le point de vue de Sirius, 31° épisode
Faites vos jeux !
- Il faut reconnaître que c’est un spectacle magnifique, dit Carman alors que le soleil s’enfonçait dans la Méditerranée.
- La mer ne change pas, au moins, fit Antoinette. Je n’aime pas ce tramway.
- Il y a de l’espace, ce Jardin quasiment sur face à la mer, ça me plaît beaucoup, déclara la princesse.
- Vous apprendrez la douceur de vivre terrestre…
Ne flottaient plus sur l’eau que les derniers rayons du soleil. Ils décidèrent de flâner à nouveau sur la Promenade des Anglais, et les Po-Toliens ne s’étonnaient pas de ce nom, après avoir vu l’Angleterre. La balade digestive portait bien son nom, car ils avaient dévoré, dans le Vieux Nice, de grandes assiettes de spécialités locales, goûté la « torta de blea », version sucrée des blettes.
- Un casino, qu’est-ce que c’est ? demanda Césig en passant devant, regardant de l’autre côté.
- Un endroit où on peut tout perdre ou tout gagner, à des jeux d’argent. Vous voulez y jouer ?
- Ça dépend, où en sont nos finances, s’il s’agit de jeux… d’argent ? demanda Lantar.
- Au beau fixe, répondit la princesse avec un sourire. J’ai pris tous mes diamants, dans le vaisseau, cette fois.
- Il y en a beaucoup ?
- J’en avais emmené une dizaine…
Ollibert tiqua, à ces mots.
- Votre mère…
- Je m’en moque. Voulez-vous jouer, Ollibert ?
- Moi, j’aime les jeux, en tout cas, et Césig aussi, dit Byzix.
- Et nous, Balea ? demanda Anthéa.
- Je ne joue plus depuis…
Mais la voix de la princesse se brisa, et chacun le respecta.
- Bon, allons-y, décida Césig, très intéressé.
- Attendez !
Antoinette regarda les Po-Toliens, les jugea présentables, et ils poussèrent la porte du casino. Quand on leur posa des questions, la princesse dégaina un diamant de douze carats, qu’elle laissa au courtier sur le conseil d’Antoinette. Et on les laissa passer.
Pour commencer, Antoinette expliqua le plus facile : les machines à sous. Byzix et Césig s’y dirigèrent, munis de quelques pièces, et chacun rafla la mise. Du coup, Carman essaya, mais perdit la sienne. Il dit donc à son frère qu’il voulait essayer autre chose, et tous deux suivirent les éclats de voix, se retrouvant à la roulette. Son ex-mari y ayant joué, Antoinette leur en expliqua le principe, et ils s’installèrent, suivis d’Ollibert. Pendant ce temps-là, Césig et Byzix gagnaient puis perdaient, surtout Byzix. Anthéa et la princesse se mirent à l’écart, et burent qui un cocktail sans alcool, qui du meilleur Champagne, découvert à Paris dans un restaurant. Antoinette préféra rester, un peu inquiète, près de la roulette, légèrement en retrait. Pendant ce temps, Césig poussa un « hourra ! » qui valait cinquante mille euros.
- Capitaine, prenez ce que vous aurez, et n’allons pas plus loin, conseilla-t-il. J’ai compris le principe.
- Vous avez raison, c’est dangereux pour le portefeuille.
Le bras du bandit manchot s’abattit une dernière fois pour lui, il récupéra vingt mille euros et alla rejoindre les femmes, suivant l’exemple de la princesse.
- Ce Champagne Piper – Heidsieck est excellent, dit-elle.
- Je n’aime pas cet endroit, dit Anthéa quant à elle.
- Nous avons soixante-dix mille euros, rétorqua Césig. Mais ça me semble suffisant. Que fait Antoinette ?
- Elle surveille les frères d’Inuki Digitaria et Ollibert.
- Je vais voir, fit Byzix, un peu inquiet.
Mais il vit Antoinette respirer les trois Po-Toliens avaient très bien compris le jeu, avaient commencé petit, et quand Byzix arriva, Carman venait de tenter un gros coup. Le 11 sortit, il avait bien placé son argent, et remporta une manche à dix mille euros. Encouragé, Lantar plaça une partie de son pécule, annonça le 20, et rafla le double de son frère.
- Méfiez-vous, on perd plus qu’on ne gagne, lui glissa Ollibert qui, lui, avait gagné peu.
- Oui, méfiez-vous, appuya Byzix. J’ai dû perdre beaucoup, avant de gagner vingt mille…
- Et Césig ? demanda Ollibert, qui avait envie de se retirer du jeu.
- Bien plus… Notre pécule est garanti, si vous vous arrêtez à temps…Mon copilote n’est pas fou.
Lantar et Carman hésitaient, conscients de ce qu’ils faisaient.
- Garde la tête froide, frérot, dit Lantar. Tu as entendu le capitaine ? Nous avons des euros à quatre zéros…
Alors tous allèrent retrouver la princesse et Anthéa, trinquèrent à leur bonne fortune au Champagne, puis sortirent. La princesse avait les joues rouges, seuls Anthéa, Antoinette et Ollibert avaient l’esprit clair. Le diamant de la princesse retrouva sa propriétaire légitime, qui titubait. Ollibert la soutint jusqu’à leur hôtel, un peu plus loin.
- J’ai aimé l’ambiance, dit Lantar.
- Et pour une fois, on ne nous a pas regardés de travers, remarqua son frère.
- Décidément, j’aime jouer ! lança Césig, mais Anthéa le foudroya du regard. Qu’est-ce que j’ai dit ?
Et Antoinette éclata de rire.