Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
l'imagination au pouvoir
7 septembre 2024

le point de vue de Sirius, 34° épisode

La petite Française.

 

Ce jour-là, après avoir visité le palazzo Pitti, Antoinette dit aux Po-Toliens qu’il y avait un grand parc accolé au palais, très agréable, très vert. Le quartier était plus ou moins épargné par la pollution, le soleil brillait, et ils acceptèrent tout de suite d’y aller. Ils se mirent donc à déambuler au giardino Boboli où, déjà, pointaient les fleurs. Les jonquilles, notamment, enchantèrent les trois femmes, ainsi que Césig, qui pensait à la sienne. A vrai dire, ce parc-jardin était magnifique, déjà très vert pour la saison.

Comme beaucoup d’habitants, Antoinette trouva un moyen d’aller dans l’herbe sans écraser les massifs de fleurs, et s’assit la première.

  • Cela fait du bien ! s’exclama la princesse, les mains dans la pelouse.

Elle respirait à pleins poumons, et Byzix était très étonné : il y a peu, ils étaient au milieu des voitures.

  • On n’entend même pas les voitures ! s’émerveilla Lantar.
  • L’autre côté de l’Arno est beaucoup plus... trépidant, lui dit Antoinette. Et bourré de touristes. Ici, de ce point de vue c’est plus préservé.

Ollibert et Carman étaient restés debout, allant des massifs de fleurs aux arbres. L’odeur les charmait tous. Finalement, Antoinette se releva, lissant sa jupe aux motifs colorés.

  • Une Marylin brune ! s’exclama un homme qui passait, en la voyant. Viens, Brindisi !

Au bout d’une laisse, un petit chien trainait la patte, il avait dû beaucoup courir. Les Po-Toliens les virent, mais pas Antoinette.

  • Signora !
  • Je crois que vous avez fait une touche, Antoinette, constata Ollibert.
  • Hein, quoi ?

Au mépris de toutes les règles, l’homme voulut entraîner son chien dans l’herbe, mais, enfin, Antoinette l’avait vu. Craignant des crottes là où elle s’était assise, elle retourna sur le chemin, ce qui évita à l’homme et à Brindisi de faire une bêtise.

  • Vous êtes très belle, signora, osa l’autre.

Les sens en alerte, Brindisi se réveilla, se mit à se frotter aux jambes de son maître, puis à celles d’Antoinette, ce qui la gêna.

  • Excusez Brindisi, il est très câlin…
  • Je préfère les chats et les lapins, répondit-elle d’un air pincé.
  • Je m’appelle Sergio, et vous ?
  • Ne me touchez pas ! s’écria Antoinette en faisant une faute de grammaire.
  • Vous êtes étrangère ?
  • Je ne suis pas seule.

Et Antoinette montra les Po-Toliens du menton. Byzix, Carman et Lantar, qui avaient entendu, arrivèrent.

  • Laissez notre amie tranquille, dit Byzix avec un italien excellent.
  • Mais d’où venez-vous ? s’effaroucha Sergio.
  • Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas, déclara Antoinette en faisant de nouvelles fautes.
  • Mais c’est charmant ! Seriez-vous française ?

Elle baissa les yeux, regarda Sergio. Il n’avait pas l’air plus âgé qu’elle ne le paraissait, un peu bedonnant, le cheveu rare, et un beau regard envoutant ; il avait un grand sourire, en parlant avec elle.

  • Votre chien !
  • Brindisi ! Laisse madame tranquille ! Ou mademoiselle ?
  • Madame, bluffa Antoinette, ce qui n’était pas tout à fait faux.

Ils ne se décidaient pas à les quitter, malgré les regards des trois Po-Toliens, que Césig, alerté, rejoignit, en se retenant de caresser le chien, à qui il trouvait une bonne tête.

  • Il s’appelle Brindisi[1] ? C’est rigolo, dit-il.
  • Césig ! s’exclama le capitaine.
  • Malgré cela, nous ne trinquerons pas avec vous, se permit Carman. Nous avons besoin de notre guide !

Sergio ne comprenait plus rien, tout à coup.

  • Mais votre guide n’est pas italienne ! Moi, je peux vous montrer Florence, si vous voulez.

Antoinette soupira. S’il n’y a pas eu les Po-Toliens, elle serait partie en courant…

  • Nous avons besoin d’elle, et de personne d’autre, dit fermement le capitaine, et il fit du coude à son copilote tout en lui disant un simple mot : « alerte ».

Alors, Césig eut un mouvement vers sa ceinture, et Byzix en fit autant. Ils appuyèrent en même temps à un endroit précis à mi-corps, et Sergio et Brindisi roulèrent dix mètres plus loin.

  • Merci, mais ne le refaites pas ! Mieux vaut rentrer à l’hôtel… Votre Altesse, Anthéa, Ollibert !

Et ils quittèrent le giardino Boboli au pas de course.

  • Dommage : elle est vraiment jolie, cette petite Française… Ça va, Brindisi ?

Le chien était encore plus fatigué qu’en arrivant…

 

[1] Cela signifie (porter un) toast

Commentaires
l'imagination au pouvoir
  • Entrez donc dans l'un des royaumes de l'imagination, la mienne, où vous croiserez êtres fantastiques, âmes en peine, beaucoup de chats... Vous pourrez y trouver d'autres aventures, ou jouer avec moi, les mots... Le continent des lettres est si vaste !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives