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l'imagination au pouvoir

20 juin 2025

Pioupiou

 

Il est vrai que Yohan était tactile : c’était là son moindre défaut. Mais pour une fois, il ne l’avait même pas fait exprès. Il était dans le train avec sa tante Yvonne, plutôt jolie pour son âge, mais d’un caractère assez austère. Le voyage durait. Il y avait, dans le compartiment, une jeune femme plutôt accorte, avec un sourire qui plaisait beaucoup au jeune homme, sur le point de s’enrôler. Or il ne le voulait pas, en réalité, car Yohan était un garçon doux, prévenant. Pourtant, il eut le malheur, en baissant la vitre à cause de la chaleur, d’effleurer l’épaule à peine dénudée de cette jeune femme. Il se confondit aussitôt en excuses, et tante Yvonne sortit de son mutisme pour le remettre à sa place.

  • Mais il n’y a pas de mal, madame ! dit la jeune femme. Votre fils n’a rien fait de répréhensible !
  • Non, bien sûr, je ne voulais pas vous heurter, mademoiselle.
  • C’est mon neveu, répartit tante Yvonne avec hauteur. Il ne vous a donc pas désobligée ?
  • Non, pas du tout, au contraire.

Durant cet échange, Yohan avait viré coquelicot. Il était contre cette guerre absurde, craignait de dévoiler son identité. Non, il avait de moins en moins envie d’aller se faire massacrer au nom de la sûreté de l’Etat. Il voulait aimer, peut-être cette jolie jeune fille, mais le regard de sa tante qui semblait le sonder…

  • Tante Yvonne, osa-t-il. Mes cousins sont déjà morts, tu es sûre que je…
  • Oui ! Qu’est-ce que tu regardes, comme ça ?
  • Le soleil, les champs… La vie, en somme.

Et la jeune fille lui décocha un sourire charmant. Yohan hésita : il avait très envie de repartir dans l’autre sens, avec elle. Et avec tante Yvonne qui avait perdu tous ses fils, pour refaire leur vie loin, très loin…

 

Avril 2025 (atelier d’écriture)

13 juin 2025

Le point de vue de Sirius, 48° épisode

V I P.

 

  • Salut, les extraterrestres ! fit plaisamment Lucia, et Carman eut un petit rire.

Il était complètement épanoui, à présent, même s’il continuait de comprimer sa queue de lézard sous son pantalon. Il avait d’ailleurs un grand sourire. Le capitaine resta saisi, alors que Césig et Lantar ne pouvaient s’empêcher de rire. Césig trouva la parade, non sans ironie.

  • Bienvenue depuis la planète Petits rigolos !

Antoinette éclata carrément de rire.

  • Sérieusement, Césig, je sais tout. Impossible, au lit, de passer à côté de certaines de vos caractéristiques physiques ! lui répliqua Lucia.

Elle et Carman rirent de l’ahurissement des Po-Toliens.

  • Mais nous… commença Antoinette.
  • Non, vous, vous avez cinq doigts, un front terrien, dit Carman. Mais ça devait arriver, qu’est-ce que vous croyez ?!

La princesse toussota, et la maîtresse de maison dut mettre tout le monde à l’aise.

  • Allez, on va marquer le coup de ce jour férié ! conclut-elle.
  • Mais nous n’avons pas nos tenues des grands jours ! se récria Anthéa.
  • Jamais qui vous parle des tenues ?! Vous êtes très bien comme vous êtes. J’ai aussi dû le dire à Carman, quand je dis « marquer le coup », c’est pour un repas, tout simplement.

Le sourire d’Antoinette s’élargissait de plus en plus.

  • On voit que vous êtes… plus tolérante que la moyenne, dit-elle à Lucia.
  • Je côtoie toutes sortes de gens, en tant que guide touristique, et je garde mes réflexions pour moi. J’ai toujours voté socialiste. Notre première ministre est abjecte, j’ai honte de la classe politique de mon pays.

La princesse toussotait de plus en plus belle, et Ollibert lui fit du coude. Carman riait toujours.

  • Capitaine, je pourrais vous parler de la vie politique actuelle sur Terre…
  • Eh bien, cela intéressera la… euh…

Byzix regarda la princesse.

  • Oh, oui, je peux le dire, maintenant, soupira celle-ci. Je suis la fille de l’Impératrice de Po-Tolo… Je suppose que Carman vous l’a dit aussi ?
  • Non, je ne le savais pas, mais vous avez un majordome, j’ai donc pensé que vous étiez un personnage important.
  • Je refuse d’être une personne importante, déclara alors la princesse. Je…
  • Mais Votre Altesse ! s’insurgea le capitaine.
  • Il suffit ! Ici sur Terre, je ne veux être que Balea. Je me fais assez remarquer comme cela !
  • Ça veut dire que votre chef est une femme, c’est intéressant, jugea Lucia. Notre première ministre…
  • Qu’est-ce que c’est ? demanda Lantar.
  • Une première ministre ? Ça dépend des pays, et ça n’existe que dans les démocraties… qui se veulent telles.
  • Vous n’avez pas de président terrestre ?
  • Non, les différents pays sont beaucoup trop divers les uns par rapport aux autres, et en plus, c’est l’extrême-droite qui est souvent là… soupira Lucia.

Mais elle aurait aussi bien pu parler mammouth, et s’en rendit compte en constatant l’incompréhension totale des Po-Toliens. Aussi, tout en commençant à servir l’apéritif, Lucia tenta une explication, parla des Etats-Unis et de leur président en termes peu élogieux, puis demanda :

  • Mais alors, comment faites-vous, sur Po-Tolo ?
  • Mère a tous les pays à sa botte, et chaque sous-dirigeant doit lui rendre des comptes.
  • Mais la tâche doit être colossale ! Si vous avez autant de pays que sur Terre... remarqua Antoinette, ravie tout à coup de l’occasion qui se présentait d’en savoir plus.
  • Ça dépend, combien avez-vous de pays ? s’enquit le capitaine.
  • Environ… deux cents.

Les Po-Toliens ouvrirent des yeux ronds : sur Po-Tolo, ceux-ci étaient dix fois moins nombreux ! Ils se mirent à échanger avec passion, sauf Ollibert et Anthéa, qui se tenaient en retrait, mais toujours en bonne et franche camaraderie, d’autant que la cuisine de Lucia s’avéra effectivement délicieuse.

  • Tu as trouvé une perle, frérot, se permit Lantar.
  • Au fait capitaine, je tiens à vous dire qu’entre Lucia et moi, c’est vraiment très sérieux.

Byzix s’en réjouit, ainsi que les trois femmes de son groupe. De plus, Carman était assis à côté de la maîtresse de maison, et le nouveau couple irradiait, ce qui avait frappé Antoinette.

  • Peut-être que j’irai un jour sur Po-Tolo, moi aussi… risqua Lucia, mais devant les toussotements et notamment ceux de Balea, elle resta perplexe.
  • Je t’en parlerai à mon retour, ma chérie.
6 juin 2025

les bien nés

"l'art constitue la forme de vie de ceux qui en vérité ne vivent pas ; une compensation, un ersatz. Cela ne justifie nullement, du reste, le repli dans une tour d'ivoire : un poète ne doit pas renoncer à la vie. C'est la vie qui se charge de lui échapper."

Eugenio Montale, fausse interview

 

"Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres."

Eugène Ionesco

 

Moi, j'en tire mes propres conclusions ; et vous ?

 

 

 

30 mai 2025

Voyages spatio-temporels

 dans les livres bien sûr !

1ere étape : Liban, années 1830

Amin Maalouf, Le rocher de Tanios

Le prix Goncourt de l'actuel secrétaire perpétuel de l'Académie française. Un prix tout à fait mérité, pour les valeurs qu'il communique, et ce talent de conteur ! Histoire et légende se mêlent, un vrai plaisir.

 

2ème étape : Venezuela, à  travers le XX° siècle

Miguel Bonnefoy, Le rêve du jaguar

Histoire d'un orphelin, recueilli par une mendiante muette, comment il va s'élever après avoir vécu la misère. Une véritable saga, sur  plusieurs générations, qui passe toute seule, moins de 300 pages. De la société vénézuelienne...

 

3ème étape : Suède, années 1990

Henning Mankell, Les nuits de la St Jean

Un livre que je ne "divulgâcherai" pas. Le héros, récurrent, l'inspecteur Kurt Wallander, traverse une enquête qui mettra à mal sa résistance physique et morale,  ou quand un meurtrier s'en prend à des jeunes durant la nuit de la St Jean (midsommar, en suédois)

 

4ème étape : Etats Unis, années 2010

Daniel Mendelsohn est un auteur américain, professeur d'université en  Lettres  classiques et, lors d'un séminaire, enseigne l'Odyssée à ses étudiants. Son père de 81 ans y participe. Vous partirez aussi bien aux Etats Unis, qu'au temps d'Homère  et de ses héros ;  ces deux odyssées résonnent, car l'auteur y redécouvre son père... Très fort, sur la relation père - fils. Brillant !

 

5ème étape : Japon, années 2020

Michiko Aoyama, La bibliothèque des rêves secrets

Ou comment une bibliothécaire, le fil rouge de ce roman choral, va changer la vie, par les livres, de cinq personnes d'âges et de milieux divers. Vous en apprendrez aussi sur la civilisation japonaise. C'est son premier roman, surveillez cette autrice !

20 mai 2025

Le point de vue de Sirius, 51° épisode

Retrouvailles.

 

Lantar rigolait, alors qu’avec Carman et Antoinette, ils approchaient de chez Lucia, à Naples, celle-ci ayant invité Carman à s’installer chez elle à peine lui avait-il dit qu’ils étaient revenus – pour elle. De ce fait, Ollibert allait se retrouver seul dans sa chambre d’hôtel… Carman s’en réjouissait, mais appréhendait aussi.

  • Ça va bien se passer, il n’y a pas de raison, si elle te plaît, disait Lantar.
  • Et vous savez que les Italiens sont très chaleureux. Souvenez-vous des Diparte ! ajoutait Antoinette. Et en plus, vous avez plein de petits cadeaux à lui donner !

D’ailleurs, une fois arrivés, Lucia proposa à boire à tous, toute rose à l’idée de revoir Carman.

  • C’est gentil, mais les autres nous attendent, s’excusa Lantar, et il cligna discrètement de l’œil pour son frère.
  • En plus, Carman n’a pas arrêté de penser à vous, retrouvez-vous donc ! fit Antoinette. Vous allez voir. Ça va aller, Carman, n’est-ce pas ?!
  • Bien sûr, dit-il avec le plus de force possible, car Lucia s’était faite particulièrement belle pour lui.

En effet, elle portait un joli décolleté arrondi, et avait mis ses jambes, potelées juste ce qu’il fallait, en valeur, un peu de fond de teint. En somme, elle était tout à fait appétissante. Dès qu’ils furent seuls, Lucia demanda :

  • Tu ne m’embrasses pas ?
  • Euh si…

Il l’embrassa simplement sur chaque joue.

  • Non, pas comme ça ! Souviens-toi ! Tu vas voir, je vais m’occuper de toi comme tu le mérites.

Et elle lui vola un baiser sur les lèvres, ce qui laissa Carman dans un état second, alors Lucia éclata de rire.

  • Ça ne fait rien. Ça ne se fait peut-être pas, dans ton pays…

Il ne dit rien, chaviré, puis fouilla dans son sac à la recherche de ses cadeaux. Elle aussi avait quelque chose pour lui, ils les échangèrent et se mirent à rire.

  • Que c’est beau ! Vous êtes allés en Tunisie, alors !
  • Oui, et donc en Egypte. Nous avons découvert le désert…
  • C’est particulier, hein ? En fait, je connais peu ce pays, seulement Tunis et ses environs. En fait, je connais le désert en Algérie, c’est le même. Le Sahara est si grand !

Pendant tout le repas, aux chandelles, ce qui surprit fort Carman, et la soirée, ils parlèrent de leurs voyages, de la France. Il essayait de cacher son étonnement face aux Terriens, mais à part cela, Carman se sentait de plus en plus à l’aise, et Lucia avait de si beaux yeux, un sourire si engageant !

Malgré cela, il se retrouva assez gêné, quand Lucia lui dit qu’entre gens qui se plaisent, surtout de sexe opposé, ça se faisait de dormir ensemble, car il ne fut pas dupe, et il pensa à sa queue…

  • Oh, allez Carman ! Tu dois être intelligent, avec le front que tu as ! Et tu as un très beau visage.

Ces compliments lui allèrent droit au cœur, et il repensa à ce que lui avait dit son frère pendant le voyage retour d’Afrique : « Lucia n’a jamais fait de remarques sur notre apparence ! » Et c’était vrai. Mais quel rapport entre le front et l’intelligence ? Mais s’il fut perplexe, il se rassura. Simplement, il alla enfiler son pyjama dans la salle de bain, conscient que sa compagne finirait par découvrir sa queue, s’ils dormaient dans le même lit, et qu’il devrait très probablement lui révéler leur véritable nature. Il appuya dessus à s’en faire mal, en serrant les dents.

Quand il en ressortit, Carman se dirigea donc vers la chambre de Lucia, et la trouva dans une chemise de nuit encore plus courte qu’il ne l’imaginait : en réalité, il s’agissait d’une nuisette, et on voyait très bien le 90B de la jeune femme. Il faillit en perdre les pédales : Lucia était si belle ! Et lui, il se sentait tout penaud, avec son pyjama orné de chats.

  • Oh, tu aimes les chats ?
  • Ce sont de très beaux animaux, dit Carman plus pour se reprendre. Et si doux !
  • Tu vois que tu touches les animaux ! L’homme en est un, je te rappelle !
  • Tu es… très belle.

Lucia eut un grand sourire et se pendit à son cou. Pour la première fois de sa vie, Carman embrassa une femme comme les Terriens, ce qui lui procura des sensations inconnues. Mais il fit des manières, disant qu’il préférait mieux la connaître avant d’aller plus loin.

  • Remarque, tu as raison, même si tu m’as manqué, fit Lucia. Tiens, pour te mettre à l’aise, je vais lire un peu. Si tu n’as pas de livres, je te prête ma bibliothèque…
  • Merci, j’en ai, répondit Carman. Je vais le chercher.

Il revint peu après avec Salammbô de Gustave Flaubert, qui lui rappelait Carthage, et chacun se mit à lire avant d’éteindre la lumière, après un petit baiser qui l’invita au sommeil. « Dans le fond, c’est agréable… » se dit Carman tout en serrant les fesses.

14 mai 2025

Atelier d'écriture

Depuis quelques mois, je participe à un atelier d'écriture, mais il y en a rarement assez à mon goût sur un mois, et donc il m'arrive de reprendre à mon compte la façon de faire de l'animateur, mais en solitaire. Si donc vous avez envie d'écrire à votre tour, voici quelques idées de jeux. Je peux vous en donner plus, collectifs ceux-là, ou d'autres pistes encore, si et seulement si cela en intéresse certains. 

Des mots, des expressions ou des phrases peuvent déclencher l'inspiration, voici donc comment en trouver. Vous prenez n'importe quel texte (dans un livre, des journaux, des publicités...) et relevez, au hasard, au moins une demi-douzaine de mots ou expressions. Ce sera beaucoup plus amusant en variant les sources, il n'y a pas que les romans. Vous pouvez les feuilleter, ou l'ouvrir à une page au hasard. Autre façon de faire : choisir un numéro de page au hasard, sans ouvrir le livre tout de suite, puis vous y reporter et prendre ce qui vous inspire, mots ou phrase. Si vous choisissez cette façon de faire, vous pouvez aussi soit prolonger le texte que vous avez sous les yeux, sans regarder les pages précédente et suivante ; soit choisir une phrase pour l'insérer dans le texte que vous écrirez. Vous pouvez très bien prendre aussi un long article dans un magazine et faire de même. Et fixez-vous un temps d'écriture, 10 minutes est une bonne moyenne. 

Tout cela fait quelques pistes pour déchaîner votre imagination. C'est à vous ! Faites-vous plaisir !

6 mai 2025

Perspectives actuelles

                                                                           Big brother

 

                                                                                SOS

 

                                                                             Horizon

 

 

29 avril 2025

Le point de vue de Sirius, 46° épisode

Rendez-vous.

 

  • Si, à Louxor, fit Antoinette. C’est là que Toutankhamon a été découvert. Souvenez-vous !

Chacun se souvenait en effet du jeune pharaon qui attirait une telle foule, dans le musée flambant neuf de Gizeh.

  • Vous en rêvez, Antoinette, comprit Anthéa.
  • Oui, c’est vrai.
  • Nous vous devons bien ça, fit Césig.
  • Et il y aura de l’espace, ça pourrait intéresser des Po-Toliens. Mais l’été, il fera très chaud, car c’est plus au sud.
  • Nous verrons bien, dit le capitaine. Moi, je suis d’accord, ainsi nous ferons d’une pierre deux coups.
  • Quelle heure est-il ? redemanda la princesse.
  • 17 heures, répondit Antoinette. C’est dans une demi-heure, qu’Abdallah et Leïla seront là, vous avez le temps.
  • Et il y a beaucoup de choses à voir, à Louxor ? s’enquit Lantar.
  • Oui, beaucoup. Il nous faudra bien deux ou trois jours…
  • Ça ne me dérange pas, reprit le capitaine. L’Egypte est si fascinante !

Tous opinèrent. Antoinette était aux anges.

  • Raison de plus pour que je reste un peu avec Abdallah et Leïla, conclut la princesse, qui avait hâte de les retrouver. Ça passe vite, une demi-heure ?
  • Ça dépend, répondit Antoinette avec un sourire.
  • Comment ça, ça dépend ?
  • Si Balea, ça dépend si on est pressé ou pas… Si c’est le cas, ça ne passe jamais assez vite, c’est prouvé scientifiquement !

Cela fit rire le capitaine et Césig.

  • J’aime bien ces vieilles montres, reprit Antoinette, car on voit vraiment le temps passer, avec les aiguilles…
  • Au fait, vous avez des nouvelles de Léo ? demanda Anthéa.
  • Ça fait un moment que je ne l’ai pas appelé. Je profiterai que nous nous reposons… enfin, sauf notre princesse, pour le faire, ainsi que les Diparte.
  • Et vous me passerez le téléphone, après ? fit timidement Carman.
  • Bien sûr. Je sais qui vous voulez appeler…

Lantar fit du coude à son frère, qui rougit légèrement, mais personne n’osa rire. En plus, la princesse trépignait d’impatience.

  • Ollibert, vous m’accompagnerez. Je ne pense pas qu’ils feront des problèmes…
  • Vous l’empêcherez de faire des gaffes, dit Lantar.

Tout le monde était d’accord, il y eut des rires, mais la princesse ne le prit pas mal, sourit, même.

  • Ollibert est mon garde-fou. Je vous donne du travail, mais promis, je tâcherai de me tenir tranquille…

Il fut établi qu’ils partiraient le lendemain à Louxor, et la princesse remit son foulard sur la tête, tant bien que mal. Des trois femmes, aucune n’avait la science des musulmanes, et Antoinette lui dit de demander son aide à Leïla. Mais naturellement, Balea fut en avance, et ses amis, en retard, ce à quoi Antoinette s’attendait. Elle était elle aussi descendue dans le hall de l’hôtel avec le capitaine, et se mit à raconter des histoires terrestres pour passer le temps. Le jeune couple qu’ils attendaient arriva avec plus d’une demi-heure de retard, s’excusant à cause des embouteillages. Ne comprenant plus rien, Antoinette leur parla en anglais puis remonta dans sa chambre, faisant rire Abdallah.

  • C’est vraiment gentil de rester un peu avec Balea, dit alors le capitaine à Abdallah et Leïla.
  • C’est le meilleur moyen de connaître un pays, que de faire des amitiés, dit Abdallah avec un sourire magnifique.

Il avait la peau bistrée, des yeux presque en amande, un charme tout oriental. Leïla, quant à elle, avait légèrement fait glisser son voile en arrière, si bien qu’on devinait sa chevelure brune. Elle avait mis du khôl, et du henné sur ses mains fines, mais sans insister.

  • Ne craignez rien pour Balea, dit-elle au capitaine. Et Ollibert est bien sûr le bienvenu.
  • Merci, glissa ce dernier.
  • Vous allez voir, ce sera très sympa, ajouta Abdallah, et c’est ainsi que la princesse et son majordome se retrouvèrent dans l’un des meilleurs bars du Caire, à l’européenne, place Midan Al Tahrir.

Balea fut très surprise d’y retrouver des choses qu’elle avait découvertes à Paris, aussi ils parlèrent de leurs voyages, et des différences entre les différents pays. Abdallah et Leïla parlèrent volontiers de l’Egypte, de ses richesses mais aussi de ses côtés moins riants. La princesse apprenait décidément beaucoup, à leur contact, tout en buvant un cappuccino accompagné d’une pâtisserie. A son grand étonnement, Ollibert participait de plus en plus aux conversations.

23 avril 2025

Musée vivant

A travers l’art…

 

Guillaume décide, un beau jour, de voyager dans le temps. Il prend un beau livre d’art, pense à une destination de l’espace-temps : et si j’allais à Gizeh ? Alors, il ferme les yeux, et il est à Gizeh à l’époque où le sphinx avait encore son nez, bien des siècles plus tôt.

L’instant d’après, il vagabonde chez Catherine de Russie, visite le musée de l’Ermitage de St Pétersbourg. Ensuite, il saute des pages en avant, se rendant à Pompéi au moment de l’éruption du Vésuve qui lui fut fatale, à la villa des Mystères et ses mosaïques, d’où il déguerpit tel un sauvage, avant d’être lui-même enseveli. Pour se remettre de ses émotions, il va se reposer chez les Aborigènes d’Australie de l’ancien temps, où il peut admirer de très étranges dessins… Ce repos lui est profitable, puis il repart, dans la gare de Lisbonne où il contemple les azulejos, avec leurs dessins très fins, ces motifs en bleu et blanc.

Et il se rend compte que, sans y avoir pris garde, il est revenu en 2025, ce qui le dérange quelque peu. Mince alors, comme il aime ce voyage immobile, à travers ses souvenirs ! Il a envie de les raconter à ses petits-enfants, de leur parler de tout ce que peuvent évoquer les œuvres d’art, et ce sphinx énigmatique, les chats majestueux de l’Ermitage… Il referme les yeux.

  • Papy, tu dors ?
16 avril 2025

Hors saison

Ne vous fiez pas au titre, bien que celui-ci soit dans le fond plutôt optimiste : la guerre est passée et, après Si c'est un homme, son oeuvre la plus connue, Primo Levi (Turin, 1919 - 1987) a publié d'autres livres. A vrai dire, il s'est peu essayé au roman et n'en a même écrit qu'un seul véritable, plus un autre, resté inachevé. 

En revanche, cela se sait peu, mais outre son témoignage de rescapé des camps de concentration nazis (Si c'est un homme et sa suite, La trêve - que je vous recommande aussi, au passage), il a surtout écrit des formes courtes, des nouvelles. Ce livre, Dernier Noel de guerre, en est un recueil, et en le lisant j'ai découvert une toute autre facette de Primo Levi : faussement léger (un kangourou qui s'ennuie à un cocktail), fantastique (Les fans de spots de Delta cep), des interviews d'animaux et aussi de l'humour, chose indispensable pour survivre en temps de guerre. J'ai vraiment passé un agréable moment en sa compagnie, entre faits de guerre et notations amusantes. Ce petit volume n'en est qu'un choix (13 nouvelles), mais témoigne véritablement du talent de conteur de son auteur. A vite aller découvrir, et buona lettura !

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