Des livres et des voyages.
Ils ont beaucoup tergiversé, aussi bien les libraires, qu'en "haut lieu". Mais finalement, le 11 mai, beaucoup de commerces ont ouvert, y compris les librairies. Pour le plus grand plaisir de Bibi : les bains de livres, et sortir de là avec une petite pile de livres et de quoi écrire. J'avais eu peur ! Bien entendu, au Furet du Nord de la fameuse Grand-place, ils ont pris leurs précautions : trajets millimétrés (mais pas si gênants), et gel hydroalcoolique à l'entrée pour tout le monde. Moyennant quoi, j'ai pu tripoter des livres mais, restons prudents, plutôt pour lire la quatrième de couverture, que pour les feuilleter.
Et, grâce à La grande librairie et,surtout, aux conseils avisés de mon meilleur ami, je vais faire des découvertes. La librairie : ouverture sur le vaste monde ! De François Cheng au grand Nord de Jack London, en passant par l'Albanie et la Pologne... Et il faudrait s'en priver ? Alors j'ai plongé avec délices dans cet antre de perdition (pour mon porte-feuille).
Le soir même, j'ai bavardé avec ce vieil ami. En fait, nous faisons donnant-donnant, en parlant de nos lectures. L'Europe centrale m'intéresse de plus en plus, ainsi que le monde arabe et, moi, je lui parle de littérature italienne et scandinave. Mais je m'étonnais qu'il me dise aimer lire, et voir lire, dans les librairies. Vraiment, tout un livre. A moi, cela me semble quelque peu incongru : n'y a-t-il pas les bibliothèques, pour cela ? Alors où est la frontière ? Librairie, ou bibliothèque ?
Cela me rappelle Montaigne, qui disait déambuler dans sa librairie, terme qui, à son époque, désignait en réalité la bibliothèque privée. En italien, le mot "libreria" désigne aussi bien le lieu où l'on achète des livres, que le meuble qui les contient. Il serait intéressant de comparer avec d'autres langues encore. Mais on ne déambule pas dans un meuble, seulement en esprit. Ma bibliothèque est classée dans l'ordre alphabétique, ce qui autorise des télescopages amusants : Diderot entre Philip K. Dick et Chahdortt Djavann, Echenoz entre Eça de Queiroz et Mircea Eliade, Stendhal entre Steinbeck et Stevenson. Ne vous disais-je pas tantôt que la littérature était un voyage ?! Dans un fauteuil, certes, mais ainsi, on peut aller vraiment partout, sans masque et sous la couette... le meilleur endroit pour lire, sourtout si en plus, votre chat vient se mettre sous votre autre main...
Claire M.