me dit que vous n’empiéterez pas sur mes plates-bandes ?! Que vous n’écraserez pas ma queue ?

-          Mais quelle mauvaise foi, Régis ! Tu es capable de te la couper !

-          Uniquement si ça m’arrange, et pour le moment c’est hors de question !

-          Excusez-le Nessie, c’est un vieux loup solitaire et susceptible…

-          Grumpf !

Et Régis plongea. Maylis éclata de rire. La dorsale rouge du régalec étincela dans le lac.

-          Ne l’écoutez pas. Je suis sûre que cela se passera très bien. Je vous laisse découvrir le lac ?

-          S’il vous plaît. Je voudrais surtout me rendre compte de la faune. Mais rassurez-moi : il n’y a d’autre habitant officiel du lac ?

-          Non, pas que je sache. De toute façon, Régis y veille…

-          Je n’avais encore jamais croisé de régalec…

-          Ah, il faut savoir les prendre. Ah, et dernière chose : si vous voulez aller en mer, sur le chemin, restez en profondeur. Méfiez-vous de la marée basse. Ici, elle est vraiment très basse.

Nessie cligna des yeux, se dit que la sirène devait parler du courant. Peu après, ils se séparèrent. Tout à coup, Nessie se rendit compte qu’il n’avait pas dormi depuis des heures, alors il plongea, s’allongea dans les algues et s’endormit aussitôt.

La faim le réveilla quelques heures plus tard, et alors il se souvint qu’il n’avait pas exploré le lac. Autour de lui, il voyait plus d’algues que de poissons, et il s’ébranla en direction du large, en passant, nécessairement, par le centre d’Hossegor, mais en profondeur, comme le lui avait conseillé Maylis. En outre, il se disait qu’il y trouverait probablement plus de nourriture. Il avançait lentement pour mieux voir, s’habituant de mieux en mieux à la présence du sel. Finalement, Nessie était plein d’espoir. Sa seule crainte était de croiser de nouveau Régis, qu’il tenait pour un mal embouché. Mais cela n’arriva pas. Le courant refluait vers l’océan, pendant ce temps-là, ce qui l’aidait à aller dans la bonne direction. Ça allait même trop vite, ses pattes raclèrent le sable, et son cou s’allongea.

-          Oh, quel gros poisson !

Horrifié, Nessie comprit qu’il était visible d’une plage, et des enfants s’ébattaient dans l’eau. En le voyant, tout le monde se mit à hurler. Les parents firent sortir leurs enfants de l’eau à toute vitesse, tous coururent à leurs serviettes.

-          Je te l’avais dit, chérie, que ce n’était pas le jour… Mais où est Théo ?

-          Théo ? Mon Dieu, Théo ! Théo !

Les jeunes parents se mirent à crier le nom de leur fils. Cependant, un petit garçon d’une dizaine d’années nageait vers Nessie.

-          No ! No, no ! fit ce dernier.

-          Oh ! Vous parlez ?

Le monstre hocha la tête sans comprendre. Il n’avait jamais vu un humain d’aussi près, et encore moins un enfant. Il s’émerveilla de voir des membres aussi petits, une si belle tête dont les boucles brunes résistaient à l’eau. Le petit garçon et le monstre se regardèrent, tous deux fascinés l’un par l’autre. Si Nessie était étonné de voir un être pourvu de jambes nager aussi bien, Théo était épaté par le gigantisme du monstre, ses pattes palmées, son cou démesuré. Il se mit à pédaler dans l’eau.

-          Tu veux bien être mon copain ? demanda-t-il sans préambules.

-          I don’t speak French.

-          I do speak English.[4]

-          Oh !

-          Qui es-tu ?

-          On m’appelle Nessie. Je viens d’arriver ici.

-          Moi c’est Théo.

-          Tu nages bien, pour un humain.

-          Merci. J’adore ça, je vais m’exercer à la piscine deux fois par semaine, sans compter les bains de mer, dit fièrement Théo. Je voudrais être nageur professionnel.

-          Tu n’as pas peur des monstres…

-          Quels monstres ?

-          J’en suis un, Théo. Le Loch Ness, ça te dit quelque chose ?

Le petit garçon réalisa d’un coup.

-          Tu… tu viens de là-bas ? Le monstre du Loch Ness ?

-          Oui. Je m’en suis lassé. Et puis le Royaume Uni, je le laisse à ses crises internes…

-          Tu veux bien être mon ami ? redemanda Théo. J’habite pas loin, vers Seignosse. Mon père tient une boutique pour les surfeurs. Moi, je suis fils unique.

-          Moi aussi. Mais…

Et Nessie eut un geste vers la plage. A ce moment seulement, Théo entendit ses parents hurler.

-          Théo, nom de Dieu !!

Le garçon cligna des yeux.

-          Tu n’es pas dangereux, hein ? fit-il.

-          Non, je ne pense pas. De toute façon, vu ma légende, ça se saurait…

-          C’est bien ce que je me disais. Alors nous sommes amis ?

-          Oh, volontiers, mais tu reviendras ?

-          Je vais dire à tous ces imbéciles que tu es un gentil monstre. Tu ne nous as pas empêchés de nager.

-          Je n’ai rien contre les nageurs, seulement contre les touristes. Encore que j’aime bien leur faire des farces….

Théo éclata de rire.

-          Je vais leur expliquer. Il y a de la place pour tout le monde, dans le lac.

Nessie pensa à Régis, mais ne dit rien. Après tout, il faisait le double de sa taille, et n’en avait rien dit, c’était donc qu’il s’accommodait de la situation. Nessie respectait les légendes.

-          Oui, dis-leur de revenir. Je serais heureux de faire connaissance, mais… comme je te disais, je ne connais pas le français.

-          J’ai un cousin qui veut être prof. Je peux lui en parler.

Les yeux de Nessie pétillèrent.

-          Oh, merci ! Je me sens un peu seul, ici !

Alors Théo nagea vers le monstre, lui enserra le cou avec ses bras.

-          Théo !! hurlèrent ses parents de la plage.

-          Merci Nessie, c’est si bon ! Ramène-moi au bord, va.

Nessie le transporta avec moult précautions, le remit à ses parents et cligna de l’œil. Théo mit un doigt sur sa bouche, alors que sa mère le serrait dans ses bras.

-          Je vais tout t’expliquer, maman.

Nessie ne dit donc rien, fit un signe de la patte, et plongea en direction du chenal pour chercher quelque pitance. Théo lui avait donné ce qu’il cherchait depuis toujours, alors il décida de rester là, pour s’amuser avec les enfants et jouer des tours aux touristes.

© Claire M. 2017



[1] Bonjour tout le monde !

[2] C’est moi !

[3] Je vous demande pardon ?

[4] - Je ne parle pas le français.

  - Moi je parle anglais.

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