Les plagistes
- Voici mes compagnons, reprit Anthéa, quelque peu mal à l’aise. Césig, faites donc les présentations.
Mais Césig prit un air vexé, à cause du terme « rigolo », utilisé à son encontre.
- Que faites-vous ? s’enquit Ollibert auprès des Espagnols.
- Mais qui êtes-vous ?
- Capitaine Byzix. Nous venons de la planète Po-Tolo, située dans le système de Sirius.
Les Espagnols se frottèrent les yeux.
- Pablo, c’est quoi, cette bière que tu as achetée ?
- De la Corona, pourquoi ?
- Vise un peu ces loustics.
- Ce n’est pas la bière. Je les vois comme toi.
- Que faites-vous ? redemanda Ollibert.
- Nous adorons nous disputer sur des détails.
- Comme mère et moi, remarqua la princesse.
- Et nous prenons le soleil. Venez donc vous joindre à nous, si vous voulez.
- Il faut se déshabiller ? fit la princesse, dégoutée. Il n’en est pas question !
- Ces gars-là ne sont pas nets.
- Je ne suis pas « ces gars-là », mais la princesse Balea, fille de l’impératrice de Po-Tolo !
- Votre Altesse ! s’offusqua Byzix, et les Espagnols éclatèrent de rire.
Mais leur curiosité reprit vite le dessus, et ils s’agglutinèrent autour de Balea.
- Vous êtes une vraie princesse ?
- Pour une princesse, vous n’êtes pas très jolie. Vous devriez vous coiffer autrement, voyez-moi ce front...
Balea ne savait plus sur quel pied danser. Byzix empêcha, du geste, qu’on s’acharne sur elle, et elle lui en fut reconnaissante.
- Merci, capitaine.
- Capitaine ? relevèrent les Espagnols, de plus en plus intrigués.
- Et vous, que faites-vous ? insista Ollibert.
Enfin, Byzix s’interposa encore un peu plus entre les Espagnols qui observaient la princesse, ses mains à quatre doigts en avant. L’un d’entre eux réagit.
- Qui avez-vous dit que vous étiez ?
- Des habitants de Po-Tolo.
- C’est-à-dire ? Où est-ce, sur cette planète ?
- Non, pas sur votre planète. Nous venons de l’étoile Sirius. Ou plutôt des étoiles Sirius. C’est un système binaire, expliqua Byzix.
- Je n’y comprends rien. Où est Sirius ?
- A plus de huit années-lumière d’ici.
Les Espagnols étaient complètement dépassés, et, enfin, répondirent à Ollibert.
- Nous prenons le soleil en papotant. Ou alors, venez avec nous, on se baigne ensemble, et on en reparle. Ça devrait vous dégriser…
- Nous ne sommes pas ivres, déclara fermement Byzix. Nous n’avons pas besoin d’eau froide.
- Qu’’est-ce que vous en savez ? Allez, mettez-vous en maillot de bain.
- En quoi ? fit Anthéa.
- En maillot de bain. Pour vous baigner.
Les Po-Toliens refusèrent à l’unisson, et Carman dut demander ce que c’était.
- Eh bien, ça, par exemple, fit l’un des Espagnols tout en désignant son caleçon à fleures.
- C’est ignoble, fit la princesse.
- C’est mal barré, cette histoire, murmura Byzix, et Anthéa lui rappela, de la même façon, qu’ils n’avaient pas cousu les vêtements de dessous.
La conclusion s’imposa :
- Tirons-nous d’ici.
Et Byzix regarda les Espagnols, leur parlant à voix haute :
- Bon, vous nous excuserez, messieurs, mais je crains que cet endroit ne nous convienne pas. pouvez-vous nous indiquer la ville la plus proche ?
- Mais tout le monde aime la plage !
- Nous verrons cela plus tard. Je crois que ce n’est pas le meilleur endroit pour apprendre vos usages.
L’un des Espagnols se leva, pour aller vers eux. Celui-là avait été le plus discret.
- Moi, je vous crois, dit-il. Je m’appelle Miguel. Je vais me rhabiller et vous montrer la ville.
Byzix avait été surpris que ce dernier pose une main sur son épaule.