Comme vous le savez peut-être, je ne rate pas "La grande librairie", tous les mercredis sur France 5, et n'y glane pas que des idées de lectures, mais aussi celles suscitées en moi par les auteurs invités. C'est ainsi, depuis 2019-20, que j'ai de nouveau entendu parler de la lecture à voix haute.

Ma mère aimait nous raconter des histoires, quand nous étions enfants ma soeur et moi, nous faire la lecture mais aussi, beaucoup plus tard, pour partager avec nous tout ce qu'elle lisait et qui lui plaisait.  Plaisir de lire à voix haute ? Moi-même, il m'est arrivé de faire de même, je pense notamment aux contes d'Andersen... Et il n'y a pas que la performance : on éprouve un véritable plaisir à lire à voix haute. Quant à moi, depuis la disparition prématurée de mon père, je déclame du Baudelaire à mon chat, pour Ivoire ou, à présent, pour Shaloma, pour le partage. Et puis Baudelaire, amateur de chats, est mon poète préféré. Faute de mieux... Mais surtout, j'aime ouvrir un livre de théâtre, et m'amuser à le lire, rien que pour moi, pour le plaisir des mots. Mes préférés, pour cela, sont Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand : ah, la tirade du nez ! ou cet échange,

" Une dame m'attend !

Cyrano, complètement rassuré : Je suis donc à Paris. "

ou les premières pages d'Ubu roi d'Alfred Jarry. Et, de temps en temps, Molière, Racine...

On peut aussi très bien lire des oeuvres en prose, comme ce que font les écoliers dans "Si on lisait... à voix haute". Gustave Flaubert, quant à lui, a fait de cette pratique une garantie de son style, en passant ses propres pages dans son "gueuloir". Et pourquoi pas ? On peut très bien lire à voix haute aussi pour soi... François Busnel a bien raison de reprendre cette idée.

Saviez-vous qu'au début de l'existence des livres, on ne connaissait que la lecture  à voix haute ? La lecture silencieuse, uniquement pour soi, est venue beaucoup plus tard, pas avant la fin du Moyen âge au plus tôt. Et elle a abouti aux temples du silence que sont les bibliothèques... Mais pourquoi ne pas envahir l'espace public ? Selon le principe maternel, "quand c'est bien, il faut le dire",alors moi, je le transforme en "quand c'est bien il faut le lire"! Et ces deux mots, dire et lire, n'ont de différent que leur première lettres...

Alors faites vivre les livres, et revenons-en  à de sains principes et plaisirs !

Claire M

et RDV mercredi prochain sur France 5 à 21 heures !