Le point de vue de Sirius, 48° épisode
V I P.
- Salut, les extraterrestres ! fit plaisamment Lucia, et Carman eut un petit rire.
Il était complètement épanoui, à présent, même s’il continuait de comprimer sa queue de lézard sous son pantalon. Il avait d’ailleurs un grand sourire. Le capitaine resta saisi, alors que Césig et Lantar ne pouvaient s’empêcher de rire. Césig trouva la parade, non sans ironie.
- Bienvenue depuis la planète Petits rigolos !
Antoinette éclata carrément de rire.
- Sérieusement, Césig, je sais tout. Impossible, au lit, de passer à côté de certaines de vos caractéristiques physiques ! lui répliqua Lucia.
Elle et Carman rirent de l’ahurissement des Po-Toliens.
- Mais nous… commença Antoinette.
- Non, vous, vous avez cinq doigts, un front terrien, dit Carman. Mais ça devait arriver, qu’est-ce que vous croyez ?!
La princesse toussota, et la maîtresse de maison dut mettre tout le monde à l’aise.
- Allez, on va marquer le coup de ce jour férié ! conclut-elle.
- Mais nous n’avons pas nos tenues des grands jours ! se récria Anthéa.
- Jamais qui vous parle des tenues ?! Vous êtes très bien comme vous êtes. J’ai aussi dû le dire à Carman, quand je dis « marquer le coup », c’est pour un repas, tout simplement.
Le sourire d’Antoinette s’élargissait de plus en plus.
- On voit que vous êtes… plus tolérante que la moyenne, dit-elle à Lucia.
- Je côtoie toutes sortes de gens, en tant que guide touristique, et je garde mes réflexions pour moi. J’ai toujours voté socialiste. Notre première ministre est abjecte, j’ai honte de la classe politique de mon pays.
La princesse toussotait de plus en plus belle, et Ollibert lui fit du coude. Carman riait toujours.
- Capitaine, je pourrais vous parler de la vie politique actuelle sur Terre…
- Eh bien, cela intéressera la… euh…
Byzix regarda la princesse.
- Oh, oui, je peux le dire, maintenant, soupira celle-ci. Je suis la fille de l’Impératrice de Po-Tolo… Je suppose que Carman vous l’a dit aussi ?
- Non, je ne le savais pas, mais vous avez un majordome, j’ai donc pensé que vous étiez un personnage important.
- Je refuse d’être une personne importante, déclara alors la princesse. Je…
- Mais Votre Altesse ! s’insurgea le capitaine.
- Il suffit ! Ici sur Terre, je ne veux être que Balea. Je me fais assez remarquer comme cela !
- Ça veut dire que votre chef est une femme, c’est intéressant, jugea Lucia. Notre première ministre…
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Lantar.
- Une première ministre ? Ça dépend des pays, et ça n’existe que dans les démocraties… qui se veulent telles.
- Vous n’avez pas de président terrestre ?
- Non, les différents pays sont beaucoup trop divers les uns par rapport aux autres, et en plus, c’est l’extrême-droite qui est souvent là… soupira Lucia.
Mais elle aurait aussi bien pu parler mammouth, et s’en rendit compte en constatant l’incompréhension totale des Po-Toliens. Aussi, tout en commençant à servir l’apéritif, Lucia tenta une explication, parla des Etats-Unis et de leur président en termes peu élogieux, puis demanda :
- Mais alors, comment faites-vous, sur Po-Tolo ?
- Mère a tous les pays à sa botte, et chaque sous-dirigeant doit lui rendre des comptes.
- Mais la tâche doit être colossale ! Si vous avez autant de pays que sur Terre... remarqua Antoinette, ravie tout à coup de l’occasion qui se présentait d’en savoir plus.
- Ça dépend, combien avez-vous de pays ? s’enquit le capitaine.
- Environ… deux cents.
Les Po-Toliens ouvrirent des yeux ronds : sur Po-Tolo, ceux-ci étaient dix fois moins nombreux ! Ils se mirent à échanger avec passion, sauf Ollibert et Anthéa, qui se tenaient en retrait, mais toujours en bonne et franche camaraderie, d’autant que la cuisine de Lucia s’avéra effectivement délicieuse.
- Tu as trouvé une perle, frérot, se permit Lantar.
- Au fait capitaine, je tiens à vous dire qu’entre Lucia et moi, c’est vraiment très sérieux.
Byzix s’en réjouit, ainsi que les trois femmes de son groupe. De plus, Carman était assis à côté de la maîtresse de maison, et le nouveau couple irradiait, ce qui avait frappé Antoinette.
- Peut-être que j’irai un jour sur Po-Tolo, moi aussi… risqua Lucia, mais devant les toussotements et notamment ceux de Balea, elle resta perplexe.
- Je t’en parlerai à mon retour, ma chérie.