L’animal de l’amitié.

La dame de l’accueil de l’association de l’amitié fut quelque peu effarouchée en voyant arriver les Po-Toliens, mais Miguel lui expliqua, tout en la mettant à l’aise, qu’il ne pouvait accueillir sept personnes dans son deux-pièces. De ce fait, elle alla chercher le directeur.

-          Messieurs-dames, fit ce dernier en sortant de la pièce à côté de  l’accueil. Je suis ravi de vous accueillir.

Byzix identifia sa langue, le fit savoir télépathiquement à ses congénères, et chacun se brancha sur l’anglais.

-          Excusez-nous, dit Byzix après un temps, notre race est un peu lente à la détente…

-          Ça ne fait rien, le rassura le directeur de l’association.

-          Avez-vous des chambres pour eux ? demanda Miguel. Ou dois-je leur payer l’hôtel ?

-          Ne vous inquiétez pas. Etant donné la situation, nous pouvons nous arranger. Je crois que nous avons un dortoir de libre, mademoiselle ?

La demoiselle vérifia qu’il y en avait un pour sept, tandis que Byzix demandait au directeur :

-          Quelle est votre association, si ce n’est pas un hôtel ?

-          Eh bien, vous allez voir. Nous accueillons, en principe, les gens délaissés par leurs familles. Nous leur offrons des chambres, et nous avons un immense jardin où ils s’occupent de faire pousser des fruits et des légumes, et d’élever des bêtes. Cela leur donne une raison de vivre et de voir d’autres personnes délaissées.

-          Je ne comprends pas tout. Que voulez-vous dire par « délaissés » ?

-          Nous avons des écrans spéciaux où nous pouvons regarder nos familles qui sont vivantes. Mais les familles, quelquefois, ne pensent pas à leurs morts, ils peuvent très bien les renier aussi. Les gens se retrouvent donc seuls, ce qui est très difficile à vivre pour eux, bien sûr. Nous leur rendons la mort plus agréable. Nous organisons des sorties, des concerts…

La princesse fut sensible à l’explication.

-          C’est une belle idée, dit-elle.

-          Merci. Tenez, voilà un petit pensionnaire que nous aimons beaucoup, ici. Flocon- san !  

Les Po-Toliens s’attendaient à voir une personne délaissée, et au lieu de cela, le directeur saisit un joli petit animal blanc qui passait.

-          Flocon, une de nos mascottes. Il redonne de la gaité à mon établissement.

-          Qu’est cet animal ? demanda Anthéa.

-          C’est un chat. Vous pouvez le caresser. Il est très câlin. N’est-ce pas, Flocon-san ?

Flocon se laissa aller dans les bras du directeur, et ce dernier lui flatta le ventre.

-          Écoutez, dit-il à Anthéa. Approchez-vous.

Curieux, tous approchèrent.

-          Qu’est ce murmure ?

-          Il ronronne. Les chats ronronnent quand ils se sentent bien.

-          Je peux ? fit la princesse, tendant timidement une main.

-          Je vous en prie, allez-y.

Balea prit le chat dans ses bras, l’écouta ronronner. Il se laissait faire, posa sa tête sur l’opulente poitrine de la princesse.

-          C’est bon ! C’est apaisant !

-          C’est ce que recherchent les personnes délaissées. De l’amour.

Anthéa essuya une larme.

-          Ma belle ?

-          Il faut que nous restions ici. Que nous leur donnions de l’amour. C’est triste, de n’avoir que des animaux pour cela.

-          Il y a d’autres personnes. Des amitiés se font. C’est le but de mon association.

-          Oh, Anthéa, fit la princesse. Tenez, prenez le Flocon-san.

-          Le chat. Flocon est son nom, rectifia le directeur.

Anthéa le prit dans ses bras à son tour, le berça comme un enfant. Le chat ronronnait très fort.

-          Il n’aime pas voir les gens qui pleurent. Mais j’ai un dortoir pour vous, pour huit mais ça ne fait rien, dit la demoiselle de l’accueil.

-          Alléluia ! lança Miguel, ce qui détendit l’atmosphère. Alors je peux vous les confier ?

Et Miguel les sut entre de bonnes mains (« et pattes ! »), et prit congé.