Le petit déjeuner.
Le lendemain matin, nos Po-Toliens furent réveillés par des coups à la porte, et entendirent « Petit déjeuner ! » Le capitaine, qui était le plus près de l’entrée du dortoir, se réveilla en sursaut, et enfila rapidement son pantalon pour ouvrir. Une jeune employée était là, avec huit plateaux sur un chariot. Byzix était affolé.
- Que se passe-t-il ?
- Je vous apporte le petit déjeuner. Puis-je entrer ?
- Le petit déjeuner ?
- Déjeuner. Manger.
- Excusez-nous, nous venons de si loin…
Le capitaine batailla pour que la jeune femme n’entre pas, par pudeur et à cause de leurs queues, et aussi parce qu’il savait que la princesse Balea n’aimait pas les intrusions intempestives. Mais rien n’y fit, et l’employée déposa les huit plateaux sur les tables. Heureusement, les autres Po-Toliens eurent l’intuition qu’il ne fallait pas bouger, même si le capitaine entendit la princesse râler.
- Excusez-moi encore, mais comment cela se mange-t-il ? demanda-t-il.
La jeune femme le regarda, étonnée, expliqua pour le pot de lait, le chocolat, le thé ou le café, que tout cela était chaud. A la demande de Byzix, elle coupa un morceau de pain pour lui montrer, y tartina du beurre, puis indiqua la confiture, le jus de fruit frais, la compote, tous faits maison. Enfin, elle lui souhaita bon appétit, avant de prendre congé.
- Mais que ces gens sont hospitaliers ! s’exclama alors Byzix, et de ce fait, tous les autres arrivèrent, sauf la princesse qui bataillait pour entrer dans sa culotte bouffante.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Césig. A manger ?
- Oui. Ils appellent ça le « petit déjeuner ».
Césig s’assit le premier, ravi.
- Et comment ça se mange ?
- A la main.
- A la main ? s’étonna Carman.
- Je vous conseille le pain et le beurre, c’est délicieux. Et il y a de quoi boire. Au choix, des… boissons que nous ne connaissons pas, sauf le thé. Mais la dame a parlé de chocolat, alors ça va vous intéresser, Césig…
- Un peu !! C’est où ?!
Ils se mirent à chercher les différentes choses, goûtèrent de tout, et Anthéa se souvint d’une explication de Miguel à propos des repas sur Maldek.
- Alors c’est ça, le petit déjeuner ! comprit d’un coup Byzix, aux anges.
Lui aussi se régalait de chocolat au lait, et la princesse, après s’être insurgée de les voir manger à la main, faisait de même, se délectant.
- Cette nourriture !! disait-elle. Nom d’une pipe, je m’installerais bien à Atlantia, moi !
Tous la regardèrent, surpris, surtout après le Groenland.
- Eh bien quoi ?
- Nous avons à parler, rappela alors Byzix. Nous avons le vaisseau à retrouver. Et après, il faudra explorer la planète, ce système, aller sur Terre, peut-être aussi ailleurs.
- C’est vrai, nous ne savons rien sur Maldek, ajouta Césig. Nous voulions aller là où ils ont leurs laboratoires écologiques…
- Eh bien, c’en est un, non ? Vous avez vu ce parc ?
Tous furent surpris, à cette remarque, car la princesse avait raison. Ou en tout cas, pour la première fois de leur vie, ils avaient plus de deux hectares de terrain avec de grands vergers, potagers, basse-cour et autres animaux. Sans compter les pergolas qui avaient enchanté les deux femmes, avec leurs belles fleurs odorantes. Ils se regardèrent.
- Bon, je vous l’accord, dit enfin Byzix. Mais il n’en reste pas moins que, sans Miguel, je suis bien embêté pour retrouver mon vaisseau, et nous en avons besoin quoi qu’on fasse…
- Et si nous demandions au directeur de l’association ? suggéra tout à coup Lantar.
- Pour retrouver Miguel, et donc le vaisseau ?
- Oui.
- Décidément, les Terriens ne sont pas fous, avec le petit déjeuner… Ça réveille les neurones ! déclara Césig.