Sourires

 

Ce jour-là, le soleil irradiait sur la place de la cathédrale, et Isabelle Monet n’y était pas insensible, malgré la douleur de la perte qui la faisait venir là, avec l’une de ses petites-filles, accompagnée d’un petit copain de l’école. En réalité, elle faisait d’une pierre deux coups : les enfants marchaient, la promenade était agréable aussi pour Isabelle, qui allait entrer, tout de même, dans le royaume de Dieu, même si elle en avait contre ce dernier pour ce qu’elle jugeait comme une injustice.

-          Les enfants ?

-          Ça va, mamy ? demanda la jolie Inès.

-          On va entrer dans la cathédrale, si vous voulez bien. Mais il ne faut pas parler trop fort, vous chuchoterez entre vous.

-          Oui, madame, fit Mathéo.

Ils se tournèrent vers l’entrée. Le petit garçon était émerveillé, et s’exclama :

-          Que de statues !

-          Oui, il y en a plus de deux mille, lui expliqua madame Monet. Tenez, avant d’entrer, venez par ici, je vais vous montrer le sourire de Reims.

Et elle leur désigna l’ange au sourire. Les enfants, intrigués, s’en approchèrent un peu plus.

-          Pourquoi sourit-il, mamy ?

-          Je ne sais pas, ma puce. Mais tu vois, il invite à entrer.

-          C’est beau ! lança encore Mathéo. Alors on suit l’ange ! Tu viens, Inès ?

Il mangeait sa compagne des yeux, avec sa petite robe bleue, et il se disait qu’il ne lui manquait que des ailes. Comme un ange tombé du ciel. Et elle, elle lui souriait, consciente du fait qu’elle lui plaisait.

-          Bien sûr que je viens !

-          Prends ma main !

La grand-mère voyait bien leur petit jeu, et cela lui mit du baume au cœur. Mais avant d’entrer dans la cathédrale, elle dut cacher son propre sourire, sous le masque imposé par la situation sanitaire. Mathéo la vit faire, et soupira : il allait devoir en faire autant, ainsi qu’Inès, qui lui plaisait tant… Madame Monet, comme il fouillait dans les poches de son bermuda, lui donna un masque, puis en tendit un autre à Inès.

-          Un masque pour entrer dans la maison de Dieu !! maugréa quelqu’un, mais seule Isabelle Monet l’entendit.

Et, dûment masqués, ils entrèrent tous les trois dans la cathédrale. Mathéo n’avait pas l’habitude d’aller dans un tel endroit, il n’avait pas dix ans, et ouvrait de grands yeux. Il y faisait obscur et frais, et le petit garçon eut un frisson.

-          Mamy…

-          Je vais m’asseoir là, les enfants, dit Isabelle après s’être signée. Je ne serai pas loin de la porte. Allez donc faire un petit tour, mais en chuchotant comme moi, et sans courir.

-          Mais mamy… ça ne va pas ?

-          Laisse, fit la grand-mère d’une voix triste. Tu es gentille, ma puce. Je vais me remettre, j’ai deux mots à dire à Celui qui m’a enlevé ma sœur…

Inès et Mathéo regardèrent madame Monet sans comprendre. La petite fille, un peu plus jeune que son compagnon, avait envie de l’embrasser, mais le masque l’en empêchait. Alors Mathéo la prit par la main, et murmura :

-          Viens… On va explorer cette… église.

-          Oui, mais…

Inès saisit aussi la main sa grand-mère, qui, de son côté, caressa les cheveux de la petite.

-          Prenez votre temps, dit-elle.

Alors les deux enfants s’éloignèrent, en s’appliquant à marcher lentement. Mathéo était de plus en plus intrigué, par la beauté du lieu, et par son silence, qu’il voulait respecter.

-          Tu crois que ça pourrait être le pays du sourire, Mathéo ? demanda doucement Inès.

-          Cet ange est trop beau ! Et si c’était vrai ?

Cela fit sourire Inès, mais Mathéo ne pouvait pas le voir.

-          Mamy a dit de parler tout bas…

-          Oh ! Désolé.

-          Pas pour moi. Ici, on prie Dieu… mais je ne sais pas bien qui c’est.

-          Moi non plus.

Ils se regardèrent, et Inès se dit que même masqué, décidément, Mathéo était mignon, avec sa chevelure noire et toute bouclée, ce qui contrastait singulièrement avec sa blondeur à elle. Il avait de grands yeux, très mobiles, la peau légèrement bistrée. Et un sourire charmeur, quand on pouvait le voir. D’une certaine façon, ils se fascinaient l’un l’autre... Comme ils s’étaient arrêtés, ils lorgnèrent vers le fond de la cathédrale, se regardèrent encore et décidèrent d’aller voir. Sans courir. Exprès, Inès prit la main de son petit compagnon, dont le cœur battit plus fort.

-          De toute façon, il n’y a que des anges, ici, déclara Mathéo à voix basse.

Inès sourit à part elle, et il la sentit.

-          Est-ce qu’il y a un dieu du sourire ? demanda-t-il encore, et la petite fille éclata de rire.

Alors Mathéo put voir ses fossettes et, ravi, en rajouta :

-          Avec des ailes aux couleurs de l’arc-en-ciel !

-          Des ailes d’ange ?

Le garçonnet rougit légèrement mais, dans la quasi-obscurité, Inès ne le vit pas.

-          On va inventer notre ange ! dît-il. Allez, ici c’est le pays du sourire !

Inès rit encore, et ils accélérèrent le pas, toujours sans courir, et remarquèrent une crypte.

-          Allons voir ce que c’est ! suggéra la petite, de plus en plus excitée.

-          Oh oui ! fit Mathéo avec feu, et ils descendirent les marches.

En parvenant un peu plus bas, Inès se tourna vers son compagnon, qui n’avait pas lâché sa main.

-          Et si on jouait à cache-cache ? proposa-t-elle.

-          Bonne idée ! Mais nous ne sommes que deux…

-          Ça ne fait rien, tu comptes là, près du mur, et moi je me cache. Je ne sortirai pas de cet endroit.

-          Trop face’ ! Alors quand je te trouve, je t’embrasse ! déclara Mathéo en lui lâchant la main, et Inès rit encore, faisant danser ses fossettes : il en aurait craqué. Bon, je compte jusqu’à trente !

Et il se tourna vers le mur. La petite trouva vite où se cacher, derrière un tombeau, et poussa un cri. Elle avait disparu. En l’entendant, Mathéo s’arrêta de compter à rebours, alors qu’il n’en était qu’à quatorze.

-          Inès ! s’écria-t-il, et il se mit à la chercher partout, sans la voir.

 

-          Où suis-je ? fit Inès en se relevant, et  avisant un genre de lutin à longue barbe.

 

-          Bienvenue ! lança celui-ci. Ici, tu ne crains rien.

 

-          Mais où suis-je ? Et Mathéo ?

 

-          Qui est Mathéo ?

 

-          Mon amoureux !

 

-          Et que fais-tu, avec ce masque ? Ce n’est pas le sourire, qu’il faut cacher !

 

Inès baissa les yeux, au bord des larmes. Le lutin s’en aperçut, et la prit par les épaules.

-          Non, il ne faut pas me toucher ! Vous n’avez pas entendu parler du… Virus ?

-          Quel virus ? Je t’ai dit que tu ne craignais rien. Quel est ton vœu le plus cher ?

-          Je veux retourner dans la cathédrale, et retrouver ma mamy et mon amoureux ! Vous n’avez pas un mouchoir ?

-          Oh, pitchounette, fit le lutin, attendri, et il tira un mouchoir de sa poche pour le lui donner.

-          Je ne peux pas le prendre, je n’ai pas de gel hydro… euh… machin…

-          Mais de quoi parles-tu ?

Inès fondit en larmes.

-          Mais non, ne pleure pas… On ne peut pas pleurer, au pays du sourire, reprit le lutin. Prends ce mouchoir, et garde-le. Comment t’appelles-tu ?

-          Inès.

Le lutin secoua le mouchoir en le murmurant, et le donna à la petite : son prénom y figurait. Elle en fut émerveillée, et se moucha rapidement, avant d’éternuer.

-          Il fait frais, ici, dit-elle. Si ça pouvait attirer Mathéo…

Elle remit bien son masque.

-          C’est ton amoureux ?

-          Oui, balbutia Inès avant de se moucher de nouveau. Oh là là !

Elle se débattait de nouveau avec son masque, en le remettant.

-          Par où es-tu passée ?

-          Je ne sais pas… Il y avait une sorte de table de pierre…

-          Ah ! C’est notre souverain. J’y vais.

Le lutin sautilla pour se tenir tout près, et dessina une porte dans l’air.

-          Ouille !

-          Tu es Mathéo ? demanda le lutin au petit garçon, qui était tombé sur  les fesses. Prends ma main !

-          Vous êtes à peine plus grand que moi ! ‘me débrouille tout seul.

-          Mathéo ! s’exclama Inès, faisant tomber son joli mouchoir alors que l’interpellé se levait.

-          Ah, tu es là ! Mais que s’est-il  passé ? Je te cherchais partout !

-          Je ne sais pas où on est, dit la petite.

-          Mais si, je te l’ai dit, fit le lutin, un peu mortifié. Vous êtes au pays du sourire.

-          Juste ce qu’on cherchait ! réagit aussitôt Mathéo, tout content. Et on peut… enlever le masque ?!

-          C’est même recommandé. Mais ton amoureuse fait des problèmes, je n’ai pas compris pourquoi.

-          C’est à cause du Virus, fit le garçonnet. Ça fait un an qu’il nous enquiquine, il y a des gens qui se retrouvent à l’hôpital... Mais si c’est ça, ici je l’enlève. Nous ne sommes plus à la… l’église ?

-          Nous y sommes et nous n’y sommes pas. Cette cathédrale est si ancienne… Je vous laisse découvrir les lieux.

-          Quelle est la différence entre une église et une cathédrale ? demanda Inès.

-          La cathédrale est plus grande, lui répondit le lutin. Et ici, il y a beaucoup à voir.

-          On y va ! lança Mathéo. Et enlève ton masque, enfin, Inès !

-          Non.

-          Est-ce qu’on nous entend ? demanda Mathéo au lutin, qui répondit aussitôt :

-          Non, tu peux t’énerver si tu veux… même si au pays du sourire, ça ne vaut pas le coup.

Cela fit rire Mathéo, qui saisit la main d’Inès.

-          Tu viens ? Je vois des choses intéressantes, là-bas...

-          Ah, oui, le labyrinthe, fit le lutin.

-          Tu crois qu’on a le temps de se perdre, Mathéo ? Ma mamy…

-          Dans les cathédrales, le temps se suspend. Allez-y, vous allez beaucoup vous amuser…

Mathéo ne se le fit pas dire deux fois, et entraina Inès, qui riait. Il était de plus en plus excité et, à vrai dire, sa petite compagne aussi. Alors ils y coururent, cherchant l’entrée du labyrinthe. Ils en firent le tour,  trouvèrent enfin une volée de marches menant à une porte : l’entrée. Ils la franchirent, et retrouvèrent une légère obscurité, et surtout la fraîcheur de la cathédrale. Inès éternua.

-          Zut ! J’ai laissé tomber mon mouchoir !

-          Et moi, je n’en ai pas, fit Mathéo tout penaud.

-          De toute façon, avec le Virus…

-          Non, tu n’as pas compris : nous sommes dans un autre monde, celui du sourire.

-          Et alors ? Il fait aussi froid ici, que dans la cathédrale… Je suis peut-être habillée un peu légèrement.

Et Inès soupira.

-          Moi, je te trouve magnifique. Tu as une très jolie robe, qui te va bien. Mais il faudrait regarder où on va…

-          De toute façon, il n’y a qu’un seul chemin, et nous le suivons, remarqua la petite fille.

-          Il pourrait y avoir des portes.

-          Non, ce serait le meilleur moyen de se perdre. Et je ne veux pas être séparée de toi.

Mathéo sourit, et prit la main de sa compagne en disant :

-          Comme ça, nous restons ensemble.

-          Oui, bonne idée.

Il n’y avait pas de portes, dans ce labyrinthe, seulement des trous de souris, et ces dernières passaient sans prévenir, risquant le museau en en sortant, ou filaient avant qu’un matou ne les attrape, se cognant aux jambes des deux enfants. Inès fut la première à tomber, mais resta stoïque. Mathéo dut faire un pas en arrière, et son pied s’enfonça dans le sol.

-          Ta main ! lança-t-il, et Inès obéit à temps, pour disparaître avec lui dans les profondeurs du labyrinthe.

Ils se réceptionnèrent environ un mètre plus bas, dans une terre meuble. Ils se remirent debout, en regardant  au- dessus d’eux : le trou s’était refermé.

-          On va où ? demanda Inès, qui commençait à avoir peur.

-          Je te laisse choisir entre la droite et la gauche. De toute façon, on s’en sortira.

Mais quelque chose chatouilla les chevilles de la petite, qui cria. Mathéo se baissa, et distingua une grosse taupe qui apparaissait.

-          Madame la taupe ? fit-il.

-          Qui est là ?

-          On s’est perdus dans le labyrinthe !

-          Cela dépend : voulez-vous sortir, ou rencontrer notre roi ?

Les deux enfants se regardèrent.

-          Ça va, Inès ?

-          Ou.. oui. Mais j’ai sali ma robe.

-          Ça ne fait rien, fit la taupe. Je vois bien que vous n’êtes pas de notre monde…

-          C’est vous, qui faites les trous ? demanda Mathéo.

-          Moi, ou mes semblables. Nous sommes toute une communauté de taupes. Et nous nous y retrouvons.

-          Cela a-t-il un intérêt, de rencontrer votre roi ? demanda encore le petit garçon.

-          Je dirai que oui. Il est très gentil avec tout le monde. En fait, c’est le roi du sourire, et aussi un petit farceur. Vous passeriez un bon moment avec lui, et si vous avez des questions à poser, il pourra vous répondre.

-          Moi, j’ai envie de continuer l’aventure. Et toi, Inès ?

-          Oui, moi aussi. Si le temps est… suspendu…

-          Le temps ? Késaco ?

Les deux enfants furent bien en peine de répondre à la taupe, qui leur indiqua la direction du cœur du labyrinthe, mais en les prévenant :

-          Et regardez bien où vous mettez les pieds, cette fois ! Moi, je retourne à mes galeries !

Mathéo et Inès eurent alors la même pensée, celle de se dire que la cathédrale tenait sur un sol avec des trous, comme du gruyère… Ils remercièrent la taupe, et se tournèrent vers la direction indiquée. Mathéo regardait droit devant lui, tandis qu’Inès s’inquiétait de vérifier qu’ils n’allaient pas de nouveau tomber dans une cavité. Deux ou trois fois, elle se déporta avec Mathéo, pour les éviter. Enfin, ils découvrirent un minuscule escalier, et y montèrent, frappèrent à la porte. Ce fut un enfant lutin qui leur ouvrit, il était deux fois plus petit qu’Inès.

-          Oh, une princesse !

Elle rosit, alors que Mathéo mettait les pieds dans le plat :

-          Une taupe nous a dit que le roi était très gentil…

-          Oui, c’est vrai, confirma le lutin. Suivez-moi, il doit être par ici.

Les enfants suivirent le petit être, qui prit un malin plaisir à leur faire traverser quantité de pièces, comme si le palais du roi du sourire était une réplique du labyrinthe. Les couloirs se resserraient autour d’eux, et Mathéo dut rassurer sa petite compagne. Il avait confiance. Enfin, le lutin avisa un de ses semblables qui faisait une sieste devant une porte finement ouvragée.

-          Lève-toi, Clovis ! Nous avons des visiteurs, ils veulent rencontrer le roi. Est-il là ?

L’interpellé sursauta, remit bien son chapeau, puis répondit :

-          Oui, je crois qu’il est là… En tout cas, personne n’est sorti de cette pièce. Je… je vais vous ouvrir.

Et il se leva pour le faire aussitôt. A peine la porte était-elle ouverte, qu’ils entendirent des rires, et le gardien de la porte lança :

-          Votre Majesté ! Deux petits d’hommes nous ont trouvés !

-          J’espère que nous n’avons pas fait une bêtise, murmura alors Inès.

-          Mademoiselle, lui fit leur petit guide, ne vous tracassez pas. Ce sera un bon moment.

Elle risqua un sourire, mais le lutin ne put voir que ses fossettes.

-          Pourquoi cachez-vous votre sourire ?

-          De là où nous venons, il y a un Virus qui circule, qui fait très peur à tout le monde, répondit Inès. Je porte un masque pour ne pas l’attraper.

-          Mais c’est idiot ! s’exclama le gardien de la porte. Ah, votre Majesté !

-          Bonjour les enfants, et soyez les bienvenus… fit un angelot tout droit sorti des peintures de Raphaël, revêtu d’une toge bleu clair, avec un regard plein de malice. Venez avec moi. Comment vous appelez-vous ?

Un peu intimidés, les enfants lui répondirent, puis ils suivirent le roi vers le fond de la pièce, où celui-ci les fit asseoir pour qu’on leur serve des chouquettes et du lait chocolaté. Tous deux étaient ravis, mais Inès ne comprit sa manœuvre qu’en enlevant son masque pour pouvoir manger et boire.

-          Ah, quand même ! réagit alors Mathéo. Je te l’ai dit, et je le fais !

Et il se leva pour embrasser sa compagne, une fois sur chaque joue. Mais la deuxième fois, quelque chose autour d’eux se déchira, et le baiser dura assez longtemps pour leur faire vivre une tout autre aventure.

 

-          Mathéo, mon chéri !

Inès était resplendissante, dans une petite robe rouge, et posait une main sur son ventre qui se faisait rond. Lui-même la tenait dans ses bras, loin des soucis du quotidien, et il l’aimait de plus en plus tendrement, alors qu’ils fêtaient ce jour-là leurs noces de coton.

-          C’est formidable, je vais être papa…

-          Nous nous sommes mariés dans cette cathédrale, tu te souviens ?

-          Comme si c’était hier, mon amour…

 

-          Les enfants ? fit Isabelle Monet en les retrouvant dans les bras l’un de l’autre, sans leurs masques, assis devant l’autel.

Inès avait fermé les yeux, et les rouvrit d’un coup.

-          Mamy ! Tu ne t’es pas trop inquiétée ?

-          De quoi, ma puce ?

Mathéo mit un doigt sur sa bouche.

-          Non, on ne le dira pas à ma mamy, déclara la petite en voyant cela.

-          En tout cas, il faut y aller, les enfants.

-          Et… votre sœur ?

-          Ma jumelle… J’espère vraiment que là-haut, On m’a entendue… Mais je me sens mieux.

-          De quoi, mamy ?

Isabelle Monet mit elle aussi un doigt sur sa bouche.

-          Moi non plus, je ne dirai pas tout.

-          Je peux vous demander quelque chose, madame Monet ?

-          Oui, vas-y.

-          Avant de partir, je voudrais revoir l’ange au sourire, dit Mathéo très sérieusement.

-          Oui, moi aussi ! renchérit Inès.

-          Ah ? Si vous voulez.

Et les enfants suivirent la vieille dame. Une fois devant l’Ange, ils crurent reconnaître le roi du sourire, et lui envoyèrent chacun un baiser, avant de repartir, alors que la statue semblait vouloir bouger…

-          Mathéo ! murmura Inès. Je crois que l’Ange a voulu nous faire de l’œil…

 

© Claire M., 2022