Manœuvres d’approche.

-          A droite, ou à gauche, Césig ?

-          C’est vous le capitaine, c’est vous qui décidez.

-          Je vous demande de choisir au hasard.

-          Boâf ! On va dire à gauche. De toute façon, ces deux systèmes stellaires se ressemblent beaucoup.

-          Ce voyage est interminable, gémit la princesse, à l’arrière.

-          C’est pour la bonne cause, lui rappela Césig. Il  y a une planète bleue dans chacun de ces systèmes, le capitaine et moi pensons que c’est peut-être la bonne.

-          Une planète bleue ?

-          Avec une atmosphère et de l’eau, expliqua patiemment le capitaine Byzix. Nous allons nous y diriger. Césig…

-          A vos ordres, capitaine.

Et les manœuvres d’approche furent entamées. Sur le tableau de bord du petit vaisseau, les chiffres défilèrent, comme à rebours, mais le capitaine s’en aperçut à peine et, tout comme son équipage, il s’accrocha. La princesse Balea poussait de grands soupirs, et son majordome dut lui dire de se calmer, mais le capitaine Byzix était trop occupé pour en tenir compte, et ils furent comme aspirés, avant de retrouver l’espace plus tranquille dont ils avaient l’habitude. Le capitaine souffla, et :

-          Césig, affichez-moi le détail de cette planète, s’il vous plaît.

Son copilote obéit presque tout de suite et, sur un écran, les données de la planète Maldek apparaissaient.

-          Maldek ? Je n’ai jamais entendu parler de cette planète, s’étonna le capitaine.

-          Moi non plus, avoua Césig.

-          Nous voilà bien, fit la princesse.

-          Elle est dans le système solaire, lut Césig sur l’écran.

-          C’est curieux. Sur la Terre, il y a de la vie, je le sais. Mais Maldek…

-          Entre Mars et Jupiter, capitaine.

-          Je croyais que c’était une ceinture d’astéroïdes ! Enfin, ça ne fait rien. Nous allons voir.

-          Ce n’est pas un mirage ? s’enquit un autre des passagers.

-          Non, puisque ses données apparaissent sur l’écran de contrôle, expliqua le capitaine. Bon, taisez-vous maintenant, et accrochez-vous encore. Bientôt, nous traverserons l’atmosphère de Maldek.

-          Un instant ! Dites-moi au moins où nous allons atterrir, râla Césig.

Le capitaine pointa un doigt sur l’écran.

-          Là. Ce pays s’appelle… le Groenland. L’atmosphère est plus mince, au-dessus et apparemment il n’y a pas trop de grandes villes.

Quelques instants plus tard, le vaisseau se posait sur une étendue blanche, plutôt désertique. Le capitaine analysa l’atmosphère sur son écran.

-          Bon. L’air est respirable pour nous. Je pense donc que nous pouvons sortir.

-          Tous ? demanda Césig. Je pourrais peut-être rester garder l’appareil.

-          Vous n’êtes pas curieux ?

-          Ce n’est pas  ça. Mais les habitants de Maldek pourraient avoir des réactions hostiles. Ont-ils seulement déjà vu des Po-Toliens ?

-          C’est vrai, reconnut le capitaine. Il faut tout envisager. Restez donc.

-          Moi, je viens, je n’en peux plus. Ollibert, aidez-moi à me débarrasser de cette ceinture !

-          Vous avez très bien su la mettre toute seule, votre Altesse.

Ollibert, le majordome, était déjà très occupé à batailler avec la sienne. Compatissant, son voisin l’aida, et Ollibert le remercia. Entre-temps, la princesse s’était libérée toute seule. Il y avait encore, dans le vaisseau, un jeune couple, et le frère du mari. C’était ce dernier, Carman, qui avait aidé Ollibert à enlever enfin la ceinture, un bellâtre selon les critères de Po-Tolo : le front très bombé, une peau légèrement hâlée, et les traits fins et déliés. Sa queue, qui ressemblait à celle d’un reptile, était courte, pas plus d’une quinzaine de centimètres, et il était plus grand que la moyenne : 1, 70 mètre. Il dépassait son frère d’une tête.

Le capitaine alla ouvrir la porte de son vaisseau, et fit sortir l’échelle. Tous le suivirent, à l’exception de Césig.