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l'imagination au pouvoir
25 mars 2018

hommage aux Landes

Une balade en forêt.

 

-         Allez, essaye ! Les deux pins sont très proches l’un de l’autre, et je suis là ! dit le papa écureuil à son rejeton.

Mais le petit écureuil avait peur, il passa une patte devant ses yeux.

-         C’est haut ! Et si je tombe ?

-         Tu ne tomberas pas, dit fermement le papa écureuil. Regarde – moi.

Il sauta légèrement d’une branche à l’autre, se rétablit et gonfla sa queue rousse.

-         Tu peux le faire aussi.

Le petit écureuil avança une patte, prudemment.

-         Tu ne crains rien. Saute !

Enfin, le petit écureuil sauta. Son papa lui saisit la patte, lorsque son fiston se sentit plus assuré sur la branche.

-         Tu vois que tu peux le faire. Recommence dans l’autre sens.

Le papa revint à son point de départ, et le petit écureuil fit un très joli saut, ponctué par le bout de  sa queue. Il se sentait déjà un peu plus à l’aise. Au bout de quelques autres sauts, il commençait même à apprécier l’exercice. Mais alors, son papa s’arrêta.

-         C’est très bien pour aujourd’hui, fiston. Viens, on retourne à notre pin. On va aider maman à dénicher de quoi manger pour tout à l’heure, tu veux ?

-         Non ! fit le petit écureuil, tout ragaillardi. Je veux sauter encore d’un arbre à l’autre ! Cette forêt landaise est si belle, je me sens si bien tout à coup !

-         Tu ne  feras que ça toute ta vie, de courir dans les branches. Suis-moi plutôt.

-         Non !

-         Voyons, sois raisonnable. Tu n’as plus peur de tomber ?

-         Non papa, dit fièrement le petit écureuil.

-         Je croyais que ce pin était très haut !

-         Eh bien non ! Regarde, je descends !

Et le petit écureuil se mit à sauter plus bas, toujours plus bas. Son père, inquiet, se lança à ses trousses. Bien lui en prit : alors qu’ils arrivaient quelques mètres en contrebas, une grosse pomme de pin se détacha , commença à choir, et le papa écureuil se dépêcha pour pousser son fils, si petit qu’il aurait pu être écrasé. Lui, tout estourbi, sut se raccrocher à l’écorce des pins, sur les endroits où les Landais recueillent  la résine.

-         Papa-a !

Le temps que papa écureuil réagisse, le petit tombait, tentait de se rattraper, mais ses pattes étaient si petites ! Il se reçut dans les fougères et la bruyère, près d’un sentier de la forêt, et entendit un drôle de bruit qu’il n’identifia pas.

Une voix étrangère s’éleva alors :

-         Oh ! Qu’est-ce que c’est, papy ?

-         Regarde, ma poupée, c’est un petit écureuil !

-         Un écureuil ?

Deux têtes se penchèrent sur l’animal blessé. Il gémissait, et son papa entendait son appel. Il accourut au bas de l’arbre, mais ces deux bipèdes et leur drôle d’engin l’effrayaient.

-         On  peut le recueillir, papy ?

Les pattes sur les hanches, le papa écureuil voulut venir s’imposer. Il leva les yeux vers les deux bipèdes, qui ne comprirent pas ses intentions.

-         Papy ! trépigna la petite fille, qui voulait prendre l’animal dans ses mains.

-         C’est un animal de la forêt, ma puce. Laisse-le avec sa maman, elle sait mieux que toi s’en occuper.

-         Mais papy, il est tombé, il est blessé !

-         Tu crois ?

Le vieux monsieur se pencha sur l’écureuil, qui essayait tant bien que mal de se remettre sur ses pattes, tant il était effrayé. Il tomba une nouvelle fois.

-         Fiston !

-         Papa-a !

L’interpellé oublia toute prudence, en voyant s’avancer vers son fils la main du bipède le plus âgé.

-         Il est blessé, papy ! Fais quelque chose ! implora la petite.

L’écureuil se mit à râler, attrapa la main du vieux bipède, la mordit à pleines dents.

-         Aïe !

Le vieux monsieur regarda les deux écureuils.

-         Je ne veux vous pas de mal, mes petits chéris. Ne le prenez pas ainsi, madame écureuil, je vais vous rendre votre petit.

Son ton était rassurant. Toutefois papa écureuil n’était pas du genre à s’en laisser conter. Il se rebiffa de nouveau, mais la main du vieux monsieur lui  échappa.

-         Emilie, donne-moi un bout de bois, et un de tes élastiques, dit le bipède après avoir effleuré les pattes de l’écureuil.

-         Tu vas le guérir sur place ?

-         Non, pas exactement. Je vais lui mettre une petite attelle, et dans quelques jours il courra dans les arbres.

La petite fille, rassurée, obéit à son grand-père, et sacrifia l’élastique qui tenait sa queue de cheval. Pendant ce temps, le monsieur caressa le papa écureuil, qui commença à se rassurer, et  se mit à observer les opérations. Le vieux bipède palpa la patte cassée du petit écureuil, qui gémit mais se laissa faire : il n’avait pas le choix. Sa patte fut liée à un petit bout de bois, qui tenait grâce à l’élastique d’Emilie.

-         Tu vas lui faire des béquilles aussi, papy ?

Le vieil homme eut un bon sourire, ébouriffa sa petite fille.

-         Et comment va-t-il retourner à son nid, à ton avis ?

-         J’ai dit une bêtise ?

-         Mais non ma puce. Tu es toute mignonne. Allez, remonte sur ton vélo. Et n’oublies pas : regarde bien devant toi, ne regarde pas ta roue !

Et les deux bipèdes partirent par les sentiers de la forêt. Le papa écureuil vit la petite fille se retourner, et comme il avait compris, il secoua la patte dans sa direction. Puis il serra son fils tout contre lui.

-         Ça va ? dit-il.

-         Oui papa.

Il aida son petit écureuil à monter sur son dos, et tous deux rejoignirent maman écureuil.

-         Alors chéri, cette première sortie ?

-         Mouais, fit le père de famille. Il y a de plus en plus de monde, dans cette forêt. Mais, ajouta-t-il en regardant son petit, ce n’est pas plus mal, finalement…

Et il rentra dans le nid, soutenant son fils d’une patte, et l’ébouriffant de l’autre.

 

© Claire M. 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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