Le point de vue de Sirius, 49° épisode
Quelle direction ?
- Ça va aller, Césig ? demanda Ollibert après avoir lacéré sa veste pour panser les plaies à vif.
- Ces… plus que chats nous ont pris par traîtrise, répondit-il. Kella ne nous vaut rien, c’est moi qui vous le dis !
Le capitaine avait l’air sombre, lorsqu’un de leurs ennemis félins arriva en courant. C’était une fille d’Akil, avec ses congénères, qui les agressa verbalement, disant que sur Kella, c’était chacun pour soi. Byzix en tira ses conclusions, tandis qu’Antoinette tendait la canne qu’elle venait de bricoler pour Césig, à ce dernier. Il la remercia.
- C’est bon, cette fois nous avons compris ! fit le capitaine. Nous n’avons strictement rien à faire sur cette planète !
- De toute façon, depuis que notre étoile provoque un changement climatique, tout va de travers. Nous disparaîtrons tous ! prophétisa la fille d’Akil avec son regard royal. Filez !
Les Po-Toliens et Antoinette ne se le firent pas dire deux fois et, dans la quasi-obscurité, levèrent le camp, après avoir éteint le feu, pour retourner à leur vaisseau. Césig allait en clopinant, les ralentissant, et Antoinette et Balea n’en menaient pas large, tremblant encore de l’attaque qu’elles venaient d’éviter. Les autres allaient plutôt crânement, même Anthéa, bien qu’elle approchât des neuf mois de sa grossesse, et cela se voyait, main dans la main avec Lantar. Carman et Byzix félicitaient Ollibert. Etant ralentis, le chemin leur sembla long, surtout à Césig, son mollet le lançant malgré les soins d’Ollibert. Le capitaine avait activé seul le champ de défense, par précaution. Enfin, dans ce paysage désolé et obscur, en baillant, ils parvinrent au vaisseau, et Lantar aida Césig à monter derrière le capitaine. Ces derniers s’installèrent au poste de commande, où Césig s’affala, essayant d’adopter la position la plus confortable possible. Mais les plus soulagées d’être en sécurité étaient bien Antoinette et Balea.
- Je crois que nous avons tous besoin de nous reprendre, déclara le capitaine. Si vous voulez vous détendre, profitez-en, ici au moins, ces gros chats ne nous lanceront pas des projectiles comme les… Djachiens…
- Ramarac nous avait prévenus le premier, rappela Balea. Mais vous avez voulu insister, capitaine.
- Oui, j’ai eu tort. Leur réchauffement climatique est encore plus rapide que sur Po-Tolo…
- Direction la Terre ? demanda Césig.
- Vous devriez vous reposer, Césig, suggéra Ollibert.
- Au moins, prenez un anti-douleur, si vous voulez partir rapidement, conseilla le capitaine. Je vais chercher la trousse de secours.
- Oh, merci.
- Et toi, ma chérie ?
- Oh, moi ça va ! Il faut que nous retournions en Italie, mon chou. Sur Terre.
Lantar eut tout à coup un geste tendre, ce qui l’étonna lui-même, et qui fit sourire Antoinette.
- Oui, vous êtes mûrs, jugea-t-elle, mais moi, je devrai retourner à Maldek.
- Pardon, Votre Altesse, fit machinalement Byzix pour pouvoir récupérer la trousse de secours.
- J’ai dit qu’il n’y avait plus d’Altesse ! Je m’appelle Balea ! J’ai dormi à la dure comme tout le monde, ici !
Mais la princesse n’osait pas avouer qu’à cause de cela, elle avait très mal au dos… Vivre sur Terre lui avait appris plusieurs choses, qu’elle voulait mettre à profit. Au régime où ils avaient été, toute cette marche, les repas frugaux, elle avait sans doute perdu un peu du poids qu’elle avait pris sur Terre. Où d’ailleurs tout le monde, à l’exception d’Antoinette, voulait retourner, le plus impatient étant Carman. Et chacun ne manqua pas de le dire.
- Direction la Terre, alors ? redemanda Césig.
- Mais vous, vous allez devoir faire votre rapport à ma Mère !
- Au train où ça va, je ne suis pas sûr que Césig et moi nous attarderons sur Po-Tolo. Qui vient avec nous, au fait ?
Et le capitaine leva le nez du placard. Balea se leva pour aller prendre de quoi se soutenir le dos sur une couchette, et personne ne leva la main.
- Je vois… fit le capitaine. Mais vous, Votre Alt… euh, Balea ?
- J’étais beaucoup plus à l’aise sur Terre aussi, et je me suis fait des amis en Egypte, que j’ai très envie de revoir !
- Quoi, vous voulez vivre sous un voile ? s’étonna Antoinette.
- Moi, ça m’arrange. Je suis potolienne…
- Mais alors, Ollibert ? demanda le capitaine.
- Je vous relève de vos fonctions, vous l’avez bien mérité, déclara Balea.
- Oh ! Alors je vais faire comme Carman, et retourner à Naples.
- Et vous, Lantar ?
- Des îles de la Méditerranée nous conviendraient bien… Pour accoucher, je préfèrerais, répondit Anthéa à la place de son mari.
- De toute façon, capitaine, notre mission touche à sa fin, fit Césig.
- Oui… Où vous déposons-nous, Vot… Balea ? Au Caire, ou à Louxor ?
- Au Caire, près de Leïla et d’Abdallah.
- Et Antoinette à Atlantia, sur Maldek. Césig, pouvez-vous le noter ?