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l'imagination au pouvoir

16 avril 2025

Hors saison

Ne vous fiez pas au titre, bien que celui-ci soit dans le fond plutôt optimiste : la guerre est passée et, après Si c'est un homme, son oeuvre la plus connue, Primo Levi (Turin, 1919 - 1987) a publié d'autres livres. A vrai dire, il s'est peu essayé au roman et n'en a même écrit qu'un seul véritable, plus un autre, resté inachevé. 

En revanche, cela se sait peu, mais outre son témoignage de rescapé des camps de concentration nazis (Si c'est un homme et sa suite, La trêve - que je vous recommande aussi, au passage), il a surtout écrit des formes courtes, des nouvelles. Ce livre, Dernier Noel de guerre, en est un recueil, et en le lisant j'ai découvert une toute autre facette de Primo Levi : faussement léger (un kangourou qui s'ennuie à un cocktail), fantastique (Les fans de spots de Delta cep), des interviews d'animaux et aussi de l'humour, chose indispensable pour survivre en temps de guerre. J'ai vraiment passé un agréable moment en sa compagnie, entre faits de guerre et notations amusantes. Ce petit volume n'en est qu'un choix (13 nouvelles), mais témoigne véritablement du talent de conteur de son auteur. A vite aller découvrir, et buona lettura !

10 avril 2025

Le point de vue de Sirius, 45° épisode

Croisière sur le Nil.

 

La petite troupe arriva en vue du pont du 6 octobre : le Nil n’était vraiment pas loin du centre-ville du Caire, où ils étaient basés. Antoinette regarda le papier donné à l’hôtel, et se félicita de reconnaitre au moins les pictogrammes, pour trouver l’embarcadère en vue de leur petite croisière. Comme on ne parlait pas français, elle recourut à l’anglais, et on les dirigea vers une felouque de taille moyenne. Ils étaient huit, ils en eurent une rien que pour eux.

  • Messieurs-dames, bonjour, je m’appelle Ali, fit un petit homme basané aux sourcils noirs et épais. C’est moi qui vais vous mener sur le Nil.

Les Po-Toliens étaient dans leurs petits souliers ; certes, la felouque égyptienne avait une voile, et était plus grande que le petit bateau qu’ils avaient pris à Capri, mais ils n’étaient vraiment pas familiers du monde aquatique.

  • Les femmes d’abord, reprit Ali, et Antoinette saisit sa main pour monter à bord, sans aucune crainte contrairement à la princesse, qui avait peur de tomber.

Anthéa monta en troisième, en tremblant, immédiatement suivie de Lantar, qui n’en menait pas large non plus. Seul Carman, des Po-Toliens, n’avait pas peur. Il avait la tête ailleurs, car cela le faisait repenser à Capri avec Lucia…

  • Nous allons descendre le Nil jusqu’à l’île de Roda, et retour. Il y a des bouteilles d’eau à bord.
  • Merci, dit Antoinette à Ali.
  • Installez-vous à votre aise.

Les Po-Toliens étaient intimidés par la grand ’voile.

  • Eh ! Mais c’est confortable ! fit Césig en s’asseyant, la tête tournée vers la proue de la felouque.

Il y avait des coussins bleus et blancs, et la princesse les apprécia aussi. Quand tout le monde fut assis, le bateau partit. Un petit vent gonflait légèrement la voile triangulaire, mais ils ne pouvaient guère le voir, car la felouque était pourvue d’un toit, ce qui rassura les Po-Toliens. Lantar se tortillait sur son siège, aussi sa compagne osa lui prendre la main, ce qui lui valut un regard de travers d’Ali, mais ce dernier commença à parler du Nil, de la ville du Caire. Antoinette, Carman, Byzix et la princesse buvaient ses paroles, aussi berçantes que les flots du fleuve.

  • Et maintenant, vous pouvez apercevoir la grande tour du Caire, vous ne pouvez pas la rater, elle fait cent quatre-vingt-sept mètres de haut…

Tous levèrent le nez, impressionnés.

  • Si le cœur vous en dit, je vous conseille d’y monter, et de regarder le centre-ville. Elle se trouve sur l’île de Gezira.
  • Peut-on y aller à pied aussi ? demanda le capitaine.
  • Oui, bien sûr. Aux abords des ponts, la chaussée est meilleure, mais il y a beaucoup de trafic. Le métro y passe aussi, si cela vous intéresse.
  • Je préfère encore me déplacer à pied, observa la princesse.
  • Balea, sentez cette brise, conseilla le majordome, qui s’habituait peu à peu à cet étrange moyen de locomotion, pour un Po-Tolien. On n’est pas si mal…

Ali se mit à sourire, puis reprit son commentaire en parlant de l’île de Gezira et de ses immeubles modernes, annonça le pont Qasr El Nil. Tous les Po-Toliens ne purent s’empêcher de baisser la tête, malgré le toit de la felouque. La croisière se passait bien, et peu à peu, chacun se sentait mieux. Carman était trop occupé à se souvenir de Capri pour avoir peur, et écoutait Ali d’une oreille distraite.

  • Ça va, ma chérie ? s’enquit Lantar.
  • Oui, je me sens mieux, c’est même plutôt agréable.
  • Vos enfants auront le pied marin, plaisanta Ollibert, et ils eurent tous un petit rire.
  • Nous allons bientôt rejoindre l’endroit où les bras du Nil se rejoignent, continua Ali, le fleuve sera donc plus large.

La princesse se cala sur sa banquette.

  • Je vais presque prendre goût à cette… balade, dit-elle.
  • Vous pouvez, mais vous savez, ici aussi, tout le monde ne sait pas nager, la rassura Ali. Et le Nil est calme, aujourd’hui. Au sud de l’île de Roda, il y a le nilomètre, qui permet de mesurer les crues du fleuve. C’est… instructif.

Un peu plus tard, ils longèrent l’île, puis revinrent à leur point de départ sans qu’il leur arrivât quelque chose de fâcheux.

  • Très agréable, cette croisière, vraiment, fit la princesse en retrouvant la terre ferme.
  • Il n’y a plus personne ? demanda Ali.
  • Si, moi ! lança Césig, et il se dépêcha, manqua se flanquer à l’eau.
  • Césig ! s’écria le capitaine.

Ali l’avait rattrapé à temps, et Carman ne put s’empêcher de rire.

 

3 avril 2025

Ecriture manuscrite

Car non seulement c'est plus chaleureux qu'un SMS ou un mail, mais écrire à la main est une véritable jouissance pour qui se pique d'écrire. C'est bien ainsi que tout commence. Lire, écrire améliorent l'ouverture aux autres, permettent de préciser sa pensée et, si on l'enseigne aux enfants très tôt, c'est aussi pour leur motricité dite "fine", et pas uniquement celle qui permet de tenir le stylo, cela sert dans la vie de tous les jours. Si je le pouvais, je militerais pour l'écriture manuscrite, le retour à la bonne vieille lettre qu'on envoyait à tous ceux que nous aimons. Ecrire à la main, lire aussi, sont réellement un acte de résistance ! Réfléchissez, avant de poster quelque chose sur les réseaux soi-disant sociaux !

 

28 mars 2025

Les prescriptions du Dr Sylvestre

 

Douglas Adams, H2G2

42 ! Voilà la trilogie en cinq volumes la plus poilante de l'univers ! Pourquoi ? C'est ce qu'Arthur Dent, avec son ami Ford Prefect, va chercher à savoir, étant le dernier Terrien survivant après la disparition de la Terre... Le héros étant anglais, écrit par un Britannique, attendez-vous à de l'humour british, mais pas seulement... De la fantaisie à l'état pur !

 

Phillibert Humm, Roman fleuve

Ou trois hommes sur un bateau avec, là aussi, son lot de rencontres, d'anecdotes le long de la Seine, mais écrit par un Français. Un chef d'oeuvre d'humour, dans la droite ligne de Jerome K. Jerome !

 

Michael Crichton, Pirates

Si, LE Michael Crichton, scénariste de Jurassic Park ! Il s'agit de son roman posthume, dont le titre est tout à fait transparent. Tout y est, avec aussi un zeste d'humour... Un vrai plaisir de lecture !

 

Herman Melville, Bartleby le scribe

Vous connaissiez Moby Dick ? Mais Melville n'est pas l'homme d'un seul livre. Celui-ci est fort court, et est célèbre pour la réplique "Je préfère pas". Vous comprendrez, peut-être, à la lecture de ce bijou...

 

Aldous Huxley, Retour au Meilleur des mondes

Ce n'est pas une suite, mais des réflexions que fait Aldous Huxley en 1958, suite à la parution, au début des années 1930, du Meilleur des mondes. Pour vous en montrer la portée en 2025, en voici une citation :

"La philosophie nous enseigne à douter de ce qui vous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter." 

Cela ne vous fait penser à personne ?!

 

Boualem Sansal, Abraham ou La cinquième alliance

J'ai lu ce livre il y a environ un an, donc avant l'emprisonnement (arbitraire) de l'auteur par le pouvoir algérien. Il y réactualise l'histoire biblique, à l'époque de la Première guerre mondiale au Moyen Orient, celle d'Abraham. Je rappelle au passage que l'Ancien Testament est la source des trois religions du Livre...

 

Il va sans dire que le renvoi à d'autres oeuvres, que vous pouvez aussi lire, n'est pas innocent...

 

 

22 mars 2025

Le point de vue de Sirius, 44° épisode

En revenant des pyramides

 

  • Mais comment font les musulmanes !? geignit Antoinette à part elle, passant deux doigts entre son foulard et son cou.
  • Ça va, Antoinette ? lui demanda Carman, qui était assis à côté d’elle.
  • Comme je peux…
  • J’ai faim ! fit Césig. Nous avons eu de la chance qu’une grande table se soit trouvée disponible.
  • C’est l’inconvénient quand on fait les choses à la dernière minute. Tous les touristes veulent venir ici, c’est clair ! lui dit Antoinette. Mais ne vous inquiétez pas, nos plats vont arriver.

Byzix, la princesse et Ollibert ne cessaient d’échanger des regards, puis de les poser sur la vue, imprenable, des pyramides.

  • Cinq millénaires… Je croyais les Terriens plus jeunes, reconnut le capitaine.
  • Cette civilisation est absolument fascinante, disait la princesse après la visite, acrobatique, de deux pyramides dont la plus grande, celle de Kheops.
  • Oui, encore plus fort que les Romains, observa Anthéa, toute songeuse. Et encore plus ancien, aussi. Apparemment, ils étaient plus pacifiques !
  • La pax romana a existé, rappela Antoinette. Mais qu’est-ce que j’ai chaud ! Qu’est-ce que ça doit être en plein été ! Et en plus, apparemment les plats sont épicés !
  • Ce n’est pas grave, fit Césig en se souvenant de la pasta all’arrabbiata italienne, et de la harissa tunisienne.

La princesse et Antoinette étaient plus philosophes qu’Antoinette, et supportaient plutôt bien leurs beaux voiles bleu nuit. Toutes deux étaient contentes de ne pas montrer leurs fronts, chose dont Césig s’était lui aussi prémuni, avec sa casquette, qu’il gardait sur la tête.

  • Je ne suis pas étonnée que les pharaons s’y prenaient si tôt pour leurs tombeaux, mais je serais curieuse de connaître l’ancienne religion des Egyptiens, dit la princesse, qui râlait de moins en moins tandis qu’Antoinette prenait le relais.
  • Leur écriture a été déchiffrée il y a deux siècles seulement, mais nous sommes bien documentés sur leur religion. Leur dieu principal est celui qui me fait souffrir, Râ, le Soleil.
  • Râ ? se fit répéter le capitaine.
  • Oui, Râ.
  • Ça sonne comme le mot « roi », remarqua la princesse. Décidément, ça me plaît. Et ils étaient donc… païens ?
  • Avant Jésus Christ, avant le dieu de la Bible, tous les hommes étaient païens. Ils voyaient des dieux partout.

Ollibert, Lantar et Carman ne disaient trop rien, mais leurs estomacs parlaient pour eux… Celui du capitaine aussi, mais il avait été si fasciné et intéressé par la visite du site de Gizeh, qu’il ne l’entendait pas, n’en tenant pas compte.

  • Quelque chose me dit que les religions anciennes étaient moins… barbares, dit Anthéa.
  • Ne croyez pas ça, certains demandaient des sacrifices humains. En Egypte, je ne crois pas, c’est plutôt en Amérique, encore que par le passé, certains peuples africains, plus au sud, mangeaient même leurs ennemis une fois vaincus… Et en Grèce, à Rome, un peu partout, les païens sacrifiaient des animaux.

Les Po-Toliens étouffèrent un cri d’horreur.

  • Rassurez-nous, fit Césig, ces temps sont révolus ?
  • Oui.

Le « ouf ! » fut unanime, puis il y eut des rires.

  • Après, à la Préhistoire, je ne sais pas, reprit Antoinette.
  • Antoinette, je vous en prie, nous serons bientôt servis… lui fit remarquer Lantar.
  • Excusez-moi.

Le silence s’installa, et il y eut un concert de gargouillis :  il était plus de trois heures de l’après-midi... Fort heureusement, on commença alors assez vite à les servir, et Antoinette s’attaqua à son pigeon avec joie. Césig et Carman se mirent à manger leurs kocharis à la cuiller, sans se méfier, et devinrent très rouges. Anthéa, le capitaine et Ollibert eurent plus de chance, jusqu’à ce que le pigeon dévoile sa farce… Antoinette et la princesse ne purent s’empêcher de tousser. Lantar aussi avait pris un plat épicé, si bien qu’assez vite, ils durent redemander deux bouteilles d’eau.

  • Moi-même, je ne m’attendais pas à ça ! fit Antoinette. C’est très bon, mais… c’est fort !
  • C’est particulier ! dit Carman quant à lui. Et avec notre méconnaissance de tous ces produits, je ne saurai peut-être jamais ce qu’il y a dans le kochari, à moins que Lucia…

Et ses yeux s’embuèrent alors qu’il portait une cuillerée à sa bouche. « Etat d’amour avancé. Les Po-Toliens sont vraiment comme tout le monde », conclut Antoinette en son for intérieur, en sueur.

16 mars 2025

Vide sidéral

 

 

  • Je suis désolé, messieurs, mais la jauge de cette fusée est déjà à moitié vide, indiqua le pilote.
  • Ça fait une éternité, que nous sommes là-dedans ! tempêta Don. On n’est toujours pas arrivés ?
  • Non, et Mars est encore très loin.
  • Je ne comprends pas, fit El, j’avais fait complètement remplir la jauge d’essence. Mars n’est pas Saturne !
  • Et moi, je voudrais savoir depuis combien de temps nous sommes dans ce cigare volant ! La plaisanterie a assez duré, je suis le président et j’exige…
  • Vous n’êtes pas en position d’exiger quoi que ce soit, reprit calmement le pilote. Vous ne m’avez pas écouté, au décollage. Vous aviez déjà l’air étonné que la Terre soit ronde !
  • Fake ! Vous avez fait semblant ! Si ça se trouve, la jauge est pleine et vous nous jouez la comédie !

Habitué aux colères du président, El le laissa dire et demanda :

  • Très loin, c’est-à-dire ?
  • Nous ne sommes même pas à la moitié du parcours. A peine plus du quart, en fait.

Don était rouge de colère.

  • Depuis combien de temps sommes-nous dans ce joujou ?!
  • Six mois, messieurs.

Don et El se regardèrent.

  • Mais alors…
  • On peut faire marche arrière ? demanda El.
  • Si nous avions été à moins du quart de cette distance, je pense que oui. Mais nous ne foulerons jamais le sol de Mars de notre vivant. Ni de la Terre.
  • Fuck ! Vous dites des sottises !
  • Un peu de retenue, monsieur le président. A présent, même l’oxygène est compté. Et je vous ferai remarquer que vous touchez le plafond.
  • Moi, j’aime bien ça, fit El. Je vole… Je réalise un vieux rêve…
  • Vous rêvez trop, messieurs, vous n’avez aucun sens des réalités. Vos fusées, monsieur M, ne sont pas faites pour s’affranchir totalement de l’attraction terrestre. Je m’en doutais un peu, mais la situation le confirme. Le réservoir d’essence n’est pas fait pour ça.
  • Vous ne pouviez pas le dire plus tôt, imbécile ?! hurla El, et Don fit chorus.
  • Oh, moi je m’en fous, messieurs : j’ai fait mon testament avant de partir, et vous m’avez ruiné, avec vos bêtises. Je sais ce que je fais, et je me fiche de devenir un satellite de la Terre… Inutile de vous énerver, monsieur le président, ajouta le pilote en voyant Don lui lancer inutilement son poing dans la figure, déséquilibré par son propre mouvement. Plus vous consommerez d’oxygène, et plus votre mort sera rapide… Moi, j’ai ma conscience en paix, j’ai libéré la Terre de deux contempteurs de l’humanité…

 

  • Oh ! Regarde, mon chéri ! lança Zbika quelques siècles plus tard. Qu’y a-t-il écrit, sur cette fusée qui tourne autour de la Terre ?
  • Spa… euh… puis un c… x ?
  • C’est de l’illontien !
  • Non, terrien, ma chérie, fit la chose poilue aux yeux protubérants.
  • Ah ! Alors je comprends ! Ce sont des cons que les Terriens ont mis sur orbite !
10 mars 2025

Instantanés

                                                                            five o'clock tea

 

 

                                                                       le harem

 

                                                                        les dinosaures

4 mars 2025

Le point de vue de Sirius, 43° épisode

Au marché.

 

  • Ces regards commencent à me peser, glissa Anthéa à Lantar tout en se dirigeant vers la médina.
  • C’est vraiment dommage de devoir voiler tes attraits, ma belle.
  • Lantar ? Qu’est-ce qui te prend ?
  • Qu’est-ce que j’ai dit ?

Tous deux se regardèrent. Antoinette, de son côté, râlait un peu, dépitée par la décision que les trois femmes avaient dû prendre. De plus, elle ne savait même pas s’ils pouvaient aller tous les huit dans les marchés, alors ils s’étaient lancés au hasard. Et elle essayait désespérément du moyen de convertir les dinars tunisiens en euros… Multiplier ? Diviser ? Cela lui rappelait la Grande Bretagne, si bien que tout se mélangeait dans sa tête. Plus d’une fois, elle manqua se heurter aux passants, ainsi que la princesse qui était, elle, intriguée et émerveillée par ce qu’elle voyait.

Ils passèrent devant le Marché central, où les fruits les attirèrent, mais Antoinette et Carman se doutaient qu’ils trouveraient ce qu’ils cherchaient dans la médina même. Ils passèrent une sorte de porte, et ce fut un autre univers, dominé par la Grande mosquée. Une fois là, ils allèrent un peu au hasard…

  • Qu’est-ce que c’est beau ! s’exclama Ollibert, oubliant sa retenue protocolaire. Ces couleurs !

Antoinette fut forcée de reconnaître que la magie de l’endroit produisait déjà son effet sur elle. Les murs blancs, les couleurs chaudes, les portes bleues semblaient l’inviter à entrer dans un autre monde. Chacun ralentit le pas.

  • On continue d’aller au hasard ? demanda le capitaine.
  • Regardez partout. Le premier qui repère des étoffes le dit ! lui répondit Lantar.

Antoinette n’osait plus rien dire, subjuguée. C’était au moins tout aussi typique, à ses yeux, que les marchés provençaux de sa jeunesse, voire presque aussi familiers. Mais les odeurs étaient différentes. Et le ciel était déjà bleu, avec quelques petits nuages blancs.

  • Non mais ?! fit tout à coup la princesse, qu’on regardait avec insistance : elle avait senti quelque chose sur son postérieur…

Une main ? Elle avança.

  • Ollibert, éloignez tout gêneur !
  • Oui, Votre Altesse.

En plus, plus ils allaient, plus cela s’animait autour d’eux, des touristes, des Tunisois eux-mêmes.

  • Là ! s’écria Césig. Il y a des tapis, alors peut-être…
  • On y va, décida Antoinette, malgré tout un peu méfiante.

Peu après, ils découvraient d’autres petites rues blanches, les portes bleues, et des étoffes de toutes les couleurs. Anthéa fut aussitôt attirée, s’approcha d’un présentoir.

  • Cherchez-vous quelque chose en particulier, madame ?
  • Je regarde, fit-elle prudemment.

Ce matin-là, le café avait été particulièrement fort, si bien que les Po-Toliens avaient du répondant, ce qui réjouissait Antoinette.

  • Je regarde pour la femme que j’aime, dit Carman à un autre.

Antoinette leva les yeux au ciel : dans son idée, les femmes étaient vraiment plus malignes que les hommes…

  • N’allez pas trop vite, dit-elle à Carman. Il y aura beaucoup de tentations…

Et ils continuèrent. Mais devant des porte-monnaie, portefeuilles, sacs, ils ne purent s’empêcher, Antoinette la première, d’en acheter. Les Po-Toliens avaient bien remarqué où les Terriens mettaient leur argent…

  • Des foulards ! s’exclama enfin Antoinette.

Il y en avait de plusieurs couleurs, mais elle exclut le vert, en compara, se fit conseiller par le vendeur. La princesse et Anthéa en firent autant, bien qu’étonnées qu’ils ne soient pas multicolores comme les autres pièces de tissu. Mais Anthéa dit télépathiquement à Balea de ne pas poser ce genre de question. Antoinette prit un voile couleur crème, les deux Po-Toliennes choisissant le bleu. Mais au moment de payer, le capitaine et Césig durent venir à la rescousse d’Antoinette.

  • Si, lui dit Césig, pensez que dix dinars font environ trente euros, un peu plus. A partir de là, c’est facile !

Antoinette fit mentalement le calcul pour ne pas se faire arnaquer, et accorda un dinar supplémentaire au vendeur, d’elle-même. Puis Carman, ayant comparé, acheta des bracelets pour Lucia en se faisant conseiller par elle. Enfin, repassant devant le grand marché central, ils se firent plaisir en achetant des fruits frais cueillis.

26 février 2025

Un point c'est tout ?

 

Saviez-vous que la ponctuation, apparue mille ans après l'écriture, a rendu plus facile le déchiffrement des textes qui nous sont parvenus ? Que celle-ci peut différer d'une langue à l'autre, même dans notre groupe linguistique, à savoir celui des langues indo-européennes ? Je vous renvoie aux points d'interrogation et d'exclamation espagnols; permettant de délimiter questions et exclamations ; aux langues, souvent sémitiques, où les points d'interrogation, qui ne sont pas symétriques, s'écrivent "à l'envers", selon le sens de l'écriture (donc en arabe, de droite à gauche) ; au système grec où ce même point consiste en un point-virgule ; et, sans doute, j'en oublie...

Vous remarquerez au passage que j'ai utilisé le point-virgule, injustement oublié de nos contemporains et qui a pourtant son utilité. Il n'y a pas que les différents points et les virgules ; on inclut également dans la ponctuation les parenthèses, guillemets, tirets... Points et virgule sont aussi là pour indiquer la durée de la pause entre chaque proposition, ce qui est très utile pour ceux qui lisent à voix haute, aux comédiens... Savoir les reconnaître et les utiliser revêt donc une importance certaine. Et voilà pourquoi il nous est difficile de saisir de longues adresses sur Internet, tout attaché, la nature des tirets ("du 6", ou "du 8"?), ou s'il y a des /... C'est à y perdre son latin !

Aussi, pour conclure, je vous suggère d'inventer la vôtre en prenant, si vous le souhaitez, modèle sur les points que je vous propose, trouvés dans un poste du blog des correcteurs du quotidien Le Monde, Langue sauce piquante, une mine. L'un des deux correcteurs, Olivier Houdart (alias Oli Houd !), a signé avec une collègue, Sylvie Prioul, L'art de la ponctuation (éditions Points Seuil), auquel je vous renvoie et qui, en outre, offre une petite bibliographie, pour que vous sachiez tout tout tout sur la ponctuation ! Alors, quel point ai-je oublié, dans ce poste ?

20 février 2025

être soi-même

 

... et ma proposition : si ce n'est pas déjà fait, L'île au trésor de R. L. Stevenson, puis ce livre de Bjorn Larsson, excellente introduction à son oeuvre. Au fait, saviez-vous que l'auteur de Robinson Crusoé DeFoe ? Encore une lecture recommandable, même si je n'ai lu que celle de Michel Tournier.

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