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l'imagination au pouvoir
1 décembre 2021

Réhabilitation

Anciennes, vous dites ?

 

Ça y est : notre cher ministre de l’Education nationale actuel, J-M. Blanquer, a ressorti de son chapeau l’idée de remettre en grâce le latin et le grec. Et je ne peux que m’en réjouir. J’ai été fascinée, et reste passionnée par ce que j’ai lu, petite fille, des mythes grecs (plus que latins) qui m’ont changée d’horizons. C’est pourquoi j’ai très vite eu envie d’apprendre le grec. Or, dans la France des années 80, apprendre le latin était encore faisable ; en revanche, pour le grec ça a été la quadrature du cercle. J’ai fini par obtenir des cours, ailleurs que dans le collège de ploucs messin où j’étais, mais de ce fait, mon niveau en grec a été biaisé dès le départ et… l’est resté. Sur le conseil de mes parents qui me voyaient prof, bien qu’espérant autre chose (je voulais être guide – interprète en italien, en France  ou, peut-être, en Italie), j’ai commencé les Lettres classiques. 1° année, à Metz : un certain succès. Au cours de la 2° année, déménagement  à Lille, niveau beaucoup plus élevé : j’ai plongé. Deux fois recalée, j’ai redoublé la 2° année de mon DEUG en Lettres modernes, dégoutée du latin – mais pas du grec. Et pourtant, je ne regrette rien. Même, peu à peu, mon goût pour le latin revient. Car cela m’a beaucoup apporté. J’étais nulle en maths, et ai brillé en langues.

A présent, avec plus de vingt ans de recul, je ne peux que le constater : j’ai peut-être oublié ces langues en tant que telles, mais culturellement, étant d’origine italienne, j’y trouve mon propre univers. Je ne suis pas davantage prof, mais je pense pouvoir être fière de ma culture. Plus que tout autre chose, je prône l’ouverture d’esprit. A l’égard des langues anciennes, mais pas seulement. Linguistiquement, les langues européennes en proviennent, même les langues germaniques. L’anglais, par exemple, regorge de termes français issus du latin. On retrouve aussi ces racines dans d’autres langues actuelles, danois compris. Et à partir de ces langues anciennes, pourquoi ne pas les réactualiser, en quelque sorte, en apprenant l’italien ou le grec moderne ? Car oui, j’ai tenté le coup de la langue grecque actuelle, expérience déroutante dans mon cas. Je ne suis pas française, je ne suis pas italienne : je me sens pleinement européenne. Les bases sont là, grâce aux langues anciennes.

Dans Homère et Shakespeare en banlieue, Augustin d’Humières prouvait l’actualité du grec (ce livre est paru en 2009, chez Grasset), avec, entre autres, un échange au sujet du vocabulaire français issu du grec. A présent, dans la classe de CM2 où je travaille cette année, les enfants ont entendu parler du latin, mais pas du grec, apparemment, confondant de ce fait les racines de ces deux langues. Si M. Blanquer s’y met donc, quelques mois avant les élections présidentielles, qu’est-ce que cela donnera ? Un peu tard quand même, en fin de mandat présidentiel… Mais oui, il faut remettre le latin, et le grec, sur le tapis. Pourtant, c’est notre socle culturel. Dans le nord de la France, où j’habite, pour le grec, cela ne saute pas aux yeux, mais les Romains sont allés jusqu’en (Grande) Bretagne, jusqu’au mur que l’empereur Hadrien a fait édifier au II° siècle de notre ère pour protéger la Bretagne des Pictes (ancêtres des Ecossais). Ne pas parler des Latins et des Grecs, à mon avis, serait taire un apport considérable sur notre histoire, la construction européenne.

Et si vous êtes curieux, voici une petite bibliographie sur ce thème, outre le livre d’Augustin d’Humières :

-          G. Siouffi, A. Rey, De la nécessité du grec et du latin – Flammarion, 2016

-          A. Marcolongo, La langue géniale (9 bonnes raisons d’aimer le grec) – Les Belles Lettres, 2018

-          Et, tout de même, un de mes profs à Lille 3, P. Judet de la Combe avec L’avenir des anciens – oser lire les Grecs et les Latins – Albin Michel, 2016, car on peut commencer par là, n’est-ce pas ?

Les auteurs de romans actuels reprennent d’ailleurs aussi ces thématiques mythologiques : je me suis délectée, cet été, de Circé de Madeline Miller (elle a aussi écrit Le chant d’Achille), ou d’autres auteurs comme David VAnn, avec sa version de Médée dans son roman L’obscure clarté de l’air, chez Gallmeister (2017), mais en (encore) plus trash… Et il y a un bon paquet d’auteurs intéressants, même d’heroic fantasy !

 

Sur ce, je vous souhaite de bonnes (re)découvertes, en attendant, peut-être, de (re)lire Homère ou Virgile !

 

Claire M.

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