Le point de vue de Sirius, 37° épisode
Dévoilés !
Si Antoinette avait passé un bon moment à revoir Les temps modernes, les avis des Po-Toliens étaient partagés.
- Des images sans vraiment de son ? s’étonnait Lantar.
La princesse, elle, restait pincée.
- Je ne comprends pas l’hilarité de la salle.
- Mais si, Votre Altesse ! rétorqua Césig. C’est du comique de situation, comme quand je me suis pris la porte coulissante sur Maldek ! Je pourrais être acteur de cinéma ! C’est mieux que nos représentations ! Et ces petits écrans dans les maisons, les hôtels ? Antoinette ?
- Je vous ai dit qu’il y avait beaucoup de jeux débiles et de séries que je ne comprends pas moi-même, mais à certaines heures, on peut y voir des films. Je regarderai le programme, chez les Diparte.
- Je crains le pire, soupira Ollibert. J’ai trouvé ce… film dramatique.
- Moi aussi j’ai bien ri, dit Anthéa. Toutes ces machines étaient très drôles ! Ce n’est pas si moderne, en fait…
- C’était il y a un siècle, Anthéa. Les films de maintenant montrent notre réalité actuelle, mais…
Antoinette soupira elle aussi. Comment expliquer la pointeuse du début du XXème siècle, ou l’informatique du XXIème ? Elle était désarçonnée. Le film était certes excellent, mais plus à la page…
- Je me renseignerai sur des films plus actuels, conclut-elle.
- Moi, j’ai trouvé cela agréable, la rassura le capitaine. Nous sommes juste plus évolués…
Antoinette préféra ne pas le relever.
Le petit groupe sonna peu après chez les Diparte, et ce fut Ugo qui leur ouvrit, pipe à la main. Cela fit tousser Anthéa et Ollibert.
- Quelle odeur ! Je ne savais pas qu’il y avait aussi de la pollution à l’intérieur des maisons ! fit la princesse.
- De toute façon, nous allons devoir nous expliquer, messieurs-dames. Léo nous a téléphoné, et j’ai eu besoin d’une bonne pipe ! Ce n’est pas une pollution, mais du tabac… peut-être ne connaissez-vous pas cela, vous qui venez de si loin !
- Si, s’empressa de dire Antoinette, gênée au possible, car cela lui rappelait l’odeur de tabac de son ex-mari, qu’elle avait voulu oublier.
- C’est une drogue ? demanda le capitaine.
- A dose modérée, ça détend.
Les Po-Toliens se regardèrent.
- Ah ! Comme dans nos marais, tout ce qu’on y trouve, crut comprendre Césig. Il y a des produits, comme ça… Vous avez bien raison.
- Il y en a de moins en moins, lui rappela Carman, et tout le monde sait pourquoi…
Et il regarda la princesse, qui reprit son air pincé.
- Et quelles sont les nouvelles de Léo ?
- Il va bien. Mais venez vous asseoir ! Rosalia ! Ils sont là !
Et tous se retrouvèrent dans la salle à manger.
- A vrai dire, Léo nous a parlé de voyages dans l’espace… Otez-moi d’un doute, je vous prie…
Toutes les oreilles s’étaient dressées, à ces mots, et Antoinette et les Po-Toliens craignirent le pire. Que diable Léo avait-il pu dire ?
- Oh, rien, fit Ugo en comprenant leur question muette. Seulement que l’homme n’était pas seul dans l’univers… Vous confirmez ?
- A moi, il m’a dit que vous faisiez des voyages intersidéraux, mais il lit tellement de science-fiction, aussi…
Pas de réponse.
- Qui ne dit mot consent, reprit Ugo. D’où venez-vous ?
- Les fusées terrestres existent, tenta le capitaine après réflexion.
- Nous n’avons jamais trouvé de vie extraterrestre. Quelle est l’étoile la plus proche du système solaire ? demanda encore Ugo.
- Ill… euh, Proxima du Centaure, signor Diparte, répondit Césig.
- Oh, allez-y, vous êtes découverts. Vous venez de Proxima du Centaure ?
Tous soupirèrent.
- Du système de Sirius. Et je suis le capitaine de l’expédition. Césig est mon copilote.
- Vous savez, ça se sent aussi, que vous ne connaissez pas la Terre, dit doucement Rosalia.
- Je les ai emmenés au cinéma exprès, mais l’actuel me déplaît, il y a trop de bagarres et de coucheries.
- Nos femmes sont jolies.
- Ugo, voyons ! Je vous comprends, Antoinette.
Lantar et Anthéa avait baissé les yeux, durant l’échange. La princesse avait envie d’intervenir, mais hésitait, et dit enfin :
- Je suis fille d’impératrice.
Scotché, Ugo siffla, lâcha sa pipe, et se servit du whisky.
- Nous vous comprenons aussi, tous, déclara Rosalia. Chez nous autres, il y a du racisme ; alors des extraterrestres…