Point de vue de Sirius,11° épisode
Douces mœurs.
Les Po-Toliens s’installèrent donc à l’association de l’amitié, et investirent leur dortoir, composé de plusieurs pièces avec des lits confortables, un petit salon et une salle de bains, plus une cuisine. Une grande baie vitrée donnait sur un parc fleuri. Quand ils l’ouvrirent, des gens se pressèrent autour d’eux, tout contents de voir des nouveaux.
- On va s’occuper de vous !
- Venez !
Et la petite troupe fut entraînée à travers le parc. Tout d’abord, on leur montra le verger, où se trouvaient des bancs et des balancelles, non loin des arbres. Une dame cueillit quelques pommes, les leur tendit.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda la princesse.
- Des pommes. Celles-là sont très juteuses, attention. Ne vous tâchez pas.
Chacun croqua dedans, comme leur montra un pensionnaire. Le jus de pomme gicla sur Césig, qui le prit à la rigolade. Bientôt, tous riaient. Des chats, des chiens et des poules passaient. Les poules caquetaient, et très vite, leurs poussins les rejoignirent.
- Qu’ils sont rigolos ! se lâcha Byzix, en les voyant.
Anthéa en saisit un.
- C’est si doux, ça aussi !
- Il y a encore plus rigolo ! Venez à la mare !
Tout le monde n’avait pas fini sa pomme, mais cela ne faisait rien. Lantar s’en délectait. Ils arrivèrent à la mare, où il y avait des canards, les canes avec leurs canetons. C’était vrai que les canetons étaient rigolos eux aussi, jusqu’à ce qu’ils entrent dans la mare. Byzix riait de les voir. Ils allaient en file indienne derrière leur mère, fendant l’onde. Césig était épaté de voir son capitaine ainsi. Mais il fallut voir aussi le potager et, derrière une palissade, il y avait des vaches, des chèvres, des moutons et des cochons. On leur montra tout.
- Et quel est ce bâtiment, tout au fond ? demanda Carman.
- C’est l’abattoir. Tous ces animaux fournissent aussi de la très bonne viande.
- Tous ?
- Sauf les chats et les chiens. Nous refusons de voir ceux-là dans nos assiettes. On s’y attache, vous savez.
- Surtout aux chats, fit Anthéa.
- Et puis nous y trayons les vaches, les moutons et les chèvres, leur expliqua-t-on encore. Nous buvons leur lait, et les Français font du beurre, de la crème et du fromage. Vous verrez, nous prendrons le repas du soir dans deux heures.
- Si c’est aussi bon que les crêpes au chocolat… commenta Césig.
Cela fit rire tout le monde, y compris Byzix et la princesse. Enfin, ils émirent l’envie de se reposer un peu, et on leur dit qu’on viendrait les chercher pour le repas. Anthéa et Lantar allèrent roucouler dans le parc, près de la mare aux canards, pendant que les autres rejoignaient leur chambre.
- J’aurais préféré que nous puissions parler tous ensemble, dit Byzix en reprenant son sérieux.
- Il faut les comprendre, capitaine, dit Ollibert, ils ont besoin d’un peu d’intimité.
- Mais oui, dit la princesse. Ils forment un si beau couple ! Oh, Flocon-san !
Le chat blanc était en effet entré par la porte-fenêtre. Il alla droit à la princesse, et sauta sur ses genoux, où il se mit en boule.
- Vous aussi vous êtes un beau couple, fit Césig.
La princesse, touchée par le chat, avait posé une main sur lui. Flocon se mit à ronronner, distrayant ainsi Balea. Byzix grommela quelque chose, et alla vers une chambre, pour s’étendre sur le lit. Il fut tout surpris d’y trouver une couverture moelleuse, s’y trouva bien et s’endormit.
Ils furent tirés de leur torpeur pour le repas, pour lequel ils trônèrent à la table d’honneur avec le directeur, et tous les pensionnaires. Une petite dame toute pimpante, une Française, leur avait même préparé un plat de sa région, la Provence : des beignets de fleurs de courgettes, qu’ils jugèrent succulents. Les produits du parc furent plébiscités, et finalement, les Po-Toliens se sentirent traités comme des coqs en pâte.