Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
l'imagination au pouvoir
6 novembre 2019

rêves de sirène...

Immortalité.

 

Il était une fois, dans un grand océan, une petite sirène romantique. Elle avait entrevu quelquefois, sur les plages, des hommes, et elle les trouvait plus attirants que les êtres marins. Mais son essence divine l’empêchait de s’approcher d’eux, à son grand regret. Elle et ses sœurs vivaient portées par les vagues et cette vie convenait à des petites sirènes. Mais la nôtre rêvait du grand amour, et donnait des traits à celui qu’elle appelait son fiancé. Celui-ci était grand, brun et avait un regard de velours. La sirène sentait ses caresses dans les vagues, en fermant les yeux. De plus en plus, elle acquérait la certitude que son fiancé existait, et elle flottait, espérant atteindre un jour l’île où il vivait. Car il existait effectivement ! Elle voulait le toucher. Un jour, elle le reconnut, sur une petite île, où son palais jouxtait l’océan. C’était un prince, un prince puissant et aimé. Il était toujours entouré d’une foule de courtisans, et la sirène, de la plage, n’arrivait pas à se faire voir. Pourtant, le prince aimait aller voir l’océan, se baigner. Mais toujours, partout, ses courtisans le suivaient, et la sirène pleurait, elle se sentait si seule ! Le soir, elle allait sur la plage, scrutait les fenêtres du palais, mais elles étaient si hautes, elle ne parvenait pas à apercevoir son prince.

  Alors elle tenta d’entrer en contact avec lui. Elle écrivit, et envoya une première bouteille à la mer. Elle la retrouva quelques temps plus tard, dans le même état où elle l’avait envoyée. La sirène écrivit encore, utilisant divers subterfuges, mais toujours ses lettres lui revenaient, pas même descellées. Le temps passait et la sirène devenait désespérée. La pensée du prince l’assaillait de plus en plus. Un jour, de rage, elle souleva les vagues près du palais, voulant l’ensevelir. Elle commandait à l’élément liquide, la tempête fut terrible, et déjà les vagues se cognaient contre les murs du palais, quand la sirène prit peur pour son amour. La tempête se calma d’un coup.

  La sirène pleura et le temps passa. Elle venait toujours sur la plage, observant les fenêtres du palais. Mais elles étaient si hautes, la sirène n’apercevait pas le beau prince. De plus, elle prenait réellement conscience qu’elle n’était pas une femme, puisqu’elle était d’essence divine. Etait-elle seulement visible ? Elle finit par en douter. Quand elle apercevait  le prince de loin, elle se demandait s’il pouvait la voir. Il n’était qu’un homme. Mais la sirène était déterminée, la pensée du prince la hantait. Puisque c’était ainsi, la sirène plongea au plus profond de la mer, pour aller implorer les pouvoirs marins, encore et encore. Enfin il lui fut accordé qu’elle prendrait forme humaine pour pouvoir aller séduire le prince. Elle remonta à sa plage et, la nuit venue, elle sortit de l’eau, abandonnant sa queue de poisson à l’océan.

  La sirène entra dans le palais du prince. Elle l’avait tant rêvé, ses pas la portaient vers lui. Elle se l’était tant figuré ! Son cœur bondissait. Elle traversa le palais et se trouva enfin face au prince, dont le regard de velours l’avait guidée. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant un vieil homme, qui avait conservé son charme et son regard. Le prince avait l’air de s’attendre à sa venue. Il ouvrit la bouche… pour demander l’immortalité. La sirène fut surprise, mais elle ne se sentit pas le cœur de le lui refuser. Mais c’était son immortalité à elle, qu’elle devait lui donner. Le but de sa vie de sirène étant atteint, sa décision fut vite prise. Elle accorda l’immortalité au prince et, le cœur lourd, elle sauta par la fenêtre.

 Sur la plage, elle fondit en larmes, elle tremblait, elle savait qu’elle devait mourir de son cadeau. Elle voulut plonger, et elle rampait sur le sable, triste, essayant d’aller vers l’océan et de se fondre en lui. La marée descendait. Le prince la trouva dans cet état, et tomba à genoux devant le corps de la jeune fille.

« Sirène sans cesse rêvée », dit-il,

« Je te croyais irréelle

Mais tu es venue à moi

Comme un idiot je t’ai demandé l’immortalité

Mais de toi ce que je veux, c’est un baiser. »

Et il l’embrassa, la prit dans ses bras et plongea. La sirène expira en reprenant sa forme première, et le prince prit forme marine.

Au matin, on trouva dans l’eau un triton serrant une sirène morte dans ses bras. Il était ballotté par les vagues et ne se résolvait pas à quitter sa plage. Enfin, l’océan les emporta au loin.

 

© Claire M., 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
l'imagination au pouvoir
  • Entrez donc dans l'un des royaumes de l'imagination, la mienne, où vous croiserez êtres fantastiques, âmes en peine, beaucoup de chats... Vous pourrez y trouver d'autres aventures, ou jouer avec moi, les mots... Le continent des lettres est si vaste !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité