Je croyais cette expression commune à tous, mais je me suis rendue compte, il y a peu, que ce n'était pas le cas. Je suis des enfants handicapés, en classes normales et, entre autres, j'ai un pré-adolescent de 11 ans en CM2. Sur les tables, on pouvait voir le conte de la Barbe bleue, de Ch. Perrault. Auparavant, les enfants avaient travaillé sur le début d'une autre histoire commençant, naturellement, par " Il était une fois". Celui que je suis n'a pas identifié la nature de l'histoire. Je le savais d'un milieu défavorisé, où les parents ne savaient pas lire, perdent les dossiers concernant leurs enfants, et donc sont à mille lieues de penser aux bibliothèques même municipales. Mais tout de même, je suis tombée des nues : un enfant n'ayant pas même bénéficié de la magie des contes !?!? J'en viens à me demander si de tels enfants pourront réellement se débrouiller dans la vie de tous les jours. Quels horizons ? L'école doit former des citoynes, ce qui passe par la compréhension écrite. Or, ne lisant pas, dans le milieu où il se trouve, mon gamin a un manque criant de vocabulaire.  Et de façon générale, d'ailleurs, j'ai remarqué qu'en CM1, quelquefois aussi en CM2, les enfants en manquent ausssi, même sans être "en situation de handicap". La conséquence est que, si on ne fait rien, dans quelques années, on fera signer n'importe quoi à ces enfants devenus adultes. Cela me fait peur pour eux, dans un contexte où l'avenir peut être problématique, où la désinformation est grande, par exemple.

Peut-être que j'ai l'air de sauter du coq à l'âne, mais pour moi,tout est lié. L'enfant dont je parle est pourtant curieux, pose des questions, fait des efforts avec les moyens qu'il a. Mais sera-t-il armé pour le monde de demain ? Cela me rappelle un téléfilm que j'ai vu il y a quelques années, qui traitait des conséquences de l'illettrisme. Faute d'avoir su lire l'avertissement sur une machine, le personnage principal se blessait gravement et son illettrisme, tout à coup, sautait aux yeux de tous : son employeur, l'infirmière chargée de soigner sa blessure. Ce téléfilm, dont j'ai malheureusement oublié le titre, montrait qu'à la fin, une voie était possible (mais je me souviens que l'acteur principal était Kevin Azais).

Et si, dès le départ, nous pouvions donner une chance à tous ces enfants, à leurs parents, en leur donnant l'envie, le goût de la lecture ? L'école ne peut pas tout, même dans une classe spécialisée. Avant même d'arriver au CP, que les enfants voient des livres, même peu, que leurs parents soient en mesure de les aider, au moins de leur donner le goût de la chose écrite. A mon avis, c'est un immense service à rendre aux enfants. Allez, "Il était une fois..."

Claire M.