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l'imagination au pouvoir
12 avril 2021

Conarovirils, 3° épisode

Les amoureux.

 

La veille au soir, Julien était rentré chez lui de fort méchante humeur, et en plus il n’avait même pas eu droit à une réconciliation sur l’oreiller... Frustré, encore en colère au réveil, il avait avalé un café à toute vitesse avant de retourner à son travail au commissariat. En plus, sa femme avait oublié de lui acheter des dosettes de café. Alors une fois habillé en policier, il prit son temps pour admirer les poissons dans l’aquarium, et la photographie de Fiérot. Le chat avait été pris avec un mouvement de tête irrésistible, Julien était décidément sous le charme. Il en aurait presque oublié où il était, jusqu’à ce que Schwartzie lui tape sur l’épaule, avec ses muscles de fer.

-          On y va, Julien ? Ça y est, je suis prêt. N’oubliez pas nos masques…

-          Pourquoi, le vôtre aussi ?

-          Il faut changer de masque toutes les quatre heures, rappela Adrien à son subalterne.

Julien grommela quelque chose, et ouvrit l’armoire avec une certaine brusquerie.

-          Ouh là ! lança Biette. Qu’est-ce qui vous arrive, ce matin ?

Julien préféra ne pas répondre, prit précautionneusement quatre masques, en donna deux à Adrien.

-          Merci.

Julien se massait toujours l’épaule, ayant d’autant mieux compris le pourquoi du surnom de son collègue.

-          Ça va ? s’enquit Biette.

-          Oui…

 

Le printemps était décidément beau, et les rues presque vides. Les deux policiers cherchaient désespérément un ou des contrevenants, espérant remplir les caisses de l’Etat. Adrien verbalisa une petite vieille dame qui ne comprenait rien, un panier de courses dans une main, et tenta d’en faire autant avec un petit jeune qui sortait son chien. Julien, à la vue de l’animal, avait fait deux pas en arrière, mal à l’aise. Et le jeune homme, sur sa dérogation, avait fait une empreinte avec de l’encre bleue, de la patte de son labrador. Adrien le regarda de travers.

-          Je suis dans les règles, monsieur ! clamait le petit jeune.

Julien n’osait plus intervenir, alors le gamin et son labrador leur filèrent entre les doigtes. Il vit rouge un quart d’heure plus tard, en avisant des amoureux en train de se bécoter sur un banc à l’entrée d’un parc, évidemment fermé.

-          Là, Adrien ! Ces deux-là, impossible de les rater ! Et sans masque, en plus !

-          Oh, c’est mignon... On peut bien...

-          Le commissaire Drac m’a fait potasser le protocole sanitaire pendant une journée entière. Ce qu’ils font n’est pas du tout un geste barrière ! Et si le… virus était là ?

Adrien éclata de rire.

-          Dans le fond, vous avez raison, mais franchement…

-          Ah, ils vont voir de quel bois je me chauffe !

Et incontinent, Julien alla beugler aux amoureux qu’ils contrevenaient au protocole en vigueur, qu’il était hors de question de se toucher, et encore moins de s’embrasser comme ils le faisaient. La fille en fut très mal à l’aise, mais son compagnon la regarda elle, puis Julien et Adrien :

-          Vous croyez qu’en mettant le masque, on pourrait s’embrasser ? Déjà que nous venions de nous fiancer… Allez, quoi, soyez chic, messieurs !

Adrien tenta de calmer le jeu, en regardant Julien de travers, puis en posant, sans réfléchir, une main sur l’épaule du garçon.

-          Mon collègue est procédurier…

-          C’est le moins qu’on puisse dire ! Et vous, c’est pour vous donner des airs, que vous faites de la gonflette ?

Adrien s’empourpra, à ces mots ;

-          C’est une insulte à agent public ! Vous risquez une grosse amende !

-          Vous m’avez fait mal sans raison valable, monsieur l’agent !

-          C’est les hommes, mon cœur, ils n’ont aucune subtilité… Franchement, tout ça parce qu’on s’aime ! Viens, on s’en va.

-          Non !! firent de concert Julien et Adrien.

Et Julien ajouta :

-          Et chacun 135 euros, parce que les  baisers, ça se fait à deux !

-          Plus une insulte à agent public ! Vous aggravez votre cas !

Mais la fille se leva, très digne.

-          Viens, Arthur, de toute façon, nous sommes forcément à moins d’un kilomètre de chez nous…

Et tous deux remirent leurs masques.

-          Comme ça, ça vous va ? fit Arthur avant de déguerpir.

Et les deux agents soupirèrent : un paquet d’euros pour l’Etat leur filaient sous le nez…

 

A suivre…

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