Le point de vue de Sirius, 38° épisode
Domino cascade.
- Pour une fois, je crois que nous sommes arrivés à destination à l’heure prévue, dit Antoinette. Ollibert, je vous conseille de bien veiller sur notre princesse.
Et Antoinette descendit la première du train. Les Po-Toliens la suivirent, et il y avait une telle foule, qu’ils y furent happés. En outre, ça parlait, ça gesticulait tant, qu’ils n’entendirent davantage l’annonce indiquant qu’ils étaient bien à Naples.
- Mais pourquoi y a-t-il autant de monde ? fit Carman tout en jouant des coudes.
- Laissez-moi passer ! Je suis enceinte ! lançait Anthéa à qui voulait l’entendre, et ça marchait, elle entrainait Lantar après elle.
A vrai dire, les trains ne cessaient d’arriver, à cette heure matinale, et la stazione centrale était grande… Bientôt, ils arrivaient tant bien que mal dans le hall, Antoinette ne cessait de se retourner vers les Po-Toliens.
- C’est eux, ils nous donnent des baffes ! Et vous dites que ce sont des amours ?! maugréait le capitaine.
- Mais oui ! Il faut leur pardonner…
- Les Diparte ont été très gentils, finalement, fit remarquer la princesse.
Byzix fut forcé de reconnaître qu’elle avait raison. Sur ces entrefaites, alors qu’ils commençaient à entrevoir les grandes portes de la gare, ils entendirent un grand « Bella Napoli ! », et beaucoup, dont Antoinette, eurent un grand sourire. Et un petit bout de femme pas plus grand qu’un Po-Tolien déboula, traînant une valise à roulettes, un grand sac à la main qui rebondissait sur des hanches bien marquées. Heureuse de retrouver la ville, elle bouscula Ollibert à cause du sac, et il tomba sur Lantar, qui eut la présence d’esprit de lâcher Anthéa ; de l’autre côté, Carman évita l’arrivante de justesse, vacilla, se rétablit. Comme Ollibert et Lantar étaient par terre, la jeune femme manqua tomber à son tour en se heurtant à eux. Le capitaine eut le malheur de s’approcher pour aider, et se trouva attrapé par la ceinture.
- Eeeh ! s’écria-t-il.
- Je suis désolée !
Le pantalon de Byzix faillit choir sur ses chevilles, et il y avait sa queue… Il le rattrapa à la hâte, se félicitant d’avoir bu du café avant de venir. Carman saisit la main de son frère, qui se releva, et :
- Mon pauvre Ollibert ! s’était exclamée la princesse, lui tendant le bras.
- Oh, vous, vous n’avez pas l’air d’ici… dit la voyageuse en voyant leurs mains et leurs fronts. Ça va ? Vraiment, excusez-moi !
Autour d’eux, tout le monde riait, dont Antoinette et Césig qui disait, une fois de plus, que cette fois, ce n’était pas tombé sur lui. Les plus rapides passèrent à l’italien, et la princesse faisait de gros yeux, dut se reprendre, ayant tout à coup conscience de devenir de moins en moins princesse.
- Vous nous avez fait peur, capitaine, dit enfin Carman.
- Joli domino-cascade, commenta quelqu’un.
- Ah, la gare de Naples ! fit un autre.
Et les gens se dispersèrent, sauf la fauteuse de troubles, qui assura son sac sur son épaule. Quand elle releva la tête, son regard croisa celui de Carman, et le cœur de ce dernier fit un bond : il n’avait jamais vu de tels yeux bleus, foncés au point de faire paraître les longs cheveux noirs de la jeune femme de la même couleur.
- Moi aussi, j’ai eu peur pour mes fesses…
Carman n’entendait plus le capitaine, tant ses oreilles bourdonnaient, et puis il se souvint de Maria, sur Maldek, alors il secoua la tête. Et en plus, cette jeune beauté lui sourit.
- Vous êtes en famille ? demanda-t-elle.
- Je suis avec mon frère, ma belle-sœur et… des amis, balbutia Carman.
- Oh, je vous ai fait peur ! Vous venez découvrir Naples ?
- Oui, répondit Césig à la place de Carman.
- Je peux vous mener à votre hôtel, si vous voulez, je suis guide touristique.
Antoinette eut un grand sourire.
- Ça c’est une aubaine ! Je ne parle pas aussi bien l’italien que les autres, et je connais à peine Naples…
- Je vais vous aider. Suivez-moi chez moi, je n’habite pas très loin, nous pouvons y aller à pied et par ici, ce ne sont pas les hôtels qui manquent…
Carman était tout embarrassé, la tête dans les nuages…
- Je m’appelle Lucia, vous pouvez compter sur moi.
- On vous suit ! Eh oh, frérot ! lança Lantar.