qui écrit quand j'écris ?
L’histoire de l’Auteur.
« Gros malins, je suis déjà parti », pensa Ugo en assistant, de très loin, à sa messe d’enterrement. « Ça fait même trois jours maintenant, j’ai trop attendu, pourquoi me retiennent-ils là ? »
- C’est bien que tu poses la question, fit une voix douce dont il ne perçut pas l’origine, alors Ugo tourna la tête de tous côtés. Je suis loin, très, très loin. Si tu m’entends, tu peux voler, c’est que tu es prêt à lâcher ceux que tu aimes. Ouvre grand les bras.
Ugo obéit sans poser davantage de questions, et, bien vite la Terre s’éloigna, le ciel s’obscurcit. Quelque chose l’appelait loin, toujours plus loin, et tout à coup Ugo s’aperçut que des choses noires et blanches volaient autour de lui, sans qu’il puisse bien identifier de quoi il s’agissait, car ce n’était manifestement pas des anges. Pourtant, lui-même volait, étant porté par ce qu’il pensa être le vent intersidéral. Très vite, il distingua un œil, au milieu de choses blanches qui l’environnaient de plus en plus. Le spectacle était fascinant, Ugo pensa à des mouettes dans l’espace, mais sans leurs cris. Au lieu de cela, il entendait un léger « flap flap », comme si quelqu’un s’éventait avec un journal. Mais l’œil ne bougeait pas, en revanche.
- Que se passe-t-il ? Est-ce cela la mort, l’oubli dans l’espace ?
- Non, susurra la voix, qui devenait de plus en plus audible. C’est plus passionnant que cela. Laisse-toi porter encore un peu.
Ugo laissa faire, puis se sentit happé par la spirale blanche autour de l’œil.
Il se réceptionna sur ce qu’il crut d’abord être un plancher, mais il se rendit vite compte qu’il marchait sur autre chose. Curieux, Ugo se pencha, saisit un pavé qui bougeait sous ses pieds.
- Mais c’est un livre ! s’exclama-t-il. Je… je suis entouré… est-ce que… ?
Et il s’assit sur la masse informe : il s’avéra qu’il marchait sur des livres. Et cela ne les abîmait même pas ! Ugo regarda partout : des livres à perte de vue, de toutes tailles, certains avec des images, d’épaisseurs diverses... Il marchait dessus, pouvait même en attraper sur les étagères, ou au-dessus de sa tête. Il comprit que le « flap flap » qu’il entendait était le bruit de leurs pages. Il y avait donc quelqu’un pour les tourner ? Pris d’une inspiration subite, il fonça dans un mur de livres, et un autre couloir s’ouvrit, avec toujours le même sol, les mêmes étagères. A son passage, des livres étaient tombés un peu partout. Ugo pensa que c’était un joyeux désordre. Dans sa famille, ou dans sa profession, tous vénéraient les livres. Aussi était-il émerveillé de ce qu’il voyait. Alors il se dit qu’après tout, il avait l’éternité devant lui, et il s’assit dans la masse, saisissant des volumes un par un, au hasard. Dans ses mains, passèrent Cervantès, en espagnol, une traduction de Poe par Baudelaire, donc en français, langue qu’il connaissait très bien ; il trouva aussi des œuvres récentes, ou plus anciennes ; Hésiode fricotant avec, à ses côtés, Stefan Zweig ou Averroès… Il resta très longtemps ainsi, comprit qu’il pouvait trouver là tous les livres ayant été écrits, dans toutes les langues, il y nageait et y trouvait un immense bonheur. Enfin, il se décida à se lever, les « flap flap » se firent plus forts, alors qu’il avançait, très lentement, à la recherche de livres dans sa propre langue maternelle, l’italien. Des volumes tombèrent alors qu’il se relevait, dans un grand bruissement de pages. Il attrapa au vol Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino, son auteur favori, et mit à lire à haute voix les premiers mots, pour le plaisir d’entendre sonner l’italien. Et là, tout à coup le « flap flap » cessa, pour laisser place à une nouvelle voix :
- Professeur Ercolano !
Ugo sursauta, regarda de tous côtés.
- Non, vous ne me verrez pas, en tout cas par immédiatement. Il faut que vous continuiez tout droit, jusque vers la lumière. Vous professerez encore plus tard si vous le souhaitez.
- Mais où dois-je aller ?
- Droit devant vous. Ici, tous les chemins mènent à la lumière.
Ugo referma son livre à regret.
- Mais… n’ai-je pas l’éternité devant moi ?
- Nous avons tous l’éternité devant nous, professeur. Ce n’est pas la question. Venez.
- Comme je veux ?
- Comme vous voudrez.
A dire vrai, Ugo pensait à un de ses étudiants, qui lui avait parlé régulièrement de « bains de livres », en librairie ou en bibliothèque. L’expression lui avait plu. Alors il la mit en pratique, plongea dans les livres et y nagea littéralement, cette fois. Ce faisant, il entendit un petit rire, auquel il répondit de même. Ugo avait aimé les bains de mer, étant né près de la Méditerranée, non loin du détroit de Messine, côté calabrais. Et il s’aperçut que nager dans les livres était tout aussi grisant que parmi les cétacés. En revanche, il évita d’aller sous la surface… Il ne connaissait que trop bien les Charybde et Scylla. Cette expédition dura un peu, malgré une brasse efficace, qu’il tâchait de retenir, pour ne pas abîmer tous ces livres. Enfin, Ugo perçut une lueur, alors il se leva, pour mieux voir où il allait, et se mit à marcher. Peu à peu, la lumière crût, à mesure qu’il avançait. Les parois, s’il y en avait, devenaient dorées, et Ugo ressentit un intense sentiment de complétude. Alors, tout à coup, quand une main se tendit, il la saisit avec un grand « merci ! »
- De rien, professeur Ercolano. Je vois que vous ne faillissez pas à votre réputation…
Ugo avait un sourire jusqu’aux oreilles.
- Je regrette une seule chose, dit-il à l’être qui l’accueillait ainsi, celle de l’absence de ma chère femme…
- Je n’y peux rien si vous êtes mort le premier. Vous aviez quand même pas loin de quatre-vingt-dix ans…
- Comment savez-vous cela ? s’étonna Ugo. Je ne vous connais même pas !
- Je suis Laurent, le patron des bibliothécaires. Je suis aussi un homme de… dossiers. Enfin, un homme…. Une entité. C’est difficile, d’oublier qu’on a été un homme, et pourtant c’était il y a si longtemps… et ce coin de Paradis s’est beaucoup accru, au cours de ces derniers siècles.
Ugo n’en croyait pas ses oreilles.
- Excusez-moi, ma spécialité était plutôt la linguistique de l’italien et du français… Sommes-nous dans mon Paradis, ou dans le Paradis ?
- Les deux, professeur. Mais suivez-moi.
Ugo, de plus en plus curieux, suivit Laurent. Ils traversèrent un mur de livres tout illuminé, et Ugo distingua un bureau, deux chaises, et toujours ses étagères bourrées de volumes dans toutes les langues du monde.
- J’adore votre bazar, dit-il sourire aux lèvres, et Laurent éclata de rire.
- Je sais, votre père était antiquaire, et bouquiniste…
- Je n’ai pas failli à la tradition familiale.
- Et vous étiez un excellent professeur. Mais je vous en prie, asseyez-vous.
Ugo s’exécuta, et Laurent prit place à son bureau. Là, il saisit un dossier sur une pile, sur laquelle Ugo déchiffra, à l’envers, son nom et ses dates de naissance et de mort. Laurent attrapa une plume d’un blanc immaculé, et Ugo se demanda à qui elle avait appartenu, à un être divin, à un oiseau ? Laurent la plongea dans un grand pot d’encre noire, écrivit quelques mots sur la première page du dossier, puis se reporta à la fin sans poser de questions. Ugo attendait, intrigué : de la paperasserie jusqu’au Ciel ? Enfin, Laurent posa sa plume, et expliqua :
- Je vous ai dit que nous avions l’éternité. Certes, les choses resteront ainsi jusqu’à la fin du Temps, mais enfin vous pouvez, de ce fait, ne pas faire que lire tous ces volumes que vous voyez. Il y a des choses tout aussi passionnantes à appréhender, et vous pouvez également vous réincarner sur Terre. Même ainsi, on apprend encore beaucoup. Une nouvelle vie humaine vous intéresse-t-elle ? Vous avez encore des possibilités, de ce point de vue.
- Non ! répondit spontanément Ugo. Tous ces livres sont trop fascinants. Et être prof de fac comporte aussi des moments pénibles.
- Oui, mais si vous regardez en arrière, cette vie vous a-t-elle plu ?
- Oui, c’est vrai. J’ai vécu de mes passions, et épousé une femme adorable qui m’a donné de beaux enfants. Je n’en demande pas plus. En plus, ma femme est toujours en vie…
- Quel âge a-t-elle ?
- Quatre-vingt-trois ans.
- Elle peut encore vivre un moment, si elle n’a pas d’affection particulière.
- Je sais. Mais le cœur peut lâcher, comme pour moi… Si je me réincarne, oublierais-je cette vie précédente ?
- Seule la mort permet de faire le point sur toutes ses vies. Eventuellement l’hypnose, si elle est bien menée, de votre vivant. Mais il me semble que vous n’y croyez pas ?
- Disons que je suis assez cartésien… c’est pour ça que l’endroit où nous nous trouvons me fascine. Tous ces livres ! Mais je ne veux pas oublier ma Cecilia.
Laurent eut un beau sourire.
- Vous ne souhaitez donc pas vous réincarner.
- Non.
- Très bien. Vous resterez parmi les livres tant qu’il vous plaira. Sachez toutefois que vous pouvez changer d’avis à tout moment. Et quoi qu’il en soit, je vous conseille de découvrir toutes les facettes de ce monde. Il y a pas mal de pièces, hexagonales, qui n’accueillent pas que des livres. Des écrivains y sont…
- Oh ! Et comment pourrai-je les trouver ?
- Je vais vous donner une boussole spéciale.
Ugo sortit du bureau avec un immense sourire aux lèvres, la petite boussole et un livret à mettre dans sa poche. Il pouvait désormais déambuler dans ce monde à sa guise, s’installer là où il le désirait. Il avait certes retrouvé son corps de jeune homme, avec ses cheveux, sa prestance, mais dépourvu de tout besoin naturel. Le temps dont il disposait serait entièrement consacré à la lecture – ou du moins le croyait-il.
Son premier soin fut néanmoins de relire le livre de Calvino qu’il avait gardé à la main, étendu sur une masse d’ouvrages. L’ayant fini, il n’avait qu’à le reposer sur une étagère, d’où le livre tomba immédiatement. Ugo, par deux fois encore, voulut le ranger, avec toujours le même résultat. Alors qu’il se relevait, il entendit un « flap flap » qui s’approchait, et aussitôt, se retournant, il reconnut la silhouette de son meilleur ami, déjà mort depuis quelques années. Il laissa tomber le volume tout en ouvrant grand les bras.
- Alberto ! Quel plaisir !
- Ugo ! J’ai senti que tu étais arrivé ! Tu te souviens, quand nous nous sommes quittés la dernière fois ?
- Si je m’en souviens ! Tu étais dans un état !!
Et les deux amis se donnèrent l’accolade.
- Heureux de te retrouver ! fit Alberto. Viens, que je te chaperonne ! Il y a des choses fascinantes, et toi, toujours à brasser des livres !
- Ça me rappelle quand j’étais gamin, dans la boutique de mon père… se justifia Ugo.
- Il est ici quelque part, mais va-t-en trouver un bouquiniste, dans cet univers de livres…
- Ça ne fait rien, j’ai l’éternité devant moi. J’espère seulement que ma Cecilia ne me fera pas trop attendre…
Alberto eut un grand sourire.
- Toujours aussi amoureux ?!
- Toi, tu as divorcé trois fois ! se moqua gentiment Ugo. Es-tu toujours aussi coureur, ici ?
Tous deux éclatèrent de rire.
- Ici, on est amoureux de tout le monde, Ugo. Je vais te présenter une femme qui me fait fantasmer. Suis-moi.
Ugo s’exécuta en riant, aux anges.
- Et comment s’appelle-t-elle ?
- Maria, tout simplement.
- Tu as retrouvé les tiens ?
- Oui. J’aime passer du temps avec certains, jusqu’au moment où ils se réincarnent. Mais moi non plus, je ne me lasse pas de tous ces livres…
- Et comment t’y retrouves-tu, si tu as envie de lire un auteur en particulier ?
- Il suffit de demander. La boussole spéciale est faite pour ça, aussi.
- Laurent m’a expliqué comment ça marche, mais je ne l’ai pas encore testée…
- On le fera ensemble, si tu veux.
- Bonne idée… fit Ugo, devenant songeur.
- Il n’y a guère que cet endroit pour te couper le caquet… dit Alberto après un long moment de silence.
Ugo éclata de rire pour toute réponse.
- Tu regardes ? demanda encore Alberto.
- Oui…
Enfin, Alberto bifurqua vers une véritable petite porte, qui s’ouvrit alors qu’il frappait.
- Maria, tu es là ?
- Qu’est-ce que tu fais encore là, Alberto ? fit une voix enjouée, et une petite bonne femme apparut.
Elle était toute en rondeurs, avec une poitrine qu’Ugo jugea fellinienne, brune, coiffée d’un chignon, un sourire charmant. Ugo laissa échapper un « oh ! », ce qui la fit rire.
- Je peux vous embrasser ?
- Ici, tout le monde se tutoie, dit alors Alberto. Maria, voici mon meilleur ami, Ugo Ercolano. Nous étions à la petite école ensemble, et ne nous sommes jamais perdus de vue.
- C’est vrai, tu m’en parles quelquefois. Bienvenue, Ugo !
Et Ugo embrassa ses joues pleines.
- Maria est une créatrice. Serais-tu d’accord pour donner la vie devant Ugo ?
- Eh bien justement, j’écrivais… Venez.
Toujours curieux, Ugo ne posa qu’une seule fesse sur une chaise près du bureau, pour mieux voir. Alberto avait utilisé l’expression « donner la vie », et Maria, avec ses formes, représentait déjà la Femme, pour lui. Surtout avec un prénom… italien ? Plus généralement méridional ? Maria se réinstallait à son petit bureau, saisit sa propre plume, d’un blanc immaculé aussi, pour la plonger dans l’encre. Tout à coup, Ugo demanda :
- Dans quelle langue écrivez-vous ?
- En français. En fait, je suis grecque, mais l’alphabet latin correspond à beaucoup plus de langues.
- Tu vas voir, fit Alberto.
- Oui, ne dites plus rien, maintenant, intima Maria, et elle se mit à écrire.
Ugo observait l’écrivain, intrigué. L’expression « donner la vie « le tarabustait. La plume courait sur le papier, alors que Maria suivait le mouvement de l’écriture, les yeux mi-clos.
- Tu as le droit de regarder par-dessus l’épaule de Maria, murmura Alberto.
Ugo tint alors une position étrange, une demi-fesse sur sa chaise, penché vers Maria qui écrivait : « La petite fille aux yeux couleur des abysses se pencha sur son compagnon de jeu. Ses longs cheveux bruns effleurèrent le petit garçon qu’elle avait ramené sur la plage. Une goutte d’eau tomba du visage de la petite, et il revint à la vie.
- Oh, merci Coralie ! »
A ce moment précis, la petite fille aux yeux couleur des abysses apparut dans la pièce. Ugo sursauta.
- Bienvenue, Coralie, dit doucement Maria. Veux-tu vivre de belles aventures, autour de cette plage ?
- Oui-i ! Maman !
La petite fille devait avoir sept ou huit ans.
- Dans mon livre ? demanda-t-elle.
- Où tu voudras !
- Fais-moi rencontrer Nicolas plus tard, si la vie nous sépare. C’est mon amoureux !
Elle disait cela très sérieusement, ce qui amusa Ugo et Alberto. Tous avaient un grand sourire.
- Tu trouveras ton amoureux. Je vais t’inventer une belle histoire, petitoune. Préfères-tu ton livre, ou la réalité ?
- Un livre, ce sera beaucoup mieux, déclara Coralie sans se départir de son sérieux.
- Entendu. Tu peux retourner dans ta fiction.
La petite fille disparut aussitôt.
- C’est… remarquable. Génial ! s’emballa Ugo. Et tout le monde peut… donner la vie ? Quid de ceux qui choisissent la réalité ?
- Ils apparaissent sur la Terre, répondit Maria. Et selon l’histoire qu’on leur écrit, ici, leur séjour sur Terre est plus ou moins agréable. Tout dépend de l’imagination.
Ugo restait frappé, un quart de fesse sur sa chaise. Enfin, il dit :
- Je n’ai jamais écrit de roman…
- Eh bien, tu as tout le temps pour en lire… dit Alberto à son vieil ami.
- Oui, c’est la meilleure façon d’apprendre à en écrire, approuva Maria. Prends ton temps, Ugo. L’éternité est si longue…
- Et tu pourras revoir les tiens, même si ce n’est que temporaire. Ne te précipite pas, Ugo.
- Mais… bon. C’est… c’est fascinant.
Cette fois, il était presque debout, et Alberto, qui n’avait pas quitté son ami des yeux, éclata de rire.
- Mais assieds-toi, nom d’une pipe !
Et Ugo tomba sur sa chaise, amusé par la réaction d’Alberto.
- Ça ne fait rien, dit-il. J’ai trouvé le but de ma mort !
- Tu ne veux pas te réincarner ? s’étonna Maria.
- Non. Je vais attendre ma femme, et… donner la vie sans elle, en attendant.
Alberto riait comme un petit fou, et Maria le regardait, sourire aux lèvres.
- Il n’y a pas un catalogue, dans ce monde ? demanda Ugo.
- Quel catalogue ? fit Maria. Les livres sont une découverte perpétuelle. Si tu penses à quelque chose en particulier, utilise ta boussole pour le demander directement.
Ugo, comme étourdi, se mit à diriger son regard dans tous les sens, se leva, alla regarder les livres de l’hexagone.
- Tu les ranges, Maria ?
- Un minimum. Tu veux être auteur, toi aussi ?
- Oui.
- Entre auteurs, on peut se refiler des choses. Alberto, j’embarque ton ami !
Alberto se reprit, et déclara :
- Alors je vous laisse.
Et Ugo découvrit l’univers où il allait évoluer, ses livres, son rythme propre. Et, enfin, il eut lui-même sa petite pièce hexagonale, avec tous les livres qu’il avait glanés, lus, relus ou à lire. Il se mit à peupler son imagination, jusqu’au « jour » où il coucha ses idées sur le papier.
« Il était une jeune femme qui ne pensait qu’à lire et à écrire, rejetée par son milieu car trop différente, trop intellectuelle pour être tout à fait du monde terrestre. Tout commença par une naissance-éclair… Ses parents l’appelèrent Chiara, eux-mêmes étaient bibliothécaires… » Aussitôt, Chiara débarqua. Et revint souvent.
- Mais alors Ugo, que suis-je ? Qui tient la plume, de nous deux ? demandai-je, longtemps plus tard, au cours de l’écriture.
- Eh bien…
Il était manifestement embarrassé.
- Qui écrit sur l’autre, père ? insistai-je. C’est moi, qui ai imaginé cette histoire…
- Mais Chiara…
- Fais-moi rencontrer du monde, en vrai ! Mon écriture ne fait que combler un manque…
- Je le sais bien, je t’ai imaginée ainsi. Tu es ma digne fille…
- Je ne sais pas si tu saisis tout, père. Qui est le héros de cette histoire ?
- Toi, Chiara… De toute façon, l’imagination, la tienne ou la mienne, peu importe… en est le maître mot…
© Claire M., 2020