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l'imagination au pouvoir

16 juillet 2025

Le point de vue de Sirius, FIN

Dix ans encore après.

 

  • Maintenant que nous sommes tous ensemble, Camor, Latior, donnez-moi des nouvelles de Po-Tolo ! déclara Balea après avoir installé tous les Po-Toliens, dont ses frères, dans le jardin de sa propriété familiale maltaise.
  • Il n’y a plus personne, Balea, dit Camor, nous avons tous dû partir.
  • Et Mère est probablement morte, seule, fit tristement Latior.

Il était réellement triste, étant plus sensible que son frère. Mais Camor avait des visées de suprématie, même s’il devait désormais en rabattre : ils avaient retrouvé leur sœur grâce à un succès d’édition à propos de Po-Tolo… Ils furent choqués de la voir à peine réagir.

  • Je sais. Mais la planète… s’est désintégrée ?
  • C’est tout ce que ça te fait ? Et comment le sais-tu ?
  • Plus de protocole, commenta Ollibert.
  • Des Po-Toliens sont venus me voir, quand j’ai enfin dit qui j’étais l’année dernière, lors de séances de dédicaces. Beaucoup avaient reconnu Balea de Maggis II Digitaria, de toute façon, à mes photos en Occident. Je crois que c’est justement arrivé l’année dernière ?
  • Oui, répondit Latior. La planète est devenue un lieu de désolation extrême, avec un gaz à effet de serre terrible.
  • Comme sur Kella, observa le désormais ex-capitaine Byzix. Maintenant c’est sûr, je suis à la retraite. Qui a le plus voyagé, les amis ?

Tous se regardèrent, et Camor essaya de plaisanter.

  • Nous, on débarque !
  • A moi, ça me fait quelque chose, que notre Impératrice ait disparu ainsi, soupira Anthéa.
  • Mais tous ne sont pas sur Terre, non ? fit Lantar.
  • Comment, tu n’es pas au courant ? s’étonna son frère. Toi qui es journaliste scientifique à Rome ?
  • Je me disais aussi, mais enfin la Terre n’est pas extensible… Non, je ne sais pas où ils sont tous.
  • Il y en a aussi sur Emma-ya, dans notre système à nous, répondit Byzix. J’ai dû, avec Césig, demander de l’aide pour pouvoir en convoyer davantage, même si nous, nous assurons plutôt les liaisons avec la Terre.
  • Oui, c’est… sentimental, fit Césig.

Il était mi-figue mi-raisin : peu avant la débandade depuis Po-Tolo, il avait perdu ses deux seuls petits-enfants, bébés. D’ailleurs, il avait très envie de retrouver sa femme et ses deux filles, et tout reconstruire avec elles. D’un autre côté, cela faisait quinze ans qu’il n’avait pas fait de long séjour sur Terre, aussi était-il ravi d’être là. Il n’était pas tellement à la conversation, et regardait tous les enfants de son petit groupe. Christos, le fils d’Ollibert et Evangelia, une jolie Grecque qu’il avait épousée, était le plus jeune : trois ans, et ses farces lui rendaient le sourire.

  • Mais Césig, dit Anthéa, tu es resté avec ta femme !
  • Ça n’empêche pas, répondit-il alors qu’elle avait dû lui toucher l’épaule pour le faire revenir à la réalité. J’espère bien que mon autre fille rencontrera un beau Terrien !
  • Vous aussi vous pouvez en rencontrer, Vos Altesses, dit Byzix aux deux frères de Balea.
  • C’est vrai, vous avez dû en baver, remarqua Balea. Je vous le souhaite. Je sais aussi qu’il y a eu pas mal de morts, sur notre planète à l’agonie.
  • Mais… commença Camor.
  • Non, Camor. Notre sœur et le capitaine ont raison. La mienne a fichu le camp avec nos deux enfants, sans me dire où elle partait.
  • Et vous les avez cherchés ? demanda Ollibert.
  • Bien sûr, répondit Latior. Je l’ai cherchée sur Emma-ya sans la trouver, ni en Nouvelle Zélande, ici sur Terre. Ce sont des îles agréables.
  • Et vous avez voulu me revoir quand même.
  • Nous voulions te donner des nouvelles directement, et refaire le lien, dit Camor. Nous avons été très étonnés de te trouver sous un autre nom, sur la couverture d’un livre, et que tu nous aies dit tout à l’heure que tu étais mariée et avais quatre enfants ! Et d’un Terrien en plus !
  • Vous ne pouvez pas comprendre. M’avez-vous seulement lue ?
  • Mais comment se procure-t-on des livres ? Nous en savons si peu, nous, de la Terre !
  • Avec de l’argent. Ollibert, Lantar, Carman, Anthéa, racontons-leur nos vies !

Les quatre autres écoutèrent, ébahis, dans ce grand jardin paradisiaque, à Malte, en pleine Méditerranée, avec les frères d’Inuki Digitaria bien placés pour parler, et aussi agir sur le réchauffement climatique, action facilitée par l’assassinat d’un dirigeant idiot n’y croyant pas, criant au complot encore douze ans plus tôt, à la fin de son second mandat.

  • Ça leur a cloué le bec, conclut Carman, nos scientifiques et les terrestres essayent de travailler ensemble, et c’est loin d’être évident, pour trouver des consensus ! Pire, ici ils sont encore plus lents que nous.
  • Et les enfants ? demanda Latior. Je veux dire : ceux de Po-Toliens et de Terriens ?
  • C’est une histoire de gènes, répondit Lantar, mais la plupart ont perdu le temps de retard génétique potolien. et ça devrait arranger tout le monde ! Rendez-vous dans une génération, et trouvez-vous de jolies Terriennes, vous verrez bien !
  • Zut ! Nos quatre enfants font des bêtises ! s’exclama Anthéa, et elle se leva dans un éclat de rire général.
  • Nos plus jeunes ?
  • Evidemment, mon chéri ! Excusez-moi !

 

FIN

16 juillet 2025

le point de vue de Sirius, 50° épisode

Cinq ans plus tard…

 

  • Balea ! s’exclama Carman, ravi. Nous vous attendions. Mais je croyais que tu te voilais…
  • Ça dépend où, dit-elle avec un sourire. Nous venons de Malte, je te présente mon mari, Toufik.
  • Enchanté, monsieur, fit l’interpellé.

Les deux fils du couple trottaient avec une démarche assurée, malgré leur jeune âge, et allèrent vers Carlo, celui de Carman et Lucia.

  • Entrez ! engagea Carman. Lucia cuisine de plus en plus pour les grandes tablées ! Les enfants ! Deva !

Une petite fille apparut, d’environ trois ans, son joli visage plut aussitôt à Toufik, qui complimenta l’heureux père. Carman avait appris à éviter ses incursions télépathiques, et que l’ancienne princesse de Po-Tolo ait communiqué avec lui ainsi l’avait surpris. De plus, elle avait changé, avait les traits plus fins, laissé pousser ses cheveux et se maquillait avec du khôl, du henné. Carman se surprit même à la trouver vraiment jolie, même si Balea n’avait perdu que peu de poids – la grossesse, sans doute. Surtout, il ne l’avait jamais vue irradier ainsi.

  • Tu fais les présentations, mon chéri ? suggéra Lucia en arrivant à son tour, une pile de livres dans les bras. Balea ! Mais tu es magnifique !

Ce fut Toufik qui se rengorgea. Sa femme présenta leurs deux enfants, de deux ans, Thot et Malik, et Carman en fit autant de son côté. Lucia, quand ce fut son tour, pria leurs invités d’excuser le bazar de leur nouvelle maison, où ils étaient en train d’emménager. Ils avaient beaucoup de livres, Lucia étant devenue enseignante de latin, et Carman continuant de s’informer sur la Terre.

  • Et vous vivez à Malte ? demanda Lucia à Balea et Toufik.
  • Non, dans la banlieue du Caire, répondit celui-ci. Mais nous allons à Malte en vacances, où j’ai une propriété familiale. Et les enfants sont ravis…

Carlo avait commencé à parler italien, et tous furent étonnés d’entendre des enfants de deux ans répondre à leur manière, en arabe, tout en montrant qu’ils se comprenaient. Lucia n’en revenait pas, Carman riait, dit quelques mots en potolien à ses enfants.

  • Oh, papa ! fit Deva sur un ton réprobateur.
  • Mais si, c’est notre langue à tous les trois, et à Balea… Mais je vais appeler Ollibert. Je suis devenu un pro du téléphone !

Mais Ollibert ne put échanger que peu de mots avec son compatriote : il était à son travail, dans un hôtel de luxe napolitain, où il était en train de manager le service d’étage.

  • On s’appelle ! finit-il par dire.
  • Dommage, commenta Balea quand Carman lui expliqua tout cela.

Lucia avait servi des rafraîchissements, une bonne cassata, dont les quatre enfants se régalaient déjà. Carman rangea son mini I-Phone, l’enlevant de son poignet.

  • Et ton frère, comment va-t-il ? demanda Balea. Je n’ai pas pu rester en contact avec le capitaine et Césig, je suppose donc qu’ils sont à… sur notre planète.
  • Oui, sûrement, car je ne le sais pas non plus. Par contre, quelques mois après la naissance de ses enfants, mon frère et Anthéa ont ressenti le besoin de gagner de l’argent, pour avoir une vraie maison. Les grottes des îles Egades, ça va bien cinq minutes !

Cela les fit tous rire. Toufik et Balea connaissaient la Sicile pour l’avoir visitée ensemble, avant la naissance de Thot et de Malik, et de nouveau, ce fut, de la part des deux Po-Toliens, des commentaires laudateurs sur la vie terrestre. Lucia et Toufik écoutaient, amusés, s’aperçurent que leurs conjoints respectifs étaient bien pareils, tous les deux.

  • Ollibert aussi, ajouta Lucia. Mais alors, quel dragueur ! Il ne cesse de papillonner !
  • Oui, il aime vraiment les Italiennes ! fit Carman en riant.
  • J’aurais aimé rencontrer Lantar et Anthéa, confessa Toufik. Et il y a un mystère sur le capitaine et le copilote de votre mission… Personne ne sait vraiment rien ?
  • Si Carman ne sait pas non plus…
  • Deva ! s’écria Lucia en se levant précipitamment, se tenant le ventre.

Mais Thot avait aussitôt prévenu la chute de sa nouvelle amie. Lucia respira. Le petit babillait.

  • Ça va, tesoro ? s’enquit la maman.
  • Fais attention, ma chérie, pour le petit dernier.
  • Ah, parce que… fit Toufik avec un sourire.
  • Oui, nous en attendons encore un. Ou deux. Lucia n’en est pas à son troisième mois.
  • Et quel est ton métier, Carman ?
  • Je suis secrétaire de direction dans une entreprise qui s’occupe d’énergies renouvelables. Depuis l’assassinat du dirigeant américain, c’est redevenu à la mode, et je respire.
  • Ah, celui-là ! Mais moi, j’ai fini par comprendre le vrai problème avec le voile, je suis avec les Iraniennes…
  • Oui, enfin, ne va pas trop vite, ma gazelle, le monde arabe n’est toujours pas prêt…
  • Je m’en fiche, j’écrirai ! Je suis en train de chercher mon nom de plume…
  • Dans quelle langue ? s’enquit Lucia.
  • En arabe. Je voudrais frapper un grand coup, la sujétion féminine, y en a marre !
  • Oui, enfin… reprit Toufik.
  • Vous avez des progrès à faire, dit très sérieusement Balea à son mari et à Lucia. Votre histoire n’est pas finie !

 

4 juillet 2025

Le point de vue de Sirius, 49° épisode

Quelle direction ?

 

  • Ça va aller, Césig ? demanda Ollibert après avoir lacéré sa veste pour panser les plaies à vif.
  • Ces… plus que chats nous ont pris par traîtrise, répondit-il. Kella ne nous vaut rien, c’est moi qui vous le dis !

Le capitaine avait l’air sombre, lorsqu’un de leurs ennemis félins arriva en courant. C’était une fille d’Akil, avec ses congénères, qui les agressa verbalement, disant que sur Kella, c’était chacun pour soi. Byzix en tira ses conclusions, tandis qu’Antoinette tendait la canne qu’elle venait de bricoler pour Césig, à ce dernier. Il la remercia.

  • C’est bon, cette fois nous avons compris ! fit le capitaine. Nous n’avons strictement rien à faire sur cette planète !
  • De toute façon, depuis que notre étoile provoque un changement climatique, tout va de travers. Nous disparaîtrons tous ! prophétisa la fille d’Akil avec son regard royal. Filez !

Les Po-Toliens et Antoinette ne se le firent pas dire deux fois et, dans la quasi-obscurité, levèrent le camp, après avoir éteint le feu, pour retourner à leur vaisseau. Césig allait en clopinant, les ralentissant, et Antoinette et Balea n’en menaient pas large, tremblant encore de l’attaque qu’elles venaient d’éviter. Les autres allaient plutôt crânement, même Anthéa, bien qu’elle approchât des neuf mois de sa grossesse, et cela se voyait, main dans la main avec Lantar. Carman et Byzix félicitaient Ollibert. Etant ralentis, le chemin leur sembla long, surtout à Césig, son mollet le lançant malgré les soins d’Ollibert. Le capitaine avait activé seul le champ de défense, par précaution. Enfin, dans ce paysage désolé et obscur, en baillant, ils parvinrent au vaisseau, et Lantar aida Césig à monter derrière le capitaine. Ces derniers s’installèrent au poste de commande, où Césig s’affala, essayant d’adopter la position la plus confortable possible. Mais les plus soulagées d’être en sécurité étaient bien Antoinette et Balea.

  • Je crois que nous avons tous besoin de nous reprendre, déclara le capitaine. Si vous voulez vous détendre, profitez-en, ici au moins, ces gros chats ne nous lanceront pas des projectiles comme les… Djachiens…
  • Ramarac nous avait prévenus le premier, rappela Balea. Mais vous avez voulu insister, capitaine.
  • Oui, j’ai eu tort. Leur réchauffement climatique est encore plus rapide que sur Po-Tolo…
  • Direction la Terre ? demanda Césig.
  • Vous devriez vous reposer, Césig, suggéra Ollibert.
  • Au moins, prenez un anti-douleur, si vous voulez partir rapidement, conseilla le capitaine. Je vais chercher la trousse de secours.
  • Oh, merci.
  • Et toi, ma chérie ?
  • Oh, moi ça va ! Il faut que nous retournions en Italie, mon chou. Sur Terre.

Lantar eut tout à coup un geste tendre, ce qui l’étonna lui-même, et qui fit sourire Antoinette.

  • Oui, vous êtes mûrs, jugea-t-elle, mais moi, je devrai retourner à Maldek.
  • Pardon, Votre Altesse, fit machinalement Byzix pour pouvoir récupérer la trousse de secours.
  • J’ai dit qu’il n’y avait plus d’Altesse ! Je m’appelle Balea ! J’ai dormi à la dure comme tout le monde, ici !

Mais la princesse n’osait pas avouer qu’à cause de cela, elle avait très mal au dos… Vivre sur Terre lui avait appris plusieurs choses, qu’elle voulait mettre à profit. Au régime où ils avaient été, toute cette marche, les repas frugaux, elle avait sans doute perdu un peu du poids qu’elle avait pris sur Terre. Où d’ailleurs tout le monde, à l’exception d’Antoinette, voulait retourner, le plus impatient étant Carman. Et chacun ne manqua pas de le dire.

  • Direction la Terre, alors ? redemanda Césig.
  • Mais vous, vous allez devoir faire votre rapport à ma Mère !
  • Au train où ça va, je ne suis pas sûr que Césig et moi nous attarderons sur Po-Tolo. Qui vient avec nous, au fait ?

Et le capitaine leva le nez du placard. Balea se leva pour aller prendre de quoi se soutenir le dos sur une couchette, et personne ne leva la main.

  • Je vois… fit le capitaine. Mais vous, Votre Alt… euh, Balea ?
  • J’étais beaucoup plus à l’aise sur Terre aussi, et je me suis fait des amis en Egypte, que j’ai très envie de revoir !
  • Quoi, vous voulez vivre sous un voile ? s’étonna Antoinette.
  • Moi, ça m’arrange. Je suis potolienne…
  • Mais alors, Ollibert ? demanda le capitaine.
  • Je vous relève de vos fonctions, vous l’avez bien mérité, déclara Balea.
  • Oh ! Alors je vais faire comme Carman, et retourner à Naples.
  • Et vous, Lantar ?
  • Des îles de la Méditerranée nous conviendraient bien… Pour accoucher, je préfèrerais, répondit Anthéa à la place de son mari.
  • De toute façon, capitaine, notre mission touche à sa fin, fit Césig.
  • Oui… Où vous déposons-nous, Vot… Balea ? Au Caire, ou à Louxor ?
  • Au Caire, près de Leïla et d’Abdallah.
  • Et Antoinette à Atlantia, sur Maldek. Césig, pouvez-vous le noter ?
28 juin 2025

Encore des nouvelles

 

J'ajouterai le plaisir de lecture, et de constater que oui, on écrit encore des nouvelles, Bernard Quiriny étant sans doute avant tout un auteur de nouvelles. Je viens de le découvrir, et j'ai ri, frissonné, cela vous procure réellement des émotions, ce qui est ce qu'on demande à un livre, et qui fait qu'on a envie d'en lirez davantage en le refermant. Moi qui aime le fantastique, le pas de côté, j'ai été gâtée. Je vous le conseille donc pour cet été, à moins que vous préfériez le lire en poche ? Ces Nouvelles nocturnes étant sorties il y a quelques mois, ce ne sera pas tout de suite le cas pour celui-ci, mais enfin j'en ai repéré ! Au fait, si vous voulez des nouvelles de Sherlock Holmes, vous avez frappé à la bonne porte ! 

20 juin 2025

Pioupiou

 

Il est vrai que Yohan était tactile : c’était là son moindre défaut. Mais pour une fois, il ne l’avait même pas fait exprès. Il était dans le train avec sa tante Yvonne, plutôt jolie pour son âge, mais d’un caractère assez austère. Le voyage durait. Il y avait, dans le compartiment, une jeune femme plutôt accorte, avec un sourire qui plaisait beaucoup au jeune homme, sur le point de s’enrôler. Or il ne le voulait pas, en réalité, car Yohan était un garçon doux, prévenant. Pourtant, il eut le malheur, en baissant la vitre à cause de la chaleur, d’effleurer l’épaule à peine dénudée de cette jeune femme. Il se confondit aussitôt en excuses, et tante Yvonne sortit de son mutisme pour le remettre à sa place.

  • Mais il n’y a pas de mal, madame ! dit la jeune femme. Votre fils n’a rien fait de répréhensible !
  • Non, bien sûr, je ne voulais pas vous heurter, mademoiselle.
  • C’est mon neveu, répartit tante Yvonne avec hauteur. Il ne vous a donc pas désobligée ?
  • Non, pas du tout, au contraire.

Durant cet échange, Yohan avait viré coquelicot. Il était contre cette guerre absurde, craignait de dévoiler son identité. Non, il avait de moins en moins envie d’aller se faire massacrer au nom de la sûreté de l’Etat. Il voulait aimer, peut-être cette jolie jeune fille, mais le regard de sa tante qui semblait le sonder…

  • Tante Yvonne, osa-t-il. Mes cousins sont déjà morts, tu es sûre que je…
  • Oui ! Qu’est-ce que tu regardes, comme ça ?
  • Le soleil, les champs… La vie, en somme.

Et la jeune fille lui décocha un sourire charmant. Yohan hésita : il avait très envie de repartir dans l’autre sens, avec elle. Et avec tante Yvonne qui avait perdu tous ses fils, pour refaire leur vie loin, très loin…

 

Avril 2025 (atelier d’écriture)

13 juin 2025

Le point de vue de Sirius, 48° épisode

V I P.

 

  • Salut, les extraterrestres ! fit plaisamment Lucia, et Carman eut un petit rire.

Il était complètement épanoui, à présent, même s’il continuait de comprimer sa queue de lézard sous son pantalon. Il avait d’ailleurs un grand sourire. Le capitaine resta saisi, alors que Césig et Lantar ne pouvaient s’empêcher de rire. Césig trouva la parade, non sans ironie.

  • Bienvenue depuis la planète Petits rigolos !

Antoinette éclata carrément de rire.

  • Sérieusement, Césig, je sais tout. Impossible, au lit, de passer à côté de certaines de vos caractéristiques physiques ! lui répliqua Lucia.

Elle et Carman rirent de l’ahurissement des Po-Toliens.

  • Mais nous… commença Antoinette.
  • Non, vous, vous avez cinq doigts, un front terrien, dit Carman. Mais ça devait arriver, qu’est-ce que vous croyez ?!

La princesse toussota, et la maîtresse de maison dut mettre tout le monde à l’aise.

  • Allez, on va marquer le coup de ce jour férié ! conclut-elle.
  • Mais nous n’avons pas nos tenues des grands jours ! se récria Anthéa.
  • Jamais qui vous parle des tenues ?! Vous êtes très bien comme vous êtes. J’ai aussi dû le dire à Carman, quand je dis « marquer le coup », c’est pour un repas, tout simplement.

Le sourire d’Antoinette s’élargissait de plus en plus.

  • On voit que vous êtes… plus tolérante que la moyenne, dit-elle à Lucia.
  • Je côtoie toutes sortes de gens, en tant que guide touristique, et je garde mes réflexions pour moi. J’ai toujours voté socialiste. Notre première ministre est abjecte, j’ai honte de la classe politique de mon pays.

La princesse toussotait de plus en plus belle, et Ollibert lui fit du coude. Carman riait toujours.

  • Capitaine, je pourrais vous parler de la vie politique actuelle sur Terre…
  • Eh bien, cela intéressera la… euh…

Byzix regarda la princesse.

  • Oh, oui, je peux le dire, maintenant, soupira celle-ci. Je suis la fille de l’Impératrice de Po-Tolo… Je suppose que Carman vous l’a dit aussi ?
  • Non, je ne le savais pas, mais vous avez un majordome, j’ai donc pensé que vous étiez un personnage important.
  • Je refuse d’être une personne importante, déclara alors la princesse. Je…
  • Mais Votre Altesse ! s’insurgea le capitaine.
  • Il suffit ! Ici sur Terre, je ne veux être que Balea. Je me fais assez remarquer comme cela !
  • Ça veut dire que votre chef est une femme, c’est intéressant, jugea Lucia. Notre première ministre…
  • Qu’est-ce que c’est ? demanda Lantar.
  • Une première ministre ? Ça dépend des pays, et ça n’existe que dans les démocraties… qui se veulent telles.
  • Vous n’avez pas de président terrestre ?
  • Non, les différents pays sont beaucoup trop divers les uns par rapport aux autres, et en plus, c’est l’extrême-droite qui est souvent là… soupira Lucia.

Mais elle aurait aussi bien pu parler mammouth, et s’en rendit compte en constatant l’incompréhension totale des Po-Toliens. Aussi, tout en commençant à servir l’apéritif, Lucia tenta une explication, parla des Etats-Unis et de leur président en termes peu élogieux, puis demanda :

  • Mais alors, comment faites-vous, sur Po-Tolo ?
  • Mère a tous les pays à sa botte, et chaque sous-dirigeant doit lui rendre des comptes.
  • Mais la tâche doit être colossale ! Si vous avez autant de pays que sur Terre... remarqua Antoinette, ravie tout à coup de l’occasion qui se présentait d’en savoir plus.
  • Ça dépend, combien avez-vous de pays ? s’enquit le capitaine.
  • Environ… deux cents.

Les Po-Toliens ouvrirent des yeux ronds : sur Po-Tolo, ceux-ci étaient dix fois moins nombreux ! Ils se mirent à échanger avec passion, sauf Ollibert et Anthéa, qui se tenaient en retrait, mais toujours en bonne et franche camaraderie, d’autant que la cuisine de Lucia s’avéra effectivement délicieuse.

  • Tu as trouvé une perle, frérot, se permit Lantar.
  • Au fait capitaine, je tiens à vous dire qu’entre Lucia et moi, c’est vraiment très sérieux.

Byzix s’en réjouit, ainsi que les trois femmes de son groupe. De plus, Carman était assis à côté de la maîtresse de maison, et le nouveau couple irradiait, ce qui avait frappé Antoinette.

  • Peut-être que j’irai un jour sur Po-Tolo, moi aussi… risqua Lucia, mais devant les toussotements et notamment ceux de Balea, elle resta perplexe.
  • Je t’en parlerai à mon retour, ma chérie.
6 juin 2025

les bien nés

"l'art constitue la forme de vie de ceux qui en vérité ne vivent pas ; une compensation, un ersatz. Cela ne justifie nullement, du reste, le repli dans une tour d'ivoire : un poète ne doit pas renoncer à la vie. C'est la vie qui se charge de lui échapper."

Eugenio Montale, fausse interview

 

"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres."

Eugène Ionesco

 

Moi, j'en tire mes propres conclusions ; et vous ?

 

 

 

30 mai 2025

Voyages spatio-temporels

 dans les livres bien sûr !

1ere étape : Liban, années 1830

Amin Maalouf, Le rocher de Tanios

Le prix Goncourt de l'actuel secrétaire perpétuel de l'Académie française. Un prix tout à fait mérité, pour les valeurs qu'il communique, et ce talent de conteur ! Histoire et légende se mêlent, un vrai plaisir.

 

2ème étape : Venezuela, à  travers le XX° siècle

Miguel Bonnefoy, Le rêve du jaguar

Histoire d'un orphelin, recueilli par une mendiante muette, comment il va s'élever après avoir vécu la misère. Une véritable saga, sur  plusieurs générations, qui passe toute seule, moins de 300 pages. De la société vénézuelienne...

 

3ème étape : Suède, années 1990

Henning Mankell, Les nuits de la St Jean

Un livre que je ne "divulgâcherai" pas. Le héros, récurrent, l'inspecteur Kurt Wallander, traverse une enquête qui mettra à mal sa résistance physique et morale,  ou quand un meurtrier s'en prend à des jeunes durant la nuit de la St Jean (midsommar, en suédois)

 

4ème étape : Etats Unis, années 2010

Daniel Mendelsohn est un auteur américain, professeur d'université en  Lettres  classiques et, lors d'un séminaire, enseigne l'Odyssée à ses étudiants. Son père de 81 ans y participe. Vous partirez aussi bien aux Etats Unis, qu'au temps d'Homère  et de ses héros ;  ces deux odyssées résonnent, car l'auteur y redécouvre son père... Très fort, sur la relation père - fils. Brillant !

 

5ème étape : Japon, années 2020

Michiko Aoyama, La bibliothèque des rêves secrets

Ou comment une bibliothécaire, le fil rouge de ce roman choral, va changer la vie, par les livres, de cinq personnes d'âges et de milieux divers. Vous en apprendrez aussi sur la civilisation japonaise. C'est son premier roman, surveillez cette autrice !

20 mai 2025

Le point de vue de Sirius, 51° épisode

Retrouvailles.

 

Lantar rigolait, alors qu’avec Carman et Antoinette, ils approchaient de chez Lucia, à Naples, celle-ci ayant invité Carman à s’installer chez elle à peine lui avait-il dit qu’ils étaient revenus – pour elle. De ce fait, Ollibert allait se retrouver seul dans sa chambre d’hôtel… Carman s’en réjouissait, mais appréhendait aussi.

  • Ça va bien se passer, il n’y a pas de raison, si elle te plaît, disait Lantar.
  • Et vous savez que les Italiens sont très chaleureux. Souvenez-vous des Diparte ! ajoutait Antoinette. Et en plus, vous avez plein de petits cadeaux à lui donner !

D’ailleurs, une fois arrivés, Lucia proposa à boire à tous, toute rose à l’idée de revoir Carman.

  • C’est gentil, mais les autres nous attendent, s’excusa Lantar, et il cligna discrètement de l’œil pour son frère.
  • En plus, Carman n’a pas arrêté de penser à vous, retrouvez-vous donc ! fit Antoinette. Vous allez voir. Ça va aller, Carman, n’est-ce pas ?!
  • Bien sûr, dit-il avec le plus de force possible, car Lucia s’était faite particulièrement belle pour lui.

En effet, elle portait un joli décolleté arrondi, et avait mis ses jambes, potelées juste ce qu’il fallait, en valeur, un peu de fond de teint. En somme, elle était tout à fait appétissante. Dès qu’ils furent seuls, Lucia demanda :

  • Tu ne m’embrasses pas ?
  • Euh si…

Il l’embrassa simplement sur chaque joue.

  • Non, pas comme ça ! Souviens-toi ! Tu vas voir, je vais m’occuper de toi comme tu le mérites.

Et elle lui vola un baiser sur les lèvres, ce qui laissa Carman dans un état second, alors Lucia éclata de rire.

  • Ça ne fait rien. Ça ne se fait peut-être pas, dans ton pays…

Il ne dit rien, chaviré, puis fouilla dans son sac à la recherche de ses cadeaux. Elle aussi avait quelque chose pour lui, ils les échangèrent et se mirent à rire.

  • Que c’est beau ! Vous êtes allés en Tunisie, alors !
  • Oui, et donc en Egypte. Nous avons découvert le désert…
  • C’est particulier, hein ? En fait, je connais peu ce pays, seulement Tunis et ses environs. En fait, je connais le désert en Algérie, c’est le même. Le Sahara est si grand !

Pendant tout le repas, aux chandelles, ce qui surprit fort Carman, et la soirée, ils parlèrent de leurs voyages, de la France. Il essayait de cacher son étonnement face aux Terriens, mais à part cela, Carman se sentait de plus en plus à l’aise, et Lucia avait de si beaux yeux, un sourire si engageant !

Malgré cela, il se retrouva assez gêné, quand Lucia lui dit qu’entre gens qui se plaisent, surtout de sexe opposé, ça se faisait de dormir ensemble, car il ne fut pas dupe, et il pensa à sa queue…

  • Oh, allez Carman ! Tu dois être intelligent, avec le front que tu as ! Et tu as un très beau visage.

Ces compliments lui allèrent droit au cœur, et il repensa à ce que lui avait dit son frère pendant le voyage retour d’Afrique : « Lucia n’a jamais fait de remarques sur notre apparence ! » Et c’était vrai. Mais quel rapport entre le front et l’intelligence ? Mais s’il fut perplexe, il se rassura. Simplement, il alla enfiler son pyjama dans la salle de bain, conscient que sa compagne finirait par découvrir sa queue, s’ils dormaient dans le même lit, et qu’il devrait très probablement lui révéler leur véritable nature. Il appuya dessus à s’en faire mal, en serrant les dents.

Quand il en ressortit, Carman se dirigea donc vers la chambre de Lucia, et la trouva dans une chemise de nuit encore plus courte qu’il ne l’imaginait : en réalité, il s’agissait d’une nuisette, et on voyait très bien le 90B de la jeune femme. Il faillit en perdre les pédales : Lucia était si belle ! Et lui, il se sentait tout penaud, avec son pyjama orné de chats.

  • Oh, tu aimes les chats ?
  • Ce sont de très beaux animaux, dit Carman plus pour se reprendre. Et si doux !
  • Tu vois que tu touches les animaux ! L’homme en est un, je te rappelle !
  • Tu es… très belle.

Lucia eut un grand sourire et se pendit à son cou. Pour la première fois de sa vie, Carman embrassa une femme comme les Terriens, ce qui lui procura des sensations inconnues. Mais il fit des manières, disant qu’il préférait mieux la connaître avant d’aller plus loin.

  • Remarque, tu as raison, même si tu m’as manqué, fit Lucia. Tiens, pour te mettre à l’aise, je vais lire un peu. Si tu n’as pas de livres, je te prête ma bibliothèque…
  • Merci, j’en ai, répondit Carman. Je vais le chercher.

Il revint peu après avec Salammbô de Gustave Flaubert, qui lui rappelait Carthage, et chacun se mit à lire avant d’éteindre la lumière, après un petit baiser qui l’invita au sommeil. « Dans le fond, c’est agréable… » se dit Carman tout en serrant les fesses.

14 mai 2025

Atelier d'écriture

Depuis quelques mois, je participe à un atelier d'écriture, mais il y en a rarement assez à mon goût sur un mois, et donc il m'arrive de reprendre à mon compte la façon de faire de l'animateur, mais en solitaire. Si donc vous avez envie d'écrire à votre tour, voici quelques idées de jeux. Je peux vous en donner plus, collectifs ceux-là, ou d'autres pistes encore, si et seulement si cela en intéresse certains. 

Des mots, des expressions ou des phrases peuvent déclencher l'inspiration, voici donc comment en trouver. Vous prenez n'importe quel texte (dans un livre, des journaux, des publicités...) et relevez, au hasard, au moins une demi-douzaine de mots ou expressions. Ce sera beaucoup plus amusant en variant les sources, il n'y a pas que les romans. Vous pouvez les feuilleter, ou l'ouvrir à une page au hasard. Autre façon de faire : choisir un numéro de page au hasard, sans ouvrir le livre tout de suite, puis vous y reporter et prendre ce qui vous inspire, mots ou phrase. Si vous choisissez cette façon de faire, vous pouvez aussi soit prolonger le texte que vous avez sous les yeux, sans regarder les pages précédente et suivante ; soit choisir une phrase pour l'insérer dans le texte que vous écrirez. Vous pouvez très bien prendre aussi un long article dans un magazine et faire de même. Et fixez-vous un temps d'écriture, 10 minutes est une bonne moyenne. 

Tout cela fait quelques pistes pour déchaîner votre imagination. C'est à vous ! Faites-vous plaisir !

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l'imagination au pouvoir
  • Entrez donc dans l'un des royaumes de l'imagination, la mienne, où vous croiserez êtres fantastiques, âmes en peine, beaucoup de chats... Vous pourrez y trouver d'autres aventures, ou jouer avec moi, les mots... Le continent des lettres est si vaste !
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