La plage.
Une fois dans leur vaisseau, Anthéa prit la parole pour rappeler un conseil donné par Hans Pedersen :
- Je voudrais que chacun change de vêtements, pour coudre les trous prévus pour nos queues.
- Merde ! éructa Carman.
Cela ne réjouissait guère les Po-Toliens, par nature très fiers de leurs queues. Mais chacun dut y passer, et Byzix et Césig pilotèrent le vaisseau en slip, le tout au grand dam de la princesse, mais le capitaine la rabroua. Bercés par le son de la voix de la princesse, et les réparties de Byzix, Carman et Lantar s’endormirent.
Une heure plus tard, ils arrivaient en vue d’Atlantide.
- Il y a une grande étendue de sable face à la mer, indiqua Césig.
- Il y a des points qui bougent, qu’est-ce que c’’est ? Des humains ? fit Byzix. Nous ne pouvons peut-être pas atterrir là. Mettez le zoom.
Césig obéit. Les points s’avérèrent être effectivement des humains.
- Mais qu’est-ce qu’ils font ? s’étonna Césig. Il y en a même dans l’eau !
- Nous tirerons cela au clair une fois que nous aurons atterri. Cherchez où nous pouvons le faire.
Césig fit les réglages nécessaires, et dix minutes plus tard, le vaisseau atterrit en haut d’une petite falaise déserte. Tous se rhabillèrent, au grand soulagement de la princesse. Anthéa et Ollibert avaient bien travaillé, et on ne voyait plus les queues dépasser, malgré un renflement inévitable.
Une fois à terre, tous prirent une bonne goulée d’air frais. Le soleil brillait, il faisait très doux, et il y avait une légère brise agréable. Byzix eut un regard circulaire, aperçut la plage à côté, puis une forêt de l’autre côté de la falaise.
- Les humains sont sur le sable, dit Césig.
- Ils doivent prendre le soleil. Je m’allongerais bien, moi aussi, dit Carman.
- Plus tard, éluda Byzix. Je vous rappelle que nous sommes en mission de reconnaissance. Nous allons les aborder.
Anthéa et la princesse Balea étaient charmées : ils étaient descendus de la falaise, en longeant la forêt. Il y avait un sentier qui s’y enfonçait, et que bordaient des noisetiers et des amandiers. Tous les arbres, l’herbe, étaient en fleurs. Les Po-Toliens y étaient tous sensibles, cela se passait de commentaires.
Quand ils débouchèrent sur la plage, ils virent des humains sur des morceaux de tissus. On papotait, on lisait, on dormait, si bien que personne ne les vit arriver. De leur côté, les Po-Toliens étaient très étonnés par les tenues des humains, minimalistes à la plage, certaines femmes n’ayant qu’un monokini pour tout vêtement. Cela choqua tout à coup la princesse, qui se sentait d’autant plus mal à l’aise qu’elle avait une certaine surcharge pondérale… Ce fut Césig qui fit le premier pas : il alla vers un groupe d’hommes en grande conversation, mais ceux-ci, de ce fait, ne le virent même pas. Césig les écouta, se disant qu’ils n’avaient pas dû comprendre son danois. Alors il identifia leur langue : de l’espagnol. Il put ensuite se brancher sur le circuit idoine, pour refaire une tentative.
- Messieurs ? Bonjour, je m’appelle Césig.
On le regarda, tout en clignant des yeux.
- Oh ! Un petit rigolo !
- Je ne suis pas un rigolo, mais un habitant de Po-Tolo, dans le système de Sirius.
- Un quoi ? !
Anthéa s’approcha des Espagnols. Elle avait écouté l’échange, et indiqué la langue à ses comparses, afin que tous puissent converser en espagnol. Elle prit ensuite sa voix la plus douce.
- Ne parlez pas si fort. Vous n’êtes pas seuls.
Interloqués, les Espagnols qui paressaient tout en parlant, se redressèrent sur leurs serviettes.
- Mais que faites-vous ici tout habillés ?