Point de vue de Sirius, 3° épisode
L’apéro.
- Volontiers, reprit l’autochtone, épaté d’une telle rencontre. J’ai un très grand igloo, vous y serez au chaud. Vous n’êtes pas aussi couverts que moi…
Et effectivement, la différence était criante, entre les fourrures de l’un, et les tenues de voyage, plus confortables, permettant les mouvements, des Po-Toliens. Ces derniers risquèrent un sourire, et Carman demanda :
- Comment vous appelez-vous ?
- Hans. Hans Pedersen.
- Enchanté. Appelez-moi simplement Carman.
Et il tendit une main. Hans hésita, et la lui serra. La main de Carman était chaude et douce, et il en fut surpris.
- Vous êtes vraiment des extraterrestres ?
- Du système de Sirius, précisa Ollibert.
- C’est curieux. Enfin, depuis que je suis sur Maldek, je ne m’étonne plus de rien...
- Comment cela ? s’étonna Byzix.
- Je vous expliquerai.
- De toute façon, mon copilote, et la princesse Balea, ne vont pas tarder.
Bientôt, tous deux apparurent, la princesse emmitouflée dans un immense manteau gris, et Césig, hilare. Son capitaine lui indiqua la langue dans laquelle s’exprimer, mais tout à coup, Césig sursauta.
- Mais capitaine ! Le Danemark est sur Terre, et ici, nous sommes sur Maldek !
- Ecoutez, voici Hans Pedersen, il va sans doute nous expliquer ce mystère.
- Oui, suivez-moi. Mon igloo n’est pas très loin.
Et le petit groupe suivit donc le trappeur.
Hans Pedersen, qui devait bien faire un mètre quatre-vingt, dut se baisser pour entrer dans son igloo, ce qui fit pouffer de rire Lantar et Anthéa, discrètement. Une fois à l’intérieur, le géant danois ôta son manteau, puis les fit asseoir.
- C’est étonnant, qu’il fasse aussi chaud ici, déclara Anthéa en enlevant deux boutons de son gilet.
- Pas du tout, madame. C’est étudié pour.
Byzix avoua son incompréhension, mais Hans Pedersen ouvrit un petit bar, pour proposer à boire. Tous acceptèrent avec joie, sauf Anthéa, qui se méfia du fait de sa grossesse. Hans lui versa une limonade. De leur côté, Byzix et Césig cherchaient vainement, des yeux, un branchement quelconque, à cause de la présence de quelques appareils électriques. Ollibert servit le reste des boissons, et Hans sortit de quoi grignoter, chips, rollmops, cornichons. Il fit un beau sourire à Anthéa pour se racheter du meurtre de l’ours blanc qui l’avait accueillie, et lui tendit le plateau. Naturellement, nos Po-Toliens débarquaient tout à fait.
- Drôle de façon de faire un repas, dit la princesse sans quitter son air pincé.
- Ce n’est pas un repas, mad… euh, Votre Altesse, mais un apéritif. Servez-vous.
- Ollibert, voulez-vous bien vous servir et me dire quel goût ça a.
- Votre Altesse ! gronda Byzix.
- Quoi ?
- Mangez, et ne faites pas d’histoires. Ce serait très discourtois.
- Discourtois ?
- Je vous en prie, Votre Altesse !!
Balea prit un cornichon, et à l’exemple d’Hans, croqua dedans.
- Ça pique !
Byzix la foudroya du regard, mais Hans le prit à la rigolade, et ne se vexa pas. La princesse avala tout de même son cornichon.
- Hum, l’arrière-goût, finalement…
En revanche, cela plut beaucoup à Lantar et Carman, et Anthéa ne fit pas de manières. Ils goûtèrent de tout, et Césig avoua qu’il appréciait particulièrement les chips. Hans les observait, goguenard.
- Bon, venons-en au fait, dit enfin Byzix. Votre installation est rudimentaire, et pourtant vous avez un écran sans fil et…
- … des coussins confortables, compléta Césig.
Cette sortie fit rire l’assemblée.
- Je suis sérieux, capitaine.