Le point de vue de Sirius, FIN
Dix ans encore après.
- Maintenant que nous sommes tous ensemble, Camor, Latior, donnez-moi des nouvelles de Po-Tolo ! déclara Balea après avoir installé tous les Po-Toliens, dont ses frères, dans le jardin de sa propriété familiale maltaise.
- Il n’y a plus personne, Balea, dit Camor, nous avons tous dû partir.
- Et Mère est probablement morte, seule, fit tristement Latior.
Il était réellement triste, étant plus sensible que son frère. Mais Camor avait des visées de suprématie, même s’il devait désormais en rabattre : ils avaient retrouvé leur sœur grâce à un succès d’édition à propos de Po-Tolo… Ils furent choqués de la voir à peine réagir.
- Je sais. Mais la planète… s’est désintégrée ?
- C’est tout ce que ça te fait ? Et comment le sais-tu ?
- Plus de protocole, commenta Ollibert.
- Des Po-Toliens sont venus me voir, quand j’ai enfin dit qui j’étais l’année dernière, lors de séances de dédicaces. Beaucoup avaient reconnu Balea de Maggis II Digitaria, de toute façon, à mes photos en Occident. Je crois que c’est justement arrivé l’année dernière ?
- Oui, répondit Latior. La planète est devenue un lieu de désolation extrême, avec un gaz à effet de serre terrible.
- Comme sur Kella, observa le désormais ex-capitaine Byzix. Maintenant c’est sûr, je suis à la retraite. Qui a le plus voyagé, les amis ?
Tous se regardèrent, et Camor essaya de plaisanter.
- Nous, on débarque !
- A moi, ça me fait quelque chose, que notre Impératrice ait disparu ainsi, soupira Anthéa.
- Mais tous ne sont pas sur Terre, non ? fit Lantar.
- Comment, tu n’es pas au courant ? s’étonna son frère. Toi qui es journaliste scientifique à Rome ?
- Je me disais aussi, mais enfin la Terre n’est pas extensible… Non, je ne sais pas où ils sont tous.
- Il y en a aussi sur Emma-ya, dans notre système à nous, répondit Byzix. J’ai dû, avec Césig, demander de l’aide pour pouvoir en convoyer davantage, même si nous, nous assurons plutôt les liaisons avec la Terre.
- Oui, c’est… sentimental, fit Césig.
Il était mi-figue mi-raisin : peu avant la débandade depuis Po-Tolo, il avait perdu ses deux seuls petits-enfants, bébés. D’ailleurs, il avait très envie de retrouver sa femme et ses deux filles, et tout reconstruire avec elles. D’un autre côté, cela faisait quinze ans qu’il n’avait pas fait de long séjour sur Terre, aussi était-il ravi d’être là. Il n’était pas tellement à la conversation, et regardait tous les enfants de son petit groupe. Christos, le fils d’Ollibert et Evangelia, une jolie Grecque qu’il avait épousée, était le plus jeune : trois ans, et ses farces lui rendaient le sourire.
- Mais Césig, dit Anthéa, tu es resté avec ta femme !
- Ça n’empêche pas, répondit-il alors qu’elle avait dû lui toucher l’épaule pour le faire revenir à la réalité. J’espère bien que mon autre fille rencontrera un beau Terrien !
- Vous aussi vous pouvez en rencontrer, Vos Altesses, dit Byzix aux deux frères de Balea.
- C’est vrai, vous avez dû en baver, remarqua Balea. Je vous le souhaite. Je sais aussi qu’il y a eu pas mal de morts, sur notre planète à l’agonie.
- Mais… commença Camor.
- Non, Camor. Notre sœur et le capitaine ont raison. La mienne a fichu le camp avec nos deux enfants, sans me dire où elle partait.
- Et vous les avez cherchés ? demanda Ollibert.
- Bien sûr, répondit Latior. Je l’ai cherchée sur Emma-ya sans la trouver, ni en Nouvelle Zélande, ici sur Terre. Ce sont des îles agréables.
- Et vous avez voulu me revoir quand même.
- Nous voulions te donner des nouvelles directement, et refaire le lien, dit Camor. Nous avons été très étonnés de te trouver sous un autre nom, sur la couverture d’un livre, et que tu nous aies dit tout à l’heure que tu étais mariée et avais quatre enfants ! Et d’un Terrien en plus !
- Vous ne pouvez pas comprendre. M’avez-vous seulement lue ?
- Mais comment se procure-t-on des livres ? Nous en savons si peu, nous, de la Terre !
- Avec de l’argent. Ollibert, Lantar, Carman, Anthéa, racontons-leur nos vies !
Les quatre autres écoutèrent, ébahis, dans ce grand jardin paradisiaque, à Malte, en pleine Méditerranée, avec les frères d’Inuki Digitaria bien placés pour parler, et aussi agir sur le réchauffement climatique, action facilitée par l’assassinat d’un dirigeant idiot n’y croyant pas, criant au complot encore douze ans plus tôt, à la fin de son second mandat.
- Ça leur a cloué le bec, conclut Carman, nos scientifiques et les terrestres essayent de travailler ensemble, et c’est loin d’être évident, pour trouver des consensus ! Pire, ici ils sont encore plus lents que nous.
- Et les enfants ? demanda Latior. Je veux dire : ceux de Po-Toliens et de Terriens ?
- C’est une histoire de gènes, répondit Lantar, mais la plupart ont perdu le temps de retard génétique potolien. et ça devrait arranger tout le monde ! Rendez-vous dans une génération, et trouvez-vous de jolies Terriennes, vous verrez bien !
- Zut ! Nos quatre enfants font des bêtises ! s’exclama Anthéa, et elle se leva dans un éclat de rire général.
- Nos plus jeunes ?
- Evidemment, mon chéri ! Excusez-moi !
FIN
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