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l'imagination au pouvoir
2 mai 2021

Conarovirils, 4° épisode

Le pigeon

 

-          Qu’est-ce que vous faites avec cet animal, Biette ? demanda le commissaire Drac ce matin-là, alors qu’ils se préparaient tous, les uns après les autres, dans la petite pièce commune avec l’aquarium.

-          C’est une prise de mon chat. J’aurais besoin d’un coup de main.

Julien Moret regarda le pigeon, dont Biette serrait les ailes contre le corps. La bestiole semblait plutôt affolée, et pépiait.

-          Et que voulez-vous que je fasse ?

-          Vous ne voyez pas ? C’est un pigeon voyageur. Vous conviendrez qu’il me faudrait au moins une troisième main, pour intercepter le message…

Drac se gratta la tête, plutôt embêté.

-          Quoi, vous résolvez des enquêtes, et vous n’êtes pas foutu de retirer un message ?

-          Je vous remercie, Schwartzie, mais je n’ai pas besoin de vos commentaires. Et je vous rappelle que vous êtes mon subalterne.

Julien se félicita intérieurement de ne pas avoir gaffé à la place de son collègue, et s’avança.

-          Attendez, fit-il. Ne le lâchez pas, monsieur Biette.

Julien caressa rapidement les plumes de l’animal, pour l’apaiser, d’une main, puis, tout doucement, en prenant ses précautions, il retira le message.

-          Bravo, Moret, je n’en attendais pas moins de vous…

-          Merci, commissaire. Tenez.

-          Si vous permettez, commissaire, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, tenta encore Schwartzie. Si ça se trouve, ça n’a rien à voir avec le coronavirus…

-          Si je n’avais pas eu un doute, durant cette période… compliquée, je ne l’aurais pas amené ici. De toute façon, j’ai félicité Fiérot…

-          Oui, votre chat doit être formidable ! Je ne me lasse pas d’admirer sa photo.

-          Je l’avais remarqué, dit Biette à Julien avec un sourire. Vous aimez les animaux…

-          Oui, c’est vrai. Je me méfie plus de leurs maîtres.

Jean-Paul regarda Julien d’un air satisfait, et déplia le message. Il dut plisser les yeux, alors que Schwartzie, vexé, quittait la pièce. Enfin, le commissaire lut le message.

-          RDV le 2 avril à 16h, devant la gare, et je te ferai ta fête. Sylvain »

Les trois hommes qui étaient là se regardèrent, un peu inquiets.

-          Je crois que mon chat a levé un lièvre…

-          Mais on n’a pas de nom ! seulement ce Sylvain… et Dieu sait quelles sont ses intentions…

Le commissaire Drac était très embêté.

-          Quelle drôle d’idée, quand même, d’utiliser un pigeon voyageur, remarqua Julien. En plus devant la gare, notre Sylvain peut venir de n’importe où…

-          Merde, firent les deux autres.

-          On ne va pas faire une enquête pour ça ! ajouta Biette. Moret, vous savez faire revenir le pigeon à son maître ?

-          Si vous m’accordez la matinée, je peux l’emmener chez mon grand-père, il est colombophile. Il saura ce qu’il faut faire. Mais si vous me permettez, s’il n’était pas colombophile, je ne saurais même pas qu’on communique encore comme ça.

-          C’est justement ce qui m’a intrigué, avoua Biette. Encore heureux que mon chat ne l’ait pas trop amoché…

Julien regarda le commissaire.

-          Permission accordée, fit ce dernier. Mais soyez là à quatorze heures pour reprendre.

-          Bien, monsieur le commissaire. Mais je vais appeler mon grand-père et l’attendre ici. Vous l’avez amené comme ça, monsieur Biette ?

-          Non, dans une boîte à chaussures de ma femme, qu’elle a tenue pour qu’il ne s’échappe pas. Mais elle a récupéré la boîte.

-          Pauvre bête. Où puis-je téléphoner ?

 

Moret partit une demi-heure plus tard avec son grand-père, pour apaiser l’oiseau, muni d’un message supplémentaire de Biette. Et Moret revint à quatorze heures comme promis, attendant des nouvelles du pigeon. Mais celles-ci ne vinrent que le lendemain.

Et Biette était toujours aussi embêté.

-          Alors ? demandèrent le commissaire et Julien.

-          Ce Sylvain voulait un moyen original pour souhaiter la fête de sa copine, qui s’appelle Sandrine… le jour de la Ste Sandrine. Mais j’ai dû rappeler que les rassemblements étaient interdits… Il m’a envoyé paître, ajouta Biette, mortifié. Quand je lui ai parlé d’outrage à agent, il m’a rétorqué que les pigeons pouvaient circuler, eux ! Il a même sous-entendu qu’il pourrait être porteur du coronavirus… J’ai voulu le rencontrer pour qu’on en parle, et… il m’a raccroché au nez.

Julien ne put s’empêcher d’éclater de rire, et de s’écrier :

-          Je crois que votre chat est un vrai policier ! Nous et nos scrupules !!

Et ses supérieurs le foudroyèrent du regard…

 

A suivre…

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